Maupassant : l’eau, cette grande fugitive…

J’avais fait de l’auteur de Boule de suif l’un des modèles de ces nouvellistes dont les récits sont entièrement construits dans l’orientation vers leur fin. Mais c’est un "flâneur des deux rives"… Il est un autre Maupassant.

Un de ses bords serait « ferroviaire », selon Alberto Savinio – et ici revient l’esthétique romanesque analysée dans la première partie 1479 . Il s’agit de ces nouvelles si pressées d’en finir :

‘« L’esprit des contes de Maupassant est lui aussi ferroviaire. Les contes de Maupassant roulent comme des trains. A dire la vérité, exactement comme ceux-ci, ils ont de la peine à se mettre en marche, et dans l’entrée en matière qui commence chaque conte, on entend haleter la vapeur et l’on sent l’effort des bielles. Mais finalement ils démarrent et alors, avec leur rythme pressé mais dur, ils n’ont d’autre hâte que d’arriver à la fin de leur trajet. Arriver : unique but des contes de Maupassant. » 1480  ’

Prenant la métaphore à la lettre, on constatera que bon nombre de nouvelles "durent" le temps d’un trajet en train, ou le temps d’un arrêt, prévu ou imprévu (Un duel, Rencontre, Idylle, Enragée, Les Sœurs Rondoni, L’infirme, La peur, Le rosier de madame Husson, ç a ira, En wagon… liste sûrement pas exhaustive). Ici l’événement romanesque est concentré, dans le même temps que le récit se concentre sur lui.

Pourtant, Maupassant, en digne fils de Zola et de Flaubert, fait sienne la vulgate naturaliste. Sa profession de foi de la préface de Pierre et Jean est explicite : refus de l’événement pour l’événement et volonté affichée de neutralité : « Le nombre des gens qui meurent chaque jour par accident est considérable sur la terre. Mais pouvons-nous faire tomber une tuile sur la tête d’un personnage principal, ou le jeter sous les roues d’une voiture, au milieu du récit, sous prétexte qu’il faut faire la part de l’accident ? » Refus également de l’extraordinaire : « si le romancier d’hier choisissait et racontait les crises de la vie, les états aigus de l’âme et du cœur, le romancier d’aujourd’hui écrit l’histoire du cœur, de l’âme et de l’intelligence à l’état normal 1481  ». Le romancier-observateur auquel, malgré les apparences, Maupassant s’assimile se doit d’être impartial : « les partisans de l’objectivité (quel vilain mot !) prétendent nous donner la représentation exacte de ce qui a lieu dans la vie, évitent avec soin toute explication compliquée, toute dissertation sur les motifs, et se bornent à faire passer sous nos yeux les personnages et les événements 1482  ». Condamnation enfin des afféteries et du pédantisme fin de siècle des "décadents", du symbolisme :

‘« Il n’est point besoin de vocabulaire bizarre, compliqué, nombreux et chinois qu’on nous impose aujourd’hui sous le nom d’écriture artiste, pour fixer toutes les nuances de la pensée. […] Ayons moins de noms, de verbes et d’adjectifs aux sens presque insaisissables, mais plus de phrases différentes, diversement construites, ingénieusement coupées, pleines de sonorités et de rythmes savants. Efforçons-nous d’être des stylistes excellents plutôt que des collectionneurs de termes rares » 1483

Maupassant lui aussi se veut "savant" – mais non dans le vocabulaire. C’est ainsi que la fameuse Préface de Pierre et Jean est aussi, à la suite du modèle flaubertien, une profession de foi concernant le style 1484 . La platitude de certaines existences, l’évanescence des événements, la réduction de l’intrigue 1485 , tout cela ne peut pas être disjoint d’un Maupassant préoccupé d’abord de questions d’écriture et de rythmes.

