Contexte scientifique :

Le concept d’addiction

Du retour de l’histoire ancienne.

‘« Le terme d’addiction est un vieux vocable français trouvant son étymologie dans le terme latin ad-dicere : « dire à » au sens de donner, d’attribuer quelqu’un à quelqu’un d’autre en esclavage, si bien que l’esclave était ad dictus, « dit à » tel maître… 66  »’ ‘« Addico, comme verbe, signifie adjuger la personne au débiteur créancier.’ ‘Addiction, comme substantif, indique le penchant ou l’attachement d’une personne à quelque chose. Addicté comme adjectif se réfère à une personne encline à une pratique ou de conduites bien définies.’ ‘Dans l’ancienne République Romaine, un « addictum » (addicté) était un esclave pour dette. L’addicté apparaît comme celui qui volontairement et fatalement est destitué et ramené à une condition inférieure et, comme celui qui a perdu son identité et qui a pris une identité mal appropriée, parce que c’était l’unique moyen possible pour payer sa dette… ’ ‘Ainsi, l’addiction désignait, en droit romain ancien, la contrainte par corps de celui, qui ne pouvant s’acquitter de sa dette, était mis à la disposition du plaignant par le juge. Celui qui n’était pas parvenu à gérer convenablement ses propres obligations, se voyait condamné à payer, avec son corps et par son comportement, le manque de pertinence de ses systèmes de pensées et d’actions.»’ ‘Ce terme d’addiction semble remplacer à la fois les termes de toxicomanie, assuétude, dépendance ou encore penchant, manie mais aussi accoutumance, contrainte, habitude. Il n’est pas très clair car on peut difficilement préciser si la contrainte s’exerce par le sujet sur le corps ou si un objet extérieur par son manque vient contraindre le sujet et/ou le corps. Ce qui fait l’originalité (et la difficulté d’appréhension) des conduites addictives est qu’elles recouvrent de nombreux secteurs qui dépassent la pathologie concernant l’abus de substances ou les pratiques abusives d’une activité pour renvoyer également selon JL. PÉDINIELLI 67 à « l’esclavage », «l’aliénation », « l’emprise », « le penchant », « la passion », ... Elles suggèrent une idée de « don de soi », de jouissance, d’ardeur, mais aussi de crispation, de centration et d’enfermement du sujet autour d’un être ou d’une chose. On peut penser que ce terme renvoie à ce qu’O. FÉNICHEL 68 appelait les « Toxicomanies sans drogue ». Il entendait sous le terme d’addiction «  »’

Nous allons tenter de démêler les fils de cet écheveau.

Notes
66.

FERNANDEZ, (L.), SZTULMAN, (H.), Approche du concept d’addiction en psychopathologie. Annales Médico-Psychologiques, 155(4), 1997, 255-265

67.

PÉDINIELLI, (J. L.), Clinique des conduites addictives, Psychologie Médicale, 17/12, 1985, 1837-1839.

68.

FÉNICHEL, (O.), La théorie psychanalytique des névroses. Presses Universitaires de France, Paris, 1945.