III.2. …mais une gestion qui n’est encore que partiellement globale

III.2.a. Des vocations difficilement compatibles

Si la charte d’objectifs de l’île témoigne d’une volonté de concilier les différentes fonctions du site, il demeure malgré tout un problème de compatibilité des usages, repérable dans les documents successifs produits par le Comité de pilotage et le SYMALIM, principal maître d’ouvrage du plan de mise en valeur de l’île (SYMALIM, 1993, Malavoi, 2000, Burgeap, 2001 et 2002)

Bien que l’on puisse s’inquiéter des conséquences potentielles à l’aval de la perte d’écrêtement et de l’accélération des vitesses en cas d’événement extrême, l’enjeu qui prévaut aujourd’hui est de fait l’alimentation en eau potable. Cette vocation a d’ailleurs récemment été désignée comme relevant d’une « stratégie prioritaire » à laquelle les autres fonctions doivent être subordonnées (Burgeap, 2002). Les champs captant de Crépieux-Charmy subviennent en effet aux besoins de la quasi-totalité du Grand Lyon, et le lac des Eaux Bleues constitue la réserve de secours en eau potable de Lyon en cas de pollution du Haut-Rhône (SEGAPAL, 1995). Or, la préservation de la qualité de la ressource en eau n’est pas facilement compatible avec le passage des crues dans l’île. En effet, les sédiments piégés dans les lacs détériorent la qualité des plans d’eau et les menacent d’eutrophisation (ibid.). L’amélioration du rôle tampon des lacs amont a été mis à l’étude pour limiter le dépôt de sédiments dans la réserve des Eaux Bleues (Burgeap, 2002). On envisage bien de restaurer le caractère inondable de l’île pour favoriser l’écrêtement et le maintien du milieu humide, mais cette mesure passe en second et se doit de ne pas accroître l’apport sédimentaire dans le Lac des Eaux Bleues. La réalisation de la seconde tranche de bassins de réalimentation de Crépieux-Charmy va même constituer une emprise supplémentaire sur le champ d’expansion des crues, emprise considérée comme négligeable compte-tenu de la prééminence de la vocation « eau potable ».