Principes d’intervention dans la prévention du cannabis

Il n’existe pas de dispositif centralisé qui pourrait nous permettre de dresser un tableau local des actions de prévention. Nous nous intéressons donc aux principes 85 généraux qui ont présidé aux actions de prévention. La grande loi du 31 décembre 1970 concernant la toxicomanie ne prend pas en compte l’aspect de la prévention. De rares textes et quelques circulaires de l’éducation nationale évoquent cependant ce sujet 86 . Ces dernières années ont vu l’apparition d’un bornage plus précis de ce domaine. Le Plan gouvernemental 87 de lutte contre les drogues illicites, le tabac et l’alcool 2004 – 2008 est centré sur la prévention du cannabis laquelle semble au cœur des occupations du gouvernement arrivé aux affaires en 2002.

Deux types d’actions coexistent selon le lieu où elles se déroulent.

La première concerne le cadre scolaire. Beaucoup s’accordent à penser qu’il s’agit du cadre privilégié pour délivrer aux publics les plus jeunes des informations susceptibles d’induire chez eux des comportements favorables leur santé. On peut dire que jusqu’à la fin des années 1990, il n’y avait pas de parole institutionnelle univoque sur les objectifs et les méthodes de prévention. L’abstinence était l’objectif implicite des mesures préventives liées aux drogues illicites. Le but en était de retarder l’usage ou l’abus de drogues en favorisant une approche globale en population générale en faisant le pari que chacun des individus présentait le même risque général face aux problèmes. Le rappel à la loi et l’information sur les risques sanitaires dans un contexte magistral propre agricole en France ont été longtemps des méthodes privilégiées. La seconde de méthodes concerne une prévention plus sélective menée dans les quartiers dits « en difficulté ».les actions sont confiées à des intervenants en en prévention l’issue du secteur associatif. Ceux-ci sont amenés à aller au-devant des personnes confrontées au problème de l’usage de cannabis. Les approches sont plus personnalisées et dépassent la prévention pour être plus actives. Ces approches sont le reflet du plan 88 gouvernemental adopté en 1999. Ce plan a eu le mérite de clarifier les fondements début de la prévention notamment grâce à l’éclairage du rapport du Professeur Parquet 89 .

Son rapport met en avant qu’une politique qui vise uniquement l’abstinence met de côté des consommateurs qui continuent de consommer malgré les interdits les privant ainsi d’une prise en charge possible. Cette approche n’était plus seulement axée sur le fait de contrer les usages en retardant ou évitant les premières consommations mais privilégie la notion de réduction des risques en travaillant pour éviter le passage à des comportements plus dommageables. Ce plan a introduit une approche dite globale visant à travailler à partir des comportements d’usage, les facteurs de risque de protection plutôt que de se centrer sur les produits. Cette approche qui semblait bien convenir à certains acteurs de terrain a été quelque peu remise en cause par le plan gouvernemental 2004– 2008 qui revient à une approche plus centrée sur les produits. Cette nouvelle approche apparaît plus lisible pour d’autres acteurs.

Nous aurons l’occasion d’y revenir mais il s’agit réellement d’une modification essentielle à la fois dans la compréhension du phénomène addictif et dans la prévention qui en découle. L’approche « produit » a manifestement comme corollaire un aspect permettant plus facilement la communication en direction de la population et semble mieux se prêter à une évaluation chiffrée (ceci restant toutefois encore à prouver).

Le plan gouvernemental 2004 – 2008 réaffirme les objectifs de prévention mais tient compte « des caractéristiques propres de chaque produit, des déterminants des conduites et des phénomènes culturels et générationnels ». Il existe donc que dans ce plan un programme spécifique concernant cannabis qui vise à modifier la perception des risques en soulignant les implications sur le plan social et psychosocial en mettant en avant les influences néfastes de résultats scolaires, les relations affectives mais également sur la santé. Ce plan met en avant une volonté politique de se centrer sur les drogues plus communément consommées par le public jeune et en particulier de cannabis. Le plan suivant 90 visant la période 2007 – 2011 s’occupant de prise en charge et de prévention des addictions et qui fut adopté en novembre 2006 par le ministère de la santé propose une prise en charge globale du problème des addictions en général.

‘Ces différentes tentatives ont néanmoins le mérite d’avoir fait progresser quelques idées auprès des acteurs non spécialisés. On citera l’exemple qui est donné dans le chapitre concernant la « Prévention et les dispositifs d’écoute et de soutien » dans l’ouvrage « Cannabis, données essentielles » déjà cité : il faut mettre en avant «  ».’

Ces vœux pieux ne doivent pas faire oublier néanmoins que l’État demeure assez réservé sur les modalités d’intervention et leur financement. En effet, les acteurs concernés ne semblent pas encore être familiers avec la plupart des concepts énoncés. Cependant, les choses avancent puisque un guide d’intervention en milieu scolaire 91 a fait son apparition en 2006.

Notes
85.

MUTATAYI, (C.), DIAZ GOMEZ (C.), La prévention et le dispositif d’écoute et de soutien in Cannabis, données essentielles sous la direction de Jean-Michel Costes, Paris, O. F. D. T., 2007, pp 114 – 122.

86.

Code de la santé publique (L 1411 – 5 et L 1411 –6), code de l’éducation (L. 541 – 3), loi de santé publique numéro 2004 – 806 du 9 août 2004)

87.

MILDT, Plan gouvernemental de lutte contre les drogues illicites, le tabac et l’alcool : 2004-2008, Paris, Mildt, 2004, 76 p.

88.

MILDT, Plan triennal de lutte contre la drogue et de prévention des dépendances 1999-2000-2001, Paris, La Documentation française, coll. « Rapports officiels », 2000, 226 p.

89.

PARQUET, (P.J.), Pour une politique de prévention en matière de comportements de consommation de substances psychoactives, Vanves, CFES, coll. « Les dossiers techniques », 1997, 107 p.

90.

La prise en charge et la prévention des addictions : plan 2007-2011, Paris, ministère de la Santé et des Solidarités, 2006, 19 p.

91.

DESCO (Direction de l’enseignement scolaire), MILDT, Prévention des conduites addictives. Guide d’intervention en milieu scolaire, Lyon, CNDP, coll. « Repères », 2005, 84 p.