Quatrième partie :Intervenir au delà des paradoxes

Chapitre 1 : L’apport théorique de H.S. BECKER et son actualité

Que nous apprend H.S.BECKER ?

HS. BECKER a été le premier à s’intéresser dans son ouvrage de référence 234 au retentissement social de la consommation de cannabis. Il est bien connu pour être l’une des figures de l’école de Chicago ou de « l’interactionnisme symbolique ». Cette dernière idée repose sur le fait que les individus ne subissent pas les faits sociaux mais qui les produisent par leur interaction. L’ouvrage étudie la déviance dans une perspective interactionniste. Pour HS. BECKER, la déviance est l’action de transgresser les normes établies par la société. C’est donc la société qui qualifie la personne en fonction des normes qu’elle a édictées en lui accolant une étiquette. BECKER va définir la déviance de la façon suivante « le déviant est celui auquel cette étiquette a été appliquée avec succès ». Il postule que les groupes sociaux créent la déviance en instituant les normes dont la transgression constitue la déviance même et que le caractère déviant ou non d’un acte dépend de la manière dont les autres réagissent. Pour lui, le comportement déviant est une progression dans le temps qu’il définit de la façon suivante pour les fumeurs de marijuana : la carrière du fumeur comprend plusieurs étapes qui vont peu à peu le constituer en déviant.

La première étape consiste généralement à commettre une transgression ; celle-ci peut faire l’objet d’un étiquetage par les proches puis par ceux qui mettent en œuvre le contrôle social. Elle entraîne celui qui a été stigmatisé à agir hors du cadre légal et à se reconnaître lui-même comme déviant. Cet étiquetage l’entraîne à commettre de nouvelles transactions et à rencontrer d’autres personnes plus aguerries pour s’initier à son nouveau statut :Dans ses conclusions sur les fumeurs de marijuana, il écrit : En face des déviants, HS. BECKER place ce qu’il appelle « les entrepreneurs de morale » qui sont ceux qui établissent les normes qui étiquettent les déviants. Il explique comment on impose peu à peu une norme en imposant une infraction qui une fois connue de tous va permettre la généralisation de la stigmatisation. Pour l’aspect très particulier de la législation concernant la marijuana dans l’Amérique de l’époque, il écrit que la création de la norme et son application sont liées aux « entrepreneurs de morale ». Il en dénombre deux types : ceux qui créent les normes et ceux qui les font appliquer. Les premiers veulent sauver le monde en instituant un maximum de règles pour améliorer soi-disant la condition humaine tandis que les seconds vont s’acharner à faire appliquer cette législation.

Si les idées de HS BECKER ont constitué une véritable révolution, il faut les transposer dans notre époque pour en saisir la valeur actuelle et tenter de les adapter à notre réalité.

Notes
234.

BECKER, (H., S.), Outsiders, Études de sociologie de la déviance, Éditions Métallié, 2005, (1ère édition, 1963) 252 p.