Conclusion

La plaine du Rhône à l’amont de Lyon se caractérise par une très forte sensibilité naturelle aux inondations, qui se comprend à la lumière des héritages géomorphologiques. On a vu qu’une partie de la plaine est redevenue inondable au cours du Petit Age Glaciaire du fait de l’expansion et de l’aggradation de la bande active ; les très basses terrasses sur lesquelles se sont à l’origine implantés les villages de Niévroz, Thil et Vaulx-en-Velin sont de ce fait redevenues inondables. Du fait de l’histoire de la dynamique fluviale, l’hydrosystème est très réactif à toute perturbation climatique ou anthropique. Cela se répercute sur la contrainte fluviale : il suffit d’une faible augmentation des hauteurs d’eau pour que le champ d’inondation s’étende de façon notable car les différences de niveaux hérités, qui jouent un rôle dans la géométrie du champ d’inondation, sont extrêmement faibles. C’est ce qui explique l’extension contemporaine du champ d’inondation en rive droite du canal de Miribel.

L’évolution dissymétrique du champ d’inondation relève d’une même logique de vulnérabilisation par les actions humaines. La gestion des inondations dans ce secteur est confrontée au problème de la prise en compte du temps et de l’espace et des interactions complexes entre l’hydrosystème et l’urbanisation. La rive droite du canal de Miribel, dans sa partie amont, souffre d’un phénomène de marge institutionnelle et subit une aggravation du risque qui n’a longtemps pas été comprise à sa juste mesure par les différents acteurs. Le développement des enjeux de ce territoire du fait de la périurbanisation laisse penser que ce secteur est en train d’être intégré dans la logique urbaine puisqu’on envisage désormais la protection du village de Thil. Mais la préséance reste cependant accordée aux intérêts du Grand Lyon, qu’il n’est pas question de compromettre. Là encore, la situation est complexifiée du fait même de l’urbanisation : la multiplication des fonctions urbaines dévolues à la plaine entraîne un problème de compatibilité des usages et de définition des priorités. A l’heure actuelle, il ne semble pas que la gestion des inondations soit l’enjeu primordial. La diminution de la capacité d’écrêtement de la plaine de Miribel-Jonage ne paraît pas inquiéter outre mesure les acteurs de la gestion. Si l’importance de restaurer le pouvoir régulateur de la plaine vis-à-vis des crues a été soulignée par l’Etude Global Rhône, elle n’est pas mentionnée par le PPRI du Grand Lyon qui vient d’être approuvé. Cette question n’aurait pas été relayée à l’échelle locale, ce qui tend à confirmer le peu d’inquiétude de Lyon vis-à-vis de ses fleuves, dont elle valorise la présence après les avoirs longtemps oublié. L’Etat et les régions ont certes remis la problématique des inondations sur le devant de la scène rhodanienne, mais Lyon semble tarder à sortir de son sommeil et à prendre au sérieux l’existence du risque. Celui-ci est difficile à appréhender du fait de l’interaction complexe des nombreux facteurs qui le déterminent, mais il n’en reste pas moins réel.