Chapitre 3 : La construction des identités personnelle, professionnelle et sociale

Quelques définitions

‘La notion n’est pas simple à appréhender et de nombreux auteurs en fonction de leur discipline d’appartenance ont proposé des définitions dont voilà les principales. Pour EH. ERIKSON 221 «  » commence là où cesse l’utilité de l’identification. Elle surgit de la répudiation sélective et de l’assimilation mutuelle des identifications de l’enfance ainsi que l’absorption dans une nouvelle configuration qui, à son tour, dépend du processus grâce auquel une société… identifie un jeune individu en le reconnaissant comme quelqu’un à devenir ce qu’il est et qui, étant ce qu’il est, est considéré comme accepté. ’

Pour E-M. LIPIANSKY 222 , la vision objective de l’identité, constitue un ensemble de caractéristiques pertinentes définissant un individu et permettant de l’identifier de l’extérieur. Cette composante de l’identité relève de la position du sujet dans la culture et la société. Elle est définie comme identité sociale. L’appréhension subjective de l’identité renvoie à des notions comme conscience de soi, définition de soi. Elle contient également les sentiments, les représentations, les expériences et les projets d’avenir se rapportant à un individu. Cette identité subjective s’ancre dans les expériences passées ainsi que dans un certain contexte culturel. Elle est affectée par chaque relation et interaction, elle est donc constamment reproduite.

Ces deux composantes de l’identité ne peuvent pas être dissociées. EM. LIPIANSKY se propose d’étudier les implications mutuelles entre le sentiment subjectif de l’identité et la communication. A cet effet il émet l’hypothèse suivante : La conscience de soi dépend de l’interaction avec autrui.

Pour GH. MEAD 223 l’individu s’éprouve lui-même en adoptant le point de vue des autres. L’individu agit en fonction du sens qu’il attribue aux différentes situations. Ce sens est dérivé de l’interprétation que l’individu donne de l’interaction avec autrui. La socialisation est conçue comme la construction d’une identité sociale (Soi) dans et par l’interaction sociale. L’individu constitue un membre actif participant à la construction de cette identité. Il a donc une grande marge de manœuvre dans ce processus. La socialisation se déroule en 3 étapes :

Imitation de l’autrui significatif, qui devient modèle de référence

Incarnation de normes, identification avec autrui généralisé, interaction de plus en plus importante avec l’environnement social. Il acquière la capacité de se mettre à la place des autres. (Construction du Moi)

Reconnaissance du soi par les autres du groupe

La socialisation est considérée comme un processus de différenciation et d’identification.

Pour E. GOFFMAN 224 , la vie présente des analogies avec le théâtre. L’individu y adopte certains rôles qui participent à la construction de l’image de soi. L’identité ne constitue pas une réalité en soi mais se développe au cours de l’interaction et de l’interprétation des rôles. Chaque individu dispose d’une manière tout à fait particulière de jouer et rejoindre les différents rôles dont il dispose. Il existe une distinction entre réalité réelle et virtuelle- différence entre l’essence du Moi et les différents rôles joués par l’acteur social. Chacun met en œuvre des stratégies identitaires lorsque l’individu est amené à faire des actions insensées (non identification aux rôles, prise de distance aux rôles…) et lorsqu’il se rend compte de la différence entre soi et l’autrui.

‘Pour C. DUBAR 225 « »’ ‘Pour JM. BARBIER 226 enfin c’est «  »’ ‘On le voit à travers ces diverses définitions, l’identité est un processus complexe, dynamique constituée de ce «  227  »’

Néanmoins, l’identité possède une certaine stabilité dans le temps et peut se concevoir comme « un instantané » que l’on peut aborder en tenant compte de l’interaction des trois composantes : opératoires, représentationnelles et socio-affectives. Ces dernières permettent aussi de caractériser l’identité à un niveau collectif dans les rapports qu’elles entretiennent avec les autres notamment dans la construction d’équipes qui vont partager des représentations, des savoirs, des compétences, des valeurs et des attitudes.

L’aspect dynamique de l’identité se retrouve dans l’idée que l’action permet l’évolution des composantes identitaires. La formation professionnelle est manifestement le lieu où ça ne manque pas d’arriver.

Figure 16, Identité individuelle ou collective
Figure 16, Identité individuelle ou collective

Notes
221.

ERIKSON, (E. H.), Adolescence et crise : la quête de l’identité, 1993,Champs Flammarion, 348 p.

222.

LIPIANSKY, (E.-M.), Identité et Communication, 1992, PUF, 262 p.

223.

MEAD, (G.-H), L’esprit, le soi et la société, 2006, Le lien social, PUF.

224.

GOFFMAN, (E.), La mise en scène de la vie quotidienne, 1973, les éditions de Minuit, 256 p.

225.

DUBAR, (C.), La socialisation, construction des identités sociales et professionnelles, 3ème édition, 2002, Armand COLIN, 255 p.

226.

BARBIER, (J.-M.), L’analyse des pratiques : questions conceptuelles In BLANCHARD-LAVILLE, (Cl.) & FABLET, (D.) (Eds), L’analyse des pratiques professionnelles, 1996, Paris, L’Harmattan, pp. 27-49.

227.

BECKERS, (J.), Capaes, chapitre 2, notes de cours, 2006-2007, en ligne.