La prise en charge dans les CSST

Ces CSST créés dans les années 70 avaient pour but d’accueillir de façon anonyme et gratuite les consommateurs de drogues illicites et donc de cannabis. Les résultats d’une enquête menée assez régulièrement sur les personnes venues consulter dans ses structures montrent que le nombre de personnes en difficulté 97 , 98 avec le cannabis accueilli pendant le même mois de l’année est passé de 600 en 1989 à 3700 en 2003 comme l’atteste la figure ci-dessous. Notons toutefois que la tendance à l’augmentation de la prise en charge concerne tous les produits puisque l’ensemble des recours à ces structures a été multiplié par trois. Jusqu’en 1997 la part relative du cannabis s’est s’élevée à 11 % alors que depuis cette date, on constate une augmentation à 18 % en novembre 2003.

Figure 7, Nombre de personnes prises en charge pour usage de cannabis dans les CSST au cours du mois de novembre, 1989-2003
Figure 7, Nombre de personnes prises en charge pour usage de cannabis dans les CSST au cours du mois de novembre, 1989-2003

Depuis 2001, les données issues des rapports d’activité des CSST permettent d’estimer le nombre de personnes vues chaque année à 12 000 en 2001 et 23 mai l’an 2004 soit un quasi-doublement en trois ans 99 . Cette tendance se poursuit en 2005 à partir des données recueillies dans le cadre de RECAP (Recueil commun sur les addictions et les prises en charge). Le nombre serait alors pour l’année citée de 25 à 26 000 personnes prises en charge.

Les patients hospitalisés pour eux ce motif reste en nombre limité et il est d’ailleurs difficile de savoir si le cannabis constitue le motif de l’hospitalisation. 90 % d’entre eux sont hospitalisés dans les services de psychiatrie.

La drogue principale (c’est-à-dire le produit consommé récemment, au cours du mois passé, causant le plus de dommages à l’usager) est le plus fréquemment de cannabis pour 38 % alors que l’héroïne n’est citée qu’en deuxième position et dans 35 % des cas. En 2005, le cannabis est la drogue principale pour 44 % des nouveaux patients contre moins de 28 % pour l’héroïne les autres opiacés. On peut toutefois relativiser la diminution de la part de l’héroïne car nombre de patients dépendants traités par des produits de substitution sont prises en charge par la médecine de ville.

Les usagers de cannabis rencontrés dans les CSST se caractérisent par une proportion plus élevée d’hommes et par un âge moyen nettement inférieur à celui des consommateurs de drogue reçue habituellement.

D’après les données de RECAP, en 2005, les consommateurs de cannabis pris en charge étaient à 85 % des hommes (contre 77 % chez les autres usagers) et leur âge moyen s’établissait à 24,5 ans contre 32,8 ans pour les autres. De plus, 61 % des consommateurs de cannabis en moins de 25 ans contre 21 % chez les autres. On voit que la comparaison peut se faire autour de cet axe de 25 ans.

Les consommateurs âgés de moins de 25 ans vivent dans un environnement socio-économique plus stable que les jeunes de la même tranche d’âge pris en charge pour d’autres drogues. 72 % d’entre eux habitent chez leurs parents contre 53 % chez les autres consommateurs, dans un logement stable pour 86 % contre 75 % chez les autres ; les ressources de plus de 40 % d’entre eux proviennent de tiers contre 25 % chez les autres, 44 % d’entre sont étudiants ou lycéens contre 25 %. Ils ont moins souvent fait état de problèmes à type d’hospitalisation pour un motif psychiatrique, une tentative de suicide ou une incarcération : 16 % contre 31 % G. les autres consommateurs.

Chez les plus de 25 ans, les usagers et de cannabis sont en moyenne 32,2 ans contre 35,7 entre les autres drogues et la part des plus de 40 ans est faible (14 % contre 27 %). Ils sont moins nombreux à avoir des enfants (36 % contre 46 %) et leur situation socio-économique et légèrement meilleure. En effet, il s’en prend 3 % avoir au moins le niveau du baccalauréat contre 28 % pour les usagers d’autres drogues illicites. 46 % ont des revenus issus d’activités rémunérées (contre 37 %). Enfin, 45 % d’entre eux sont au chômage inactif contre 55 % chez les usagers d’autres drogues illicites. La fréquence des antécédents de prise en charge sanitaire, psychiatrique et judiciaire est plus élevée chez les plus de 25 ans : 21 % ont déjà été pris en charge pour des problèmes liés à l’usage de drogues, 26 % ont été hospitalisés pour des raisons psychiatriques, 19 % déjà fait une tentative de suicide et 30 % ont été incarcérés au moins une fois.

Notes
97.

BELLIARD, (E.), Les prises en charge des toxicomanes dans les structures sanitaires et sociales en novembre 1989, SESI, ministère de la Solidarité, de la Santé et de la Protection sociale, 1991.

98.

BELLAMY, (V.), La prise en charge des consommateurs de drogues illicites ayant recours au système sanitaire et social : enquête réalisée en novembre 2003, Paris, DREES, 2005, 36 p.

99.

PALLE, (C.), et al, Les centres spécialisés de soins aux toxicomanes en 2004. Exploitation des rapports d’activité-type des CSST, Saint-Denis, OFDT, 2006, 77 p.