Au-delà de la soumission à des normes, le rôle de l’ES est de favoriser chez l’individu un engagement volontaire et responsable en matière de santé. Quelle est sa légitimité à vouloir modifier les comportements individuels pour le « bien » des individus ? Ce « bien » ne correspond pas toujours aux valeurs et à la culture de l’individu.
La « normalisation » de l’individu va à l’encontre de tout projet éducatif qui s’est fixé pour but l’autonomie de l’élève.
Pour revenir sur l’éthique, lisons S. FAINZANG 183 :L’approche éthique en ES revient à transmettre des messages qui ne contiennent pas des normes mais permettent à chaque individu de développer son sens critique et mesurer dans quelle mesure ils peuvent mettre en danger leur santé et celle des autres s’ils adoptent en pleine connaissance de cause des comportements à risque. L’éducation pour la santé permet à l’individu d’opérer des choix librement face aux normes dictées par la santé publique.
Ph. LECORPS 184 oppose ainsi l’éducation sanitaire du côté de la morale à l’éducation pour la santé du côté de l’éthique :et de conclure quant aux injonctions morales qui peuvent laisser l’individu démuni face à elles :On voit bien que les normes et les représentations ont à faire avec l’éducation pour la santé en tant qu’elles sont le support de croyances et d’attitudes de l’individu qui modifient ses comportements. C’est pour cela que nous consacrerons notre prochain chapitre à ce concept.
FAINZANG, (S.), L'éthique est-elle risquée ?, La Santé de l'homme, n°345, jan.-fév. 2000, pp 32‑33.
LECORPS, (P.), 1942-2002 : De l'éducation sanitaire à l'éducation pour la santé, La Santé de l'homme, n°362, nov. -déc. 2002, pp 21-23.