Quelle est la traduction narrative de ces principes ? Ce que Chevrel nomme les « nouvelles-chroniques 1486  », ces récits où se font entendre des « voix secondes » : descriptions, portraits, tableaux de mœurs, dialogues sans but, où l’ancilla narrationis s’affranchit de sa servitude. Pour Sylvie Thorel-Cailleteau, ce type de nouvelles « apparaît autant comme un laboratoire du roman que comme une ellipse du romanesque dont elle marquerait le deuil, dont elle désignerait l’absence 1487  ». Dans ce laboratoire, le romanesque tendrait à se diluer dans un récit de plus en plus évanescent où la trame anecdotique s’évanouirait…

Tel serait le tropisme "aquatique" de Maupassant, second pôle de son idiosyncrasie. Savinio 1488 parle d’« hydromanie » et de « dipsomanie », de l’« aquatisme » de ces nouvelles où l’événement ne change guère le cours des choses, où le romanesque se dissout dans une eau paresseuse, qui s’épand sur le récit, en rend les formes indistinctes, nouvelles "aquatiques" baignées d’une sensualité à la fois chaude et humide qui imprègnent les personnages, comme la mère et la fille d’Une partie de campagne.

Henri Michaux, le peintre, voit l’eau de l’aquarelle effacer progressivement son dessin – et son dessein : « cette soustraction […] embrouillant absurdement mes traits d’abord sûrs, qui partent à la nage de tous côtés, entraînant mon sujet vers un flou qui ne cesse de se dilater, ou de déraper, surface de dissolution, de divergence et de distorsion, en route vers une re-absurdité qui me laisse béant sur la rive 1489  ». De la même façon, chez ce second Maupassant, tout se passe comme si l’élément liquide estompait les contours du narratif 1490 . Comme si « l’eau pure » de la langue française, qui « ne se laisse pas affaiblir, obscurcir ou corrompre 1491  », affaiblissait, obscurcissait, corrompait le récit…Nouvelles-chroniques ? Nouvelles-aquarelles aussi bien, où le peu qui se passe se perd dans l’eau langoureuse et dérivante, nouvelles qui sont écrites « comme on pense quand le flot vous berce, vous engourdit et vous promène 1492  »…

L’élément liquide, c’est essentiellement celui des rivières et des ruisseaux du bocage normand, qui serpentent, amollis, au milieu des prés et des rangées de peupliers. Certaines nouvelles illustrent bien cette manière qu’a l’aquatique de corrompre le ferroviaire, de ralentir le récit, jusqu’à l’immobilité. Du mouvement, de l’événementiel du second on glisse aux langueurs mortifères du premier. Dans Le rosier de Madame Husson, c’est un accident de chemin de fer qui détourne le récit et l’arrête. Le narrateur, bloqué à Gisors, y retrouve Albert Marambot, un de ses anciens camarades. Celui-ci entreprend de lui faire la chronique, vaine et vaniteuse, de sa petite ville. Patrick Wald Lasowski écrit : « Marambot parle, n’en finit pas de parler.[…] Le sobre Maupassant, si soucieux d’ordinaire de la plus stricte économie dans l’écriture de ses contes, a choisi de se laisser emporter. Et la nouvelle s’augmente, s’enfle de digressions successives.[…] Jamais l’anecdote – le cœur, le noyau du récit – n’a été, dans l’œuvre de Maupassant, si largement, si longuement débordé par le texte 1493  ». Comme si le déraillement était aussi celui du texte, qui se termine sur la rive de l’Epte. On était parti en train, le récit "s’achève", inconclusif, définitivement noyé dans une dernière évocation, celle d’Henry Monnier, qui « fut un des pêcheurs les plus assidus des bords de l’Epte 1494  ».

Cette opposition de deux Maupassant se retrouve dans les deux grands romans. La vie parisienne de Duroy, le Bel-Ami, commence directement sous des auspices ferroviaires : il est d’abord employé du chemin de fer du Nord, sa chambre donne sur « l’immense tranchée du chemin de fer de l’Ouest, juste au-dessus de la sortie du tunnel, près de la gare des Batignolles », et ses premières tentatives de rédaction d’articles sont rythmées par les passages furieux des trains de banlieue 1495 . Duroy est ensuite soumis à tous les tressautements, à toutes les agitations mondaines et journalistiques, et sa vie n’est qu’un mouvement uniformément accéléré jusqu’à l’apothéose finale du grand mariage, sommet de sa réussite.

