Souligner un paradoxe 

Les acteurs de prévention que nous avons enquêtés montrent des caractéristiques remarquables notamment quant à la consommation de cannabis actuelle et dans son expérimentation particulièrement chez les garçons du groupe. Ils ont tendance à surestimer la consommation de l’ensemble de la population française et ce d’autant plus qu’ils sont consommateurs. Ils ne croient pas à la théorie de l’escalade et ont par ailleurs moins peur de consommer des produits illicites tels que le cannabis, bien entendu, mais également l’ecstasy et la cocaïne. Par contre, ils pensent que l’alcool est un produit plus dangereux que la population générale.

Malgré ces surconsommations, ils sont cependant censés être ceux qui vont mener des actions de prévention de par leur orientation professionnelle. Nous l’avons vu même si toutes les formations présentées ne mettent pas toutes en avant de façon explicite la nécessité de prévention de consommation de cannabis, certaines ont clairement inscrit cette nécessité et cette possibilité (les professeurs des écoles) dans leurs programmes de formation. Pour les autres, c’est la société qui leur attribue ce rôle (les médecins et les infirmiers) ou bien leur fonction dans différentes institutions (médecins, infirmiers et éducateurs dans divers lieux de prévention généralistes ou les centres de soins spécialisés), les obligations de formation étant peu détaillées dans les différents programmes.

Cette attitude nous paraît a priori paradoxale d’autant plus qu’il existe des interdits sociaux marqués par la loi et que ces acteurs seront peu ou prou employés dans des structures publiques ou rendant un service public de prévention.