Les révolutionnaires se prépareraient à passer à l’action : on fond des balles dans la vallée du Rhône, un atelier de fabrication clandestine de poudre de guerre est démantelé dans les gorges de l’Ardèche 1256 . L’enquête de l’agent secret permet de remonter la filière de la poudre. Les ateliers clandestins sont installés dans les grottes des gorges de l’Ardèche dans lesquelles « on trouvait facilement du salpêtre naturel ; les saules fournissaient un charbon de bonne qualité et le soufre était envoyé de Marseille au Bourg-Saint-Andéol, par les mariniers du Rhône. Des dépôts de cette “graine d’oignons” existaient sur plusieurs points, notamment dans les cantons d’Aubenas, de Bourg-Saint-Andéol et de La Voulte » 1257 . Ses oreilles enregistrent toutes les conversations soigneusement retranscrites dans des rapports anonymes quasi journaliers. Certains parlent beaucoup trop :
‘« Roche, facteur rural à Vernoux desservant la commune de Boffres s’est vanté de distribuer de la poudre et des munitions pendant ses tournées. Il a dit en avoir porté ainsi plus de 40 livres. Il a ajouté qu’il y avait beaucoup de chevrotines à Vernoux. Bouvier, ferblantier à Privas a dit “soyez tranquille, quand le jour sera venu on leur fera danser une fameuse danse, nous avons nos fusils et nous avons des munitions. Si vous en avez besoin nous vous en ferons passer” » 1258 . ’Le charme de l’agent secret doit avoir une certaine influence sur la gent féminine et notamment sur l’épouse du coiffeur Henry qui n’hésite pas à lui confier « qu’il y avait ici à Privas plusieurs dépôts de poudre et de balles » 1259 . La vie du préfet serait directement menacée d’après les propos tenus dans le salon de coiffure du même Henry :
‘« Henri, coiffeur dans la maison du centre, a dit : “si nous réussissons nous ferons de fameux gants avec la peau du préfet”. On lui a dit : “est-ce une plaisanterie ?” Il a répondu : “non c’est très sérieux, il ne sortira pas vivant de Privas. Nous ne voulons pas être toujours attrapés” » 1260 . ’Au comptoir du cabaret républicain tenu par Pierre Malleval, les propos sont toujours vifs et le préfet voué aux gémonies par les buveurs attablés qui disent « qu’un jour viendra ou M le préfet sera étranglé » 1261 .
Dans le département voisin de la Drôme, les autorités ont décidé de lancer une vaste opération en vallée du Rhône dont l’objectif est de démanteler les sociétés secrètes. Le 6 août 1850, à quatre heures du matin, des détachements d’infanterie, des pelotons de gendarmerie cernent les habitations des principales personnes soupçonnées et lancent leur coup de filet dans 20 villes et villages des arrondissements de Die, Nyons, Montélimar, à Valence et à Mirmande 1262 . Les arrestations se poursuivent au fil des semaines et des mois suivants. Le 2 septembre, Joseph Merlin 1263 , contremaître d’une fabrique de soie de Saulce, reçoit la visite de deux gendarmes de Loriol porteurs d’un mandat d’arrestation. L’émotion est vive au sein du personnel. La cloche de la fabrique qui résonne à plusieurs reprises 1264 alerte le voisinage et au moment de sortir de l’usine, les gendarmes sont cernés par une foule compacte qui leur enlève leur prisonnier en entonnant La Marseillaise. Merlin, accompagné de quelques hommes, passe le Rhône et trouve refuge en Ardèche 1265 . Deux jours plus tard, un déploiement de force impressionnant investit les lieux pour procéder à des arrestations 1266 . Pour que force reste à la loi, le procureur de la République se déplace suivi par un lieutenant de gendarmerie et deux compagnies du 32e de ligne. Mais la pression n’est pas retombée. La rumeur de l’arrestation d’Ernest de Saint-Prix avive les tensions. Sur les hauteurs qui dominent Saulce, dans le village de Cliousclat, le roulement sourd des tambours qui battent la générale annonce la préparation d’une réaction d’envergure. Le dispositif de force dans la vallée du Rhône est renforcé avec l’arrivée de 25 artilleurs supplémentaire mais l’affrontement n’a pas lieu car, selon Philippe Vigier, « on s’apprêtait à marcher sur Mirmande quand un contrordre amène la dissolution de cette bande armée et la fuite de ses principaux chefs rejoints bientôt par Saint-Prix lui-même » 1267 . Le général de Rostolan 1268 , commandant de la 8e, 9e, 10e division militaire de Montpellier est informé qu’une « certaine agitation règne dans les communes du canton de Loriol et qu’on a cherché à la communiquer aux communes limitrophes du Rhône » 1269 . L’affaire de Saulce ne serait que la partie visible d’un iceberg révolutionnaire dénommé le complot de Lyon. Pour rechercher activement les meneurs de l’insurrection qui se sont réfugiés en Ardèche, il met à disposition des autorités départementales des troupes prélevées sur ses régiments stationnés à Nîmes. La Drôme, en état de siège depuis les événements du 13 juin 1849, entre maintenant dans un état de guerre.
