Pour H. CHABROL et al 49 , le but de cette enquête était d'évaluer les relations entre la fréquence et les modes de consommation du cannabis, les représentations concernant le cannabis et la dépendance, dans un échantillon d'adolescents. Les auteurs soulignent que les études concernant la dépendance au cannabis sont rares en France même si le sujet commence à être étudié. De même, ils soulignent et cela constitue un des intérêts de l’article pour nous que 50
Les auteurs ont fait l’hypothèse que la dépendance au cannabis était plus fréquente chez les usagers réguliers et en particulier chez les utilisateurs du « bang ». Ils ont également fait l’hypothèse que les représentations du cannabis permettraient de distinguer les consommateurs et les sujets dépendants.
La méthode utilisée fut une enquête par questionnaires, réalisée en 2001, auprès d'un échantillon de 285 lycéens (163 garçons, 122 filles ; âge moyen = 17,5 ± 1,1 ans). Ont été évalués la consommation de cannabis, les symptômes de dépendance avec un questionnaire dérivé de la version française du Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI), et les représentations concernant le cannabis avec le questionnaire de croyances pour toxicomanies de TISON et P. HAUTEKEETE 51 . Ce questionnaire a été élaboré à partir de l’hypothèse de A. BECK et al 52 qui lie la consommation de substances psychoactives à trois types de croyances :
Des représentations anticipatoires reflétant les attentes de plaisir liées à la drogue.
Des attentes de soulagement d’un malaise psychologique.
Des représentations permissives reflétant la représentation de la drogue comme dénuée de risques et de danger.
Le mot « drogue » a été remplacé par « haschich » dans le questionnaire. Il comprend 30 items, dix pour chacune des trois catégories de représentations.
Anticipatoires (A). Exemple : Pour passer un moment agréable, on peut fumer du haschich.
Soulagement (S). Exemple : Le haschich fait baisser l’anxiété et permet de se relaxer.
Permissives (P). Exemple : Ce n’est pas dangereux de fumer du haschich.
Le questionnaire permet de calculer un score pour chacune des trois catégories de représentations. Le coefficient α de Cronbach (0,87) a montré une consistance élevée dans l’échantillon.
CHABROL, (H.), MASSOT, (E.), MONTOVANY, (A.), CHOUICHA, (K.), ARMITAGE, (J.), « Modes de consommation, représentations du cannabis et dépendance : étude de 159 adolescents consommateurs », Archives de Pédiatrie 2002 ; 9 (8) : 780-8.
LECRUBIER, (Y.), SHEEHAN, (D. V.), WEILER, (E.) et al., “The Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI), a short diagnostic structured interview: reliability and validity according to the CIDI”, European Psychiatry, 1997, 12, 224-31.
TISON (P.), HAUTEKEETE (M.), « Mise en évidence de schémas cognitifs dysfonctionnels chez des toxicomanes », Journal de Thérapie Comportementale et Cognitive, 1998, 2, 43-9.
BECK, (A.), WRIGHT, (F.), NEWMAN, (C.), Cognitive Therapy of Substance Abuse; New York: Guilford Press (1993).