Me voilà parvenu au bout du chemin, qui aura duré… six ? sept ans ? Davantage ? Moi-même ne saurais le dire. En tout cas ce fut long, aussi, pour mes proches.
C’est donc par eux que je voudrais commencer ce rite des remerciements. Et tout d’abord, bien sûr, par Hélène. Bien que je sache combien mon manque de disponibilité put lui apparaître parfois "insoutenable", son soutien sans faille me fut précieux tout au long de ces années, lorsque le doute, parfois la lassitude, s’insinuaient, et a fortement contribué à ce que cette thèse devînt, je l'espère, "soutenable". C’est d’abord à elle que va ma gratitude.
Viennent ensuite mes enfants, Emmanuel, Olivier, Fabrice, Clotilde. Leur soutien à eux fut dans leur simple présence, qui fut façon de me permettre de m’échapper et de me reposer d’un travail si envahissant pour l’esprit. Qu’ils en soient remerciés. Cette thèse leur est aussi dédiée.
Je ne saurais omettre, bien sûr, dans mes remerciements, celui qui m'a accompagné tout au long de ces années, d’une manière à la fois discrète et attentive, Jean-Pierre Martin. Ses conseils furent toujours pertinents, ses critiques appropriées. Je n’oublierai pas nos journées lyonnaises, autour d’une table de restaurant ou chez lui. Nul doute que sans son intelligence de ma situation singulière ce travail n’aurait pu s’achever dans de bonnes conditions – s’achever, tout court ?
Je voudrais également remercier mes deux premiers lecteurs : mon père d’abord, qui m’a depuis longtemps donné le goût de la littérature. Il s’est attelé à la tâche, ingrate, d’une relecture très pointilleuse, à la virgule près, qui m’a été très précieuse.
Olivier Brafman ensuite, qui a su ne pas être freiné par l’amitié pour me faire de très fines remarques. Celles-ci m’ont à nouveau montré le caractère exceptionnel de ses qualités de lecture, et ont été stimulantes pour moi au moment de mettre la touche finale.
Enfin, je voudrais remercier ceux qui sont véritablement à l’origine de ce travail : tous ces écrivains dont j’ai entrepris de parler. Leur découverte (ou redécouverte) fut un événement, vécu à chaque fois comme un bonheur.
Mon double vœu : que l'événement devienne écrit. Et que l'écrit devienne événement
Michel LEIRIS
Mais il y avait trop de choses, le labyrinthe se développait, une multitude d’objets, une multitude d’endroits, une multitude d’événements, chaque pulsation de notre vie se décompose en milliards de fragments, que faire ?
Witold GOMBROWICZ
Nous parlons de la mystérieuse tragédie de l’accident de Chavez, dit G., des centaines de gens en ont été témoins, pourtant personne ne peut décrire ce qu’il a vu. Pourquoi ? Parce que c’était trop inattendu. L’inattendu est souvent indescriptible.
John BERGER
Pourquoi chercher un événement là où il n’y a rien ?
Max FRISCH
Ce fait qui est comme un clou fixant mon texte et l’empêchant de s’égarer
Michel BUTOR
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Respectivement : Leiris, cité par Annie ERNAUX, L'événement, Gallimard, 2000, p. 9. Gombrowicz, Cosmos[1963], trad. du polonais par G. Sédir, Folio Gallimard, 1989, pp. 113-114.Berger, G. [1972], trad. de l’anglais par E. Motsch, Ed. de l’Olivier, 2003, p. 204. Frisch, Homo Faber[1957], trad. de l’allemand par P. Pilliod, Folio Gallimard, 1989, p. 29. Butor, Degrés1960], L’Imaginaire Gallimard, 1978, p. 117.