Quoi de plus éloignée de cette vie trépidante que celle de Jeanne, l’héroïne d’Une vie ? Elle débute sous le signe de l’averse et de « l’humidité qui pénétrait au-dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier ». Le temps gris qui détrempe la campagne normande embrume tout le roman. Ce désenchantement, humide « comme le pressentiment des longs ennuis de la vie monotone » qui va suivre son mariage, s’appesantit sur Jeanne. Sa vie s’écoule, morne, rythmée par les promenades auprès de ces étangs amollis qui bordent les propriétés de ces petits nobles provinciaux, eux aussi si vides, si creux… Jeanne est si loin de ses rêves, de « l’Attendu », autre nom de l’Espéré. Elle est abandonnée de son mari, de son fils, de tous les siens. Chaque « journée s’écoule à l’ordinaire ». Tout dit le désœuvrement, la vacuité de l’existence : « elle s’aperçut qu’elle n’avait plus rien à faire, plus jamais rien à faire.[…] Elle sentait tout cela vaguement à une certaine désillusion, à un affaissement de ses rêves 1496  ». A l’approche de la mort, elle tente de recomposer sa vie, observe la façon dont elle s’est défaite, dont elle fut dissoute par les brouillards qui n’ont cessé de l’entourer 1497

Et la mort, là encore, est liée de manière intime à l’eau profonde et noire des étangs, qui ne ressemble guère à celle de la mer hauturière des récits d’aventures, à celle des tumultes hugoliens des Travailleurs de la mer ou de Quatre vingt treize, aux eaux puissantes et inondantes de Zola, aux tempêtes de La mer de Michelet. L’eau de Maupassant se « stymphalise », selon le mot de Bachelard 1498 . Stagnante, lourde, elle est « cette grande fugitive 1499  » qui défait la narration. Avec elle le récit se perd dans la vacuité et l’absence d’événements, il écrit sa propre déliquescence, meurt au fur et à mesure de son avance. On n’est pas très loin de certaines « paludes »…

L’eau qui baigne les nouvelles "aquatiques" de Maupassant devient le symbole de la dissolution progressive du récit. Contre sa propre doctrine, le naturalisme s’y détache de plus en plus de la réalité. Tout semble voué à disparaître : les personnages, silhouettes qui s’estompent dans le brouillard, finissant par ne plus se différencier les uns des autres – ni du paysage déliquescent qui les environne ; les actions et les événements, engourdis, peu à peu évanouis dans les digressions et l’atmosphère générale de rêve incertain qui baigne ces nouvelles. Et finalement la causalité si tranchée des actions et des événements dans le naturalisme, sur fond d’hérédité, d’atavisme, de déterminismes sociaux et biologiques, elle aussi se perd dans ces récits foncièrement "désorientés"…

A la suite de ce Maupassant-là, nous aurions pu suivre la lente dissolution du naturalisme dans la fumée évanescente qui s’échappe du fume-cigarette de Des Esseintes, cultivant la vacuité jusqu’au raffinement. Nous aurions pu observer sa disparition progressive dans la quête un peu vaine du mot rare, dans l’efflorescence d’un vocabulaire de plus en plus précieux, pendant des subtilités mallarméennes. Ou évoquer le radicalisme d’un Edmond de Goncourt, dont le dernier roman, Chérie, « est sans doute celui où l’écrivain s’oriente le plus délibérément vers des recherches d’ordre formel 1500  ». Ou encore explorer les territoires un peu desséchés de ces écrivains "fin de siècle" qui se nomment eux-mêmes "décadents" 1501

Mais j’ai préféré faire un bond jusqu’à Kafka et Joyce. Dans l’"histoire" que j’esquisse ici à grands traits, je privilégierai les plus grands écrivains qui se saisissent tour à tour du "témoin" dans chacune des voies que nous distinguons. Si, comme le suggère Nathalie Sarraute, la littérature est une « course de relais jamais interrompue 1502  », alors je propose de faire des auteurs du Procès et d’Ulysse des héritiers de ce naturalisme "finissant", des successeurs du Maupassant "aquatique".

Notes
1479.

Michel BUTOR parle également du « suspens » caractéristique de « la littérature chemin de fer qui insiste sur la suite des événements », dont les modèles seraient Dumas et Sue (Improvisations sur Flaubert, Op. Cit., p. 33).

1480.

