Fort de cette première liste de patronymes, il fallait maintenant partir à la rencontre de « l’autre » dans son intimité familiale. Les registres de l’état civil peuvent faciliter cette mise en relation. Les bornes chronologiques de l’étude s’inscrivant essentiellement dans le courant du XIXe siècle, les registres paroissiaux catholiques et protestants consignant les baptêmes, bénédictions nuptiales et sépultures avant l’année 1792 ont été peu utilisés. La laïcisation de l’état civil instituée par un décret de la Convention en date du 20 septembre 1792 en confie l’enregistrement aux municipalités, un double des actes étant conservé au greffe du tribunal de grande instance. Cet état civil se compose de deux types de sources généalogiques : les tables décennales et les registres proprement dit de l’état civil.
Un nom et une date : la recherche commence d’abord par les tables décennales. Ces répertoires semi-alphabétiques, établis par période de dix ans, sont un repère précieux pour le chercheur qui s’aventure dans l’océan de l’histoire généalogique. Tous les grands rendez-vous de l’histoire humaine y sont consignés, classés en trois parties : naissance, mariage et décès. Ce classement, établi dans l’ordre chronologique de la rédaction des actes, permet de retrouver rapidement les dates exactes de ces événements enregistrés dans la commune de 1792 à 1902 556 . Muni de ces renseignements, il s’agit maintenant de partir à la recherche du personnage dans les registres spécifiques de l’état civil communal. Sur la tranche du registre l’inscription « NMD » suivie d’une période de référence est souvent mentionnée. Elle précise au chercheur qu’il pourra y trouver tous les actes de naissance (N), mariage (M), décès (D) passés dans la commune pour la période donnée 557 .
Le registre des actes de mariages est le plus intéressant pour la collecte de renseignements car il permet souvent de rectifier des erreurs de date ou de lieu de naissance. Il se compose de deux parties distinctes. La première concerne l’état civil de l’époux et de son conjoint faisant état des mentions relevées dans l’acte de naissance : nom des parents, leur profession, l’âge et le lieu de naissance des contractants. Avant de s’unir, les futurs doivent avoir le consentement de leur père et mère. Dans ce cas là, une mention précise si les parents sont en vie au moment de la célébration du mariage : « ledit comparant ou ladite comparante ayant le consentement de son père et/ou sa mère ici présents ou décédés ».
La deuxième partie de l’acte concerne les témoins des mariés et portent les renseignements sur leur âge, leur profession et leur degré de parenté avec les époux. A la fin de la procédure d’enregistrement, les époux, leurs parents et les témoins doivent signer l’acte. Cette formalité apporte à l’historien de précieuses indications sur le degré d’instruction des personnes citées dans l’acte car, ceux qui ne savent pas signer le signalent. Cette mention apparaît dans la rédaction de l’acte : « après qu’il leur a été donné lecture de cet acte, l’ont signé avec nous et les parties contractantes ». « Excepté X ou Y qui ont déclarés ne savoir signer, ou être illettrés ».
Le registre des actes de mariage ne fait état que des cérémonies célébrées dans le village même. Si cela ne pose pas de problème pour retrouver en principe les mariages entre natifs du même lieu, un certain nombre peut échapper aux investigations du chercheur lorsqu’un des conjoints est originaire d’une autre commune. La difficulté de l’identification d’un mariage dans une commune différente du lieu de résidence surgit car, pour retrouver l’acte, il faudrait se reporter à la table décennale de la dite commune. Mais comment la connaître ? Cet obstacle peut être surmonté grâce aux tables de publications des promesses de mariage (P) annexées dans les registres de l’état civil. Cette formalité de la publication des bans se faisait quelques semaines avant la date de la cérémonie et était affichée dans les communes de naissance des conjoints. Le registre d’état civil des communes de naissance des époux conservait la trace de cette promesse renouvelée généralement par deux fois à quelques jours d’intervalle. Ce document condense les informations retranscrites dans les actes de naissance. Il permet notamment de connaître le lieu de naissance des conjoints et cette indication suffirait pour retrouver le lieu du mariage célébré, en principe, dans la commune de naissance de la future épouse.
Quelques mois après le mariage, la famille s’agrandit et ce nouvel événement est consigné dans le registre des naissances dévoilant des informations sur le nom des parents, leur âge leur profession et leur adresse. Habituellement, c’est le père accompagné de deux témoins qui se présentait devant l’officier de l’état civil pour déclarer la naissance de son enfant. Ces déclarations apportent à l’historien des indications sur la parenté et le degré d’instruction de ceux qui comparaissent : « Lesdites déclarations et présentations faites en présence de » : …………..« âgé de » : ……..« profession de » : ………« demeurant à » : … (+ mention du degré de parenté avec le déclarant), « et de » : (nom du deuxième témoin avec demande de renseignements identiques au premier). « ‘Et ont » : « signés avec nous », ou « ont déclarés être illettrés ».
Les documents de l’état civil consignent également les événements douloureux de l’existence dans le registre des décès. La lecture de ces actes renseigne sur le lieu de naissance du décédé, son âge, le nom de ses parents et de son épouse éventuelle avec leur lieu de résidence. Leur consultation peut être une autre technique d’investigation permettant d’identifier un mariage introuvable en orientant les recherches en direction des lieux de naissance ou de résidence des parents du défunt.
Les versements aux Archives départementales des registres ayant 100 ans se font par période de dix ans. Le prochain versement correspondant aux années 1902-1912 se fera en 2012. La consultation de ces actes peut toujours se faire en mairie.
Si la population de la commune est trop importante, le registre a pu être scindé en deux ou trois parties spécifiques : (N) et/ou (M), (D).