La plante

Le cannabis ou chanvre est une plante dicotylédone herbacée proche du houblon 9 , 10 . Elle appartient à la famille des cannabinacées. La plante est le plus souvent dioïque : il existe des pieds mâles et des pieds femelles distincts, les pieds mâles étant plus fins et moins grands que les pieds femelles. Il existe aussi des variétés dont les pieds portent à la fois les fleurs mâles et les fleurs femelles.

Dans des conditions de culture optimale, les plantes peuvent atteindre 3 à 4 mètres de hauteur alors qu'il existe des variétés qui font seulement 60 cm. Les feuilles de la partie inférieure et médiane de la tige sont caractéristiques. Elles sont coupées en palme de cinq à sept segments inégaux, eux-mêmes de forme caractéristique elliptique avec des bords dentés. Elles sont de couleur verte plus ou moins foncée. Les feuilles de l'extrémité supérieure de la tige sont simples ou divisées au mieux en trois segments. Les fleurs mâles sont moins voyantes alors que les fleurs femelles sont groupées et drues, entremêlées de bractées. Après fécondation, les fleurs évoluent en un fruit livrant des graines qui constituent le chènevis.

Différentes variétés : Il existe trois variétés différentes de chanvre : cannabis sativa, cannabis indica et cannabis ruderalis. Cependant, les différences morphologiques qui existent ne sont pas suffisamment tranchées et stables pour qu'il soit possible de distinguer les formes en espèces véritables. Alors que la littérature et le discours populaire distinguent un chanvre « textile » et un chanvre « indien », il n'existe qu'un seul chanvre se présentant de façon plus ou moins riches en fibre ou en résine. En fait, toutes ces espèces ne seraient qu'une variante du cannabis sativa décrite en 1753 par Carl Von LINNÉ 11 .

Le chanvre à fibres : Il est cultivé en climat tempéré. C'est un végétal dont la culture est délaissée pour des raisons économiques (cela réclame de la main-d’œuvre) et des raisons politiques à la suite de la campagne prohibitionniste menée aux États-Unis dans les années 30. Les fibres, après trempage dans l'eau et filage servent à la fabrication des voiles et des cordages pour la marine mais aussi pour la réalisation de vêtements d'où la dénomination de chanvre « textile ». Elles ont été utilisées pour la fabrication des semelles des espadrilles, des jeans, des toiles des peintres, du « canevas » des brodeuses. Les fibres permettent obtention de papier très fin : papier « bible », papier à cigarettes, billet de banque. Ce dernier usage est le principal de la production française actuelle. La culture française est soumise à un contrôle du ministère de l'Agriculture et fait l'objet d'un contrat entre l'État, le producteur et l'utilisateur des fibres. Elle est de 10 000 hectares aujourd'hui.

La graine du chanvre (chènevis) contient 25 à 35 % d'une huile riche en ester d'acides gras poly insaturés. Elle est utilisée dans les peintures et en cosmétologie. Elle contient également 25 % de protide. Elle ne contient pas de cannabinoïdes. On peut également utiliser pour la nourriture du bétail, comme aliment pour les oiseaux ainsi que comme appât de pêche. Pour l'anecdote, on peut fabriquer un beurre de chènevis très nourrissant.

Le chanvre à résine dit « indien » : Il ne sert pas au même usage agricole à cause de la brièveté de ses fibres. Il sécrète en revanche une quantité plus ou moins importante de « résine » lui permettant de résister dans les zones chaudes. Extrêmement riche en produits chimiques, cette résine contient notamment des substances appelées cannabinoïdes. L'une d'entre elles, le tétrahydrocannabinol (Δ 9 THC), à un très fort pouvoir sur le système nerveux central. D'autres substances seraient actives à l'égard de diverses pathologies somatiques ce qui explique l'intérêt manifesté de longue date pour cette plante. À maturité, les pieds femelles contiennent deux fois plus de résine que les pieds mâles. Les plans femelles produisent à peine plus de résine que les pieds mâles et la période de croissance végétative est relativement prolongée.

Comme nous l'avons déjà signalé, la différence entre les formes à fibres et à résine n'est pas toujours très nette. La teneur en T. H. C. constitue un des critères de sélection. Les variétés semées en France contiennent en moyenne 0,03 % de T. H. C. avec une limite légale, désormais européenne, de 0,3 % rapportés à la matière sèche.

Notes
9.

RICHARD, (D.), SENON (J.-L.), Le Cannabis, Coll. Que sais-je ?, Paris, PUF, 2002, 126 p.

10.

CHOLLET – PRZEDNOWED, (E.), Cannabis : le dossier, Coll. Le Monde actuel, Folio, 2003, 274 p.

11.

VON LINNÉ, (C.), Species Plantarum, 1753.