Alberto SAVINIO, Maupassant et l’ «Autre »[1944], suivi de Tragédie de l’enfance et de C’est à toi que je parle, Clio, trad. de l’italien par M. Arnaud, Gallimard, 1991, p. 38. La « peine à se mettre en marche » est souvent liée au procédé du "récit homodiégétique à focalisation externe", selon la catégorisation de Gérard Genette, dont Maupassant use abondamment. Ce que Savinio caractérise ainsi : « Presque tous les contes de Maupassant se composent d’une chambre, laquelle est le conte proprement dit, et d’une antichambre précédant le conte et, en un certain sens, le préparant » (p. 43). A remarquer que Maupassant et l’ « Autre », la nouvelle de Savinio elle-même, est d’abord "ferroviaire" (son héros prend le train pour Paris), puis se perd rapidement dans les méandres d’un essai sur Maupassant. Où la forme "essai" absorbe et immobilise la forme "nouvelle" – sans pour autant devenir "aquatique"…

1481.

Pierre et Jean, Préface, Op. Cit., pp. 16 et 15.

1482.

On peut rapprocher cette déclaration d’intention de Maupassant, datant de 1888, de ce qu’écrivait en 1881 le critique italien L. Capuana (il rendait compte des Malavoglia, le roman de Verga) : « Le positivisme, le naturalisme ont exercé une influence réelle et radicale sur le roman contemporain, mais seulement sur la forme, et cette influence se traduit dans l’impersonnalité parfaite d’œuvres d’art de ce genre » (cité par Chevrel, « Vers une histoire du Naturalisme dans les littératures de langues européennes ? », in Zola sans frontières, Op. Cit., pp. 121-137. Note 29, p. 131).

1483.

Pierre et Jean, Préface, Op. Cit., p. 23.

1484.

Selon Maupassant, si Flaubert « croyait au style, c’est-à-dire à une manière unique, absolue, d’exprimer une chose dans toute sa couleur et son intensité » (Préface aux Lettres de Flaubert à G. Sand[1884], in Chroniques, 10/18, t. III, 1980, p. 111), c’est « que tout procède de la qualité de l’observation, de la façon dont l’écrivain cherche à percevoir l’originalité absolue de tout phénomène, si mince soit-il » (Chevrel, Op. Cit., p. 163).

1485.

Cette « ficelle unique qui avait nom : l’Intrigue » (Préface, Pierre et Jean, Op. Cit., p. 108).

1486.

A propos de Maupassant et de la nouvelle en général : « entre l’anecdote à l’emporte-pièce et la méditation sur la destinée humaine, entre le pur factuel et le pur fictionnel, la forme courte de la nouvelle-chronique est un des "genres" les plus susceptibles d’accueillir l’art naturaliste » (Chevrel, Le naturalisme, Op. Cit., p. 89).

1487.

Sylvie THOREL-CAILLETEAU, La tentation du livre sur Rien. Naturalisme et Décadence, Mont-de-Marsan, Editions Interuniversitaires, 1994, pp. 253-254. Elle cite, parmi « ces nouvelles de Maupassant où le fond passe au premier plan », Jour de fête, Misère humaine, Une opinion publique, La peur. J’ajouterai Rencontre, Un parricide…

1488.

Maupassant et l’ « Autre », Op. Cit., p. 60 et 62. Algernon .J. GREIMAS, dans son étude des Deux amis montre que « la figure de l’Eau exerce toutes les fascinations ». Elle est synonyme de repos et de paix – avant que le Ciel ne soit celui de l’horreur et de la mort (Maupassant. La sémiotique du texte : exercices pratiques, Seuil, 1976).

1489.

Henri MICHAUX, « Phénomène de la peinture », Passages, O.C. II, Pléiade Gallimard, 2001, p. 330. Le poète parle de la « dérivation de la ligne de (son) dessin dans l’eau et l’infiltration qui gagne partout ».

1490.

Alain BUISINE, qui oppose également les Maupassant "ferroviaire" et "aquatique" (Cf. « Paris – Lyon – Maupassant », in Maupassant, Miroir de la nouvelle, Op. Cit., pp. 17-38), met le premier sous le signe de Zola, ce qui paraît aller de soi. Mais mettre le second, comme il le fait, dans la lignée de l’"ermite de Croisset", sur les bords de la Seine, me semble beaucoup plus problématique : comment concilier les fureurs flaubertiennes aux langueurs des "nouvelles-aquarelles" ?

