P. PERETTI-WATEL 235 a repris dans un article les idées de BECKER et a tenté de les appliquer à une enquête actuelle dans une perspective quantitative. Il pense que l’on peut maintenant appliquer grâce à des modélisations statistiques les analyses quantitatives aux données étudiées et que l’on peut même en faire des études multivariées. Il signale également que la dénomination des personnes peut poser des problèmes dans une recherche mais également les difficultés des définitions concernant le cannabis en termes de traduction des termes américains. Deux exemples nous paraissent importants à noter pour le cannabis : La notion d’addiction ou d’usage et ce que HS. BECKER nomme, dans une conférence citée par l’auteur 236 , l’intoxication ou le fait de faire planer. Si on utilise les termes d’addiction et d’intoxication, on comprend aisément que l’on entre dans le registre de la maladie et que l’on s’éloigne du sujet que l’on veut traiter.
P. PERETTI-WATEL revient aussi sur les analyses multivariées et les attributions de causalité en citant M. CHOQUET 237 « Les facteurs pouvant avoir un rôle étiologique dans le processus de consommation peuvent être très diversifiés : sociodémographiques, d’environnement social et familial, relationnels. On se propose de considérer […] successivement quelques-uns de ces facteurs, sans pour autant conclure à leur valeur causale. En effet, les données transversales actuellement disponibles ne nous autorisent pas à ces conclusions. De plus, une extrême prudence s’impose dans ce domaine où l’on attribue, parfois trop hâtivement, un poids étiologique à un facteur associé. Afin d’éviter tout glissement de ce type, l’analyse des résultats restera très descriptive. Au lecteur de conclure eu égard à la multiplicité des facteurs en jeu, à la multiplicité du phénomène. »
Ce qui évolue aussi par rapport à l’époque de HS. BECKER est la banalisation progressive de l’usage de cannabis à la fois en termes de consommation et d’opinion comme nous l’avons vu dans la première partie de notre travail.
Il faut aussi tenir comte de l’évolution dans la carrière du fumeur de la réversibilité des consommations. Pas plus que les facteurs associés ne sont strictement explicatifs, pas plus on n’est engagé définitivement dans ce processus qu’est la carrière du fumeur de cannabis.
PERETTI WATEL, (P.), Comment devient-on fumeur de cannabis ? Une perspective quantitative, Revue française de sociologie, 42 -1, 2001, 3 – 30.
BECKER, (H., S.) in AMOUROUS, (C.), BLANC, (A.), Erving GOFFMAN et les institutions totales, Paris, L’Harmattan, 2002, 314 p.
CHOQUET, (M.), LEDOUX, (S.), MARÉCHAL, (C.), Drogues illicites et attitudes face au sida, résultats d’une enquête réalisée dans le Sud-Haute-Marne, 1999, Paris, La documentation française.