Évolution et fondements historiques

L’Antiquité et Moyen Âge : la lutte contre les maladies contagieuses à la lumière de la médecine empirique

La survenue d’épidémies telles que la lèpre, la peste et le typhus fait partie de l’histoire de l’humanité. L’homme a tenté de le comprendre la survenue de ces événements afin de mettre en œuvre des moyens de prévention individuels et collectifs. Les textes les plus anciens datant du IIIe millénaire avant notre heure montrent que les mésopotamiens liés à la maladie à la volonté des dieux d’où la nécessité de les apaiser par des rituels. C’était l’aspect magique de la prévention. Cette invention archaïque assemblée à l’époque concernée lançant des civilisations. L’observation aidant, on a pu mettre en évidence des facteurs de causalité supposée aboutissant à des mesures de prévention.

La lèpre est la première maladie qui suscita des mesures de prévention collective 134 . La personne soupçonnée d’être lépreuse après être passée devant une commission de composition diverse subissait son verdict et était classé saine ou malade. Celui qui était désigné lépreux était alors exclu définitivement de toute vie sociale. Sortir de la léproserie ne se faisait exceptionnellement et au prix de nombreuses contraintes : port de vêtements distinctifs, signalement au moyen du bruit produites par une crécelle et interdiction de se baigner dans certaines rivières, etc. La mise à l’écart ne concernait pas seulement les malades mais les possibles porteurs sains.

La population française eut affaire à face a une épidémie dramatique, la peste noire du XIVe siècle. Cette épidémie 135 débute en Crimée en 1346 a suivi les mouvements des populations et toucha tous les ports d’escale jusqu’à Gênes avant d’atteindre le sud et le Nord de la France puis l’Angleterre et l’Allemagne et enfin la Pologne et la Russie où elle ne s’éteignit réellement qu’en 1770. 7 millions de Français périrent au XIVe siècle sur les 21 millions que comptait alors le pays.

La médecine de l’époque proposa de théories pour expliquer le phénomène :

  • La théorie « aériste » qui se référait aux canons d’Avicenne (Xe siècle) qui postulait que la corruption de l’air par des vapeurs nocives émanant de charniers ou des profondeurs de la Terre. À cette théorie postulée que les gouttelettes de salive et tout ce qui avait pu être en contact avec les pestiférés transmettait la maladie.
  • La théorie de Galien qui s’appuyait sur la notion de putréfaction. La paix se développait sur des organismes présentant un déficit humorale et les mesures prophylactiques et qu’il fallait prendre concerner essentiellement la mise à l’écart du pestiféré en l’empêchant de pénétrer dans les maisons.
  • À ces deux théories s’en ajoutait une troisième qui était celle du châtiment divin qui entraîna de nombreuses processions partout en Europe.

Cette dernière théorie fut celle qui eut les faveurs des gouvernements de l’époque, il est intéressant de noter que la population générale se retrancha derrière les théories prophylactiques. Cette épidémie de peste généra de nombreuses mesures de prévention individuelle et collective. Au XVIIIe siècle, VICQ d’AZIR 136 fonda la société royale de médecine. Une coopération internationale fut même instaurée avec la mise au point d’un système d’information réciproque entre les différents ports qui se perpétra même en période de conflit. Même en l’absence de connaissance de cause de la maladie et de traitements efficaces, les Européens de cette époque prirent des mesures de prévention collective empirique et parvinrent à se prémunir du fléau qu’était la peste 137 .

Notes
134.

RUFFIÉ, (J.), SOURNIA, (J.-C.), Les épidémies dans l'histoire de l'homme : de la peste au sida, Flammarion, 1993, 302 p.

135.

PANZAC, (D.) Quarantaine et lazarets, l'Europe et la peste d'orient, XVIIe-XXe siècle Edition Edisud, 219 p.

136.

Félix VICQ d’AZIR(1748-1794), Célèbre anatomiste, professeur de médecine, premier médecin de la Reine en 1789, il fut admis à l'Académie des Sciences en 1774, lors d'une épizootie terrible qui ravagea le midi de la France en 1774, il créa une sorte d'Académie de médecine sous le nom de Société royale de médecine.

137.

LALANDE, (F.), Sécurité et veille sanitaires : concepts, historique et évolution des structures et des doctrines, Revue française des affaires sociales, 51, (3-4), 1997, pp 31-38.