1491.

Préface, Pierre et Jean, Op. Cit., p. 24.

1492.

Sur l’eau. Journal de voyage[1888], Livre de poche, 1972, p. 5 : « Ce journal ne contient aucune histoire et aucune aventure intéressantes. Ayant fait au printemps dernier, une petite croisière sur les côtes de la Méditerranée, je me suis amusé à écrire chaque jour ce que j’ai vu et ce que j’ai pensé. En somme, j’ai vu de l’eau, du soleil, des nuages et des roches – je ne puis raconter autre chose – et j’ai pensé simplement, comme on pense quand le flot vous berce, vous engourdit et vous promène ».

1493.

Préface, Le rosier de Madame Husson[1888], Livre de Poche, 1984, pp. 7-8.

1494.

Même fonctionnement dans Madame Baptiste : deux heures d’attente pour le train, déambulation dans les rues de Loubain, où le narrateur finit par suivre un enterrement. C’est celui, il l’apprend à la fin de la nouvelle, d’une désespérée qui s’est jetée dans la rivière. Buisine commente : « Dès que la circulation ferroviaire se ralentit ou, pire encore, s’arrête complètement, […] le texte sort de ses rails pour bientôt se retrouver dans les toujours mortifères parages de l’aquatique, souvent même se dévoie au sens où il dévie de sa superbe rectitude diégétique. Une nouvelle qui ne part pas à l’heure, qui dès son incipit prend du retard, ne manquera jamais, semble-t-il, d’en revenir à la fascination de l’eau » (Ibid., p. 29).

1495.

Bel-Ami[1885], Folio Gallimard, 1986, pp. 65-66.

1496.

Une vie[1883], Librio, 2002, pp. 5, 40, 49, 60-61.

1497.

« Mais les années suivantes lui semblaient se perdre dans un brouillard, se mêler, enjamber l’une sur l’autre » (Ibid., p. 180).

1498.

« Parfois la pénétration est si profonde, si intime que, pour l’imagination, l’étang garde en plein jour un peu de cette matière nocturne, un peu de ces ténèbres substantielles. Il se "stymphalise". Il devient le noir marais où vivent les oiseaux monstrueux, les stymphalides […] qui se repaissent de chair humaine » (L’eau et les rêves, Op. Cit., p. 137).

1499.

Savinio, Maupassant et l’"Autre", Op. Cit., p. 63. « Dans tout cet "aquatisme" ne brille pas un seul regard singulier, ne retentit pas une seule voix qui nous fasse tourner la tête, ne résonne pas un seul accent qui demeure dans notre mémoire ». Et Savinio ajoute : « La phrase, le mot de Maupassant servent sur le moment et tout de suite après meurent » (p. 62 et note 70, p. 104).

1500.

Chevrel, Op. Cit., pp. 154 et suiv. Avec Chérie, écrit l’historien du naturalisme, « à certains moments on n’est pas loin de l’écriture qu’affectionneront les nouveaux romanciers français de la deuxième moitié du XXe siècle », notamment avec le faire-part de décès en guise de dernier chapitre, le "règlement de vie" de l’héroïne (chap. XXXIII), les lignes de points et les rébus (chap. XLIV), l’énumération des bals de l’hiver à Paris (LXVI), etc. (voir également la reproduction du tableau tarifé des suppléments de cantine achetables par les détenues dans La fille Elisa).

Dans le domaine allemand, Chevrel cite Hauptmann, mais surtout Papa Hamlet, nouvelle de A. Holz et J. Schlaf, dans laquelle la remise en cause de l’écriture fictionnelle classique est la plus radicale, et anticipe les « montages et collages qui se répandront dans les années 1920, voire des tentatives du genre de celles de Raymond Queneau dans Cent mille poèmes [sic] » (pp. 89-90).

1501.

Le livre de S. Thorel-Cailleteau (La tentation du livre sur Rien, Op. Cit.) fait le point sur ces questions.

1502.

L’ère du soupçon, Op. Cit., p. 42. Pour Nathalie Sarraute, l’auteur du Procès serait celui qui saisit le témoin des mains du Dostoïevski des Carnets du sous-sol, ce précurseur des recherches "tropismiques", on l’a vu.