Au-delà de la formation

Une autre enquête menée sur le terrain par des membres de la même équipe 107 auprès des enseignants du primaire a tenté de montrer quelles étaient les représentations et les pratiques sur l’éducation à la santé à l’école. Il note que à travers les trois hommes scolaires et des textes de cadrage, éducation la santé prend une place significative parmi les missions assignées au système scolaire 108 . La position des enseignants apparaît plus contrastée 109 , la formation des professeurs dans ce domaine constituant donc un enjeu capital comme s’accorde à le penser l’ensemble des auteurs 110 , 111 . La mise en œuvre des programmes de formation apparaît jonchée d’obstacles pour la réalisation de projets durables. Il apparaît aussi que l’idée selon laquelle la prévention est plus efficace lorsqu’elle est entreprise à l’école primaire est encore une idée peu partagée 112 .

Nous partageons cette idée que la construction de compétences le plus précocement possible peut permettre la construction d’un concept de santé positive chez les plus jeunes enfants. L’enquête menée chez les enseignants du primaire montre que 71 % d’entre eux déclarent mener des actions d’éducation pour la santé, résultats relativisés contenus de ce qui est mis derrière ce vocable. Il apparaît que dans 61 % des cas c’est une décision personnelle de l’enseignant d’intégrer cette formation au programme de la classe suivi par un événement extérieur (22 %), la suite d’une réflexion collective ou une sollicitation institutionnelle tous les deux à 15 %. Les maîtres qui n’ont pas fait d’activités d’éducation à la santé avec leur classe évoquent le manque de temps pour 49 % suivis du manque de formation pour 39 %, du manque d’information (30 %) et le manque de matériel pour 28 %. Il est capital de noter que le sexe et le nombre d’années d’exercice n’ont pas d’influence sur le fait de pratiquer l’éducation pour la santé. Par contre, la formation est primordiale puisque, parmi les 27 % des personnes qui avaient reçu une formation à l’éducation pour la santé, 86 % pratiquent ce programme dans leur classe contre 67 % qui n’ont pas reçu de formation.

L’enquête montre également que plus un enseignant est convaincu de son rôle de prévention, plus il ressent le besoin de formation. Cette enquête a le mérite de montrer que l’éducation pour la santé est une partie intégrante du métier de professeur des écoles comme l’a montré l’approche historique 113 . Sous des formes diverses au cours des deux siècles derniers, l’école a toujours permis d’accéder à des notions élémentaires concernant au départ d’hygiène puis a su s’adapter au fil du temps. L’article met également en avant la nécessité d’un partenariat extérieur puisque celui-ci a été mis en œuvre dans un tiers des cas ce qui est assez exceptionnel dans l’exercice du métier d’enseignant celui-ci ayant tendance à être plutôt solitaire.

Néanmoins, on doit s’interroger sur le type de partenariat effectif mis en place. Il peut tantôt faire intervenir un les médecins de l’éducation nationale qui depuis 1995 ont reçu des formations adéquates que ce soit en termes de méthodologie et de conduite de projet, d’éthique sur les questions de promotion de la santé. Il en va de même pour les infirmières qui peuvent profiter lorsqu’elles intègrent l’éducation nationale de formation continue concernant ces sujets. L’enseignant peut également faire appel à un partenariat extérieur mais celui-ci se heurte à certaines difficultés notamment sur la réalité du partenariat il s’agit d’une véritable mutualisation des objectifs, des moyens et des résultats et non pas simplement d’une demande de prestation de services 114 . L’exemple utilisé sur la prévention en matière de substances psycho actives montre bien les difficultés retrouvées non seulement dans la mise en œuvre des actions à réaliser sur des philosophies différentes selon les intervenants pressentis. La négociation tient alors une part extrêmement importante.

Notes
107.

JOURDAN, (D.), PIEC, (I.), AUBLET-CUVELIER, (B.), BERGER, (D.), LEJEUNE, (M.-L.), LAQUET-RIFFAUD, (A.), GENEIX, (C.), GLANDDIER, (P.Y.), Éducation à la santé à l’école : pratiques et représentations des enseignants du primaire, Santé publique 2002, volume 14, n° 4, pp. 403 – 423.

108.

Ministère de l’éducation nationale. Programme de l’école primaire ; 1995.

109.

SEQUIER, (A.), DEMARTEAU, (M.), PEREIRA, (M.), L’analyse des représentations : un moyen d’évaluer la formation des enseignants en éducation à la santé, Promotion & éducation, 1994, pp. 14 - 18

110.

KEALEY, (K.A.), PETERSON (A.V.), GAUL, (M.A.), DINH, (K.T.), Teacher training as a behaviour change process: principles and results from a longitudinal study, Health and education behaviour, 2000; 27(1): pp. 64-81.

111.

MÉRINI, (C.), Le partenariat en formation, Paris, l’Harmattan ; 1999.

112.

COLLET, (R.), BERGER, (D.), Les représentations du sida chez les enfants, Le journal du sida, 1998, 104 : 18 – 21.

113.

NOURRISSON, (D.), Éducation à la santé : XIXème-XXème siècle, Rennes, ENSP, 2002.

114.

MÉRINI, (C.), De PERETTI, (C.), Partenariat externe et prévention en matière de substances psycho actives : dans quelle position l’école met-elle ses partenaires ?, Santé publique, 2002, volume 14, n° 2, pp 147-164.