II -. L’accueil de la République en Ardèche

L’Ardèche ne fut pas une « île heureuse » et connut les effets indirects de la dépression économique qui frappait le pays  776 . Le 21 février 1847, on pouvait lire dans les colonnes du Courrier de la Drôme et de l’Ardèche :

‘« Jamais carnaval n’a été aussi triste à Privas. C’est la consternation produite par la cherté du pain, des grains et autres denrées de première nécessité ». ’

Ce même mois, des troubles éclatent dans le canton d’Antraigues  777 et se manifestent par des barrages sur les voies publiques pour empêcher le transfert des denrées vers les marchés d’Aubenas et de Privas, des pillages de transports de grains avec distribution ou vente forcée des marchandises. Tous les moyens sont pris pour « assurer le maintien de l’ordre public et de la liberté du commerce »  778 mais le changement révolutionnaire du régime politique pouvait, à juste titre, inquiéter les autorités administratives du département.

Notes
776.

Notamment les activités industrielles de la mégisserie, de la soie et des centres métallurgiques de La Voulte et du Pouzin. En France, une crise agricole s’amorce en 1845 avec de mauvaises récoltes de pommes de terre et de céréales. En conséquence, le prix des céréales atteint son maximum en 1847. Le pouvoir d’achat diminuant, l’industrie est frappée en retour par la mévente de ses produits. A cette crise conjoncturelle s’ajoute en 1847 le krach boursier et financier provoqué par la spéculation boursière sur les chemins de fer. L’arrêt de la construction ferroviaire entraîne dans la crise la métallurgie et l’industrie minière.

777.

Pour les besoins de l’analyse, le détail de ces faits sera repris dans le chapitre V, partie B, I. 1°) « a) Les atteintes à « l’économie morale du peuple » comme moteur de l’action ».

778.

Arch. Départ Ardèche. Actes administratifs en date du 4 février 1847.