Quelle(s) évolution(s) au fil des ans ?

Le deuxième volet de notre hypothèse était de postuler qu’une évolution avait lieu au fil des ans et pouvait infléchir un mouvement initial.

De façon assez rassurante, on note qu’après une augmentation de consommation en deuxième année, la consommation se stabilise ou diminue sauf pour les étudiants en médecine où elles augmentent de façon très significative. On pourrait postuler que les élèves infirmiers et éducateurs font corps en début de deuxième année (durée identique de formation) et nouent alors des rapports amicaux qui vont entraîner une surconsommation. Il n’en va pas de même pour les professeurs des écoles qui n’ont pas le temps de nouer des rapports forts autrement que dans des regroupements en seconde année. De même, la constitution d’un corps spécifique au cours de l’internat de médecine et de la solidarité qui s’y attache encore (gardes, remplacements dans les différents services) font que c’est probablement à ce moment là que naissent de véritables « amitiés » qui « autorisent » des consommations antérieurement probablement plus solitaires. On peut y voir aussi le bouclier protecteur de l’image du médecin qui en aucune façon ne pourrait être mis en cause pour ses consommations même excessives et chroniques puisque lui « il sait ! ».

Dans tous les cas, notons l’importance de l’influence de la consommation des entourages sur l’attitude adoptée. On retrouve aussi cette notion sur les alcoolisations massives qui ne sont pas relevées chez les futurs professeurs des écoles alors qu’elles semblent « institutionnalisées » dans les trois autres formations même au-delà des études.

Pourtant, malgré ces attitudes, chacun semble devenir savant l’année d’après comme en témoigne l’augmentation du score de connaissances générales. La confrontation au réel et pourquoi pas à l’âge adulte permet sans doute une maturation. Il est important aussi de noter que la chute des consommations est liée à l’éclatement du groupe d’amis potentiellement consommateurs que l’on rencontrait auparavant régulièrement. C’est ce que j’appellerai l’effet « service militaire ». En effet, nombre d’addictions alcoolo-tabagiques ont commencé lors du service national quand le tabac était gratuit puis faiblement payant avant de n’être plus distribué et l’alcool la seule distraction. Quand les gens rentraient chez eux, tous ne sont pas devenus alcooliques ou tabagiques ; ce qui traduit qu’au-delà de l’effet de contexte, l’individu est capable aussi de faire des chois même s’ils étaient différés et d’adaptation pour « survivre » dans un groupe que là, ils n’avaient pas choisi. On retrouve et j’y insiste l’influence du milieu dans lequel on évolue.