La psychologie sociale

Le psychologue russe L.S. VYGOTSKY 175 prône que l’être humain dans son action sur son environnement crée sans cesse de « nouveaux outils » et de nouveaux objets culturels et ceux-ci lui servent d’intermédiaires dans sa relation à l’environnement. Ces outils sont fournis par la culture, elle-même véhiculée par les personnes qui l’entourent et qui accompagnent l’enfant dans son développement.

Deux concepts illustrent cette théorie. En premier lieu, les lois sociales du développement montrent que le développement de l’enfant est le fruit de la relation sociale. Le développement et l’apprentissage sont liés par une relation de consolidation mutuelle. L’enfant apprend et se développe et parce qu’il se développe il apprend encore plus. Le langage est l’outil culturel privilégié de cette interaction et devient petit à petit l’instrument de l’individuation. Les compétences et les connaissances naissent dans et par la communication autour de cette relation d’aide et de soutien. En deuxième lieu, la zone proximale de développement permet de proposer des apprentissages au-delà de ce que le sujet sait faire seul. Elle permet d’aller au-delà avec une aide et une relation pédagogique de tutorat.

J. BRUNER 176 continue les travaux de L.S. VYGOTSKY en travaillant sur l’étayage. Il travaille sur les interactions mises en œuvre pour aider un apprenant à résoudre les problèmes seul (la tutelle). . Le schéma de la situation pédagogique qui en découle est dépendant de la tache et de l’élève, les exigences du soutien et du guidage étant engendrées par l’interaction entre le tuteur et l’élève. La relation entre les deux est asymétrique. Pour guider et soutenir le « novice » dans son apprentissage, l’ « expert »utilise le langage dans toutes ses fonctions notamment de communication et de transmission des choses abstraites.

Ces modèles soulignent le rôle capital de l’apprentissage et de l’interaction sociale. D BERGER et D. JOURDAN 177 de conclure « Dans le cadre du modèle allostérique, il est capital de souligner l’importance de la tutelle dans la rencontre entre l’apprenant dans son histoire personnelle et groupale et l’ensemble des savoirs validés et organisés. L’affectif, le cognitif et le sens étant intimement liés, l’apprentissage est fortement tributaire du contexte et de l’environnement. Le rôle du tuteur est alors essentiel.

La connaissance de ces différents modèles nous semble nécessaire à une compréhension de ce que nous faisons en éducation pour la santé. On voit que cette spécialité non disciplinaire se nourrit de courants de pensée différents mais que la mise à plat des cadres conceptuels permet des pratiques légitimes en fondant l’expertise professionnelle. Ainsi pourrons-nous nous sortir par cette activité réflexive sur notre pratique pour aborder des questionnements plus fondamentaux dont la dimension éthique.

Notes
175.

SCHNEUVLY, (B.), BRONCKAERT, (J.-P.), Vygotsky aujourd’hui, Neufchâtel, Delachaux et Niestlé, 1988.

176.

BRUNER, (J.), Le développement de l’enfant, savoir faire, savoir dire, Paris, PUF, 1998, 7ème édition, 320 p.

177.

BERGER (D.) & JOURDAN (D.), 2004, op cit.