Sur la rive gauche du Rhône, l’infatigable agent secret poursuit ses investigations. Du Pouzin, il communique une nouvelle série de noms au préfet :
‘« Michelon sur l’ancienne route de Privas à Valence, à 20 pas du café Astier ; Bousqueynaud à côte de chez Michelon ; Soubeyrand à 100 pas de Michelon, Valentin aubergiste, Dupuy, charcutier, Faure, taillandier, Faure cafetier, Fanguier cultivateur » 1270 . ’Pressé par son homologue drômois, le préfet de l’Ardèche ne peut plus attendre. Fort des renseignements transmis par son « service secret », il lance, le 24 septembre, une vaste opération de police en vallée du Rhône, semblable à celle qui avait lieu quelques semaines plus tôt dans la Drôme. Le capitaine de gendarmerie et le commandant de la garnison de Privas sont requis pour assister dans leurs investigations le procureur de la République et le juge d’inscription ayant pour mission d’intercepter les principaux responsables des sociétés secrètes 1271 , découvrir les dépôts d’armes, de poudre et de munitions de guerre cachés chez plusieurs affiliés 1272 . L’opération est déclenchée à cinq heures du matin et chaque chef de corps possède une liste de noms avec des instructions et des plans extrêmement détaillés 1273 .Un régiment de Privas composé d’une centaine de militaires partis dans la nuit doit bloquer l’accès sud du Pouzin pendant qu’un bataillon d’infanterie envoyé de Valence par le général Lapène et transporté sur un bateau à vapeur cernerait le village dans toute sa partie ouest et nord 1274 . Le préfet accompagné de son frère, chef de cabinet, se dirige vers les maisons de Gayte 1275 et Soubeyrand 1276 . Gayte ne fit aucune difficulté pour obtempérer aux ordres du préfet et ouvrit la porte dès la première réquisition 1277 . La fouille du rez-de-chaussée ne donna rien. Au premier étage, Fabien Soubeyrand coincé dans une chambre, tente une sortie. Il dévale l’escalier, bouscule le préfet qui tentait de s’interposer pour l’arrêter et fonce à travers les rues du Pouzin. Une course poursuite s’engage et Soubeyrand ne trouve son salut qu’en plongeant dans les eaux du Rhône 1278 . La déception de l’arrestation ratée est compensée par la découverte faite par les autorités dans le grenier de la maison occupée par Gayte et Soubeyrand :
‘« Le commissaire de police se mit à fouiller un grand bahut et y trouva une centaine de paquets de cartouches, rangés symétriquement, une boite remplie de balles et une liasse de papiers, de journaux et de brochures. On ramassa la poudre à la pelle et on en remplit un grand sac de toile. […] Le Procureur de la République et le Juge d’instruction saisissaient des fusils, des piques et d’énormes gourdins » 1279 . ’A une dizaine de kilomètres du Pouzin, les opérations menées en parallèle à Baix et à Cruas pour mettre au jour les dépôts d’armes et de poudre et les listes d’affiliations à une société secrète se soldent par un échec. Dès trois heures du matin, 75 hommes de la troupe de ligne étaient en position pour cerner le village de Cruas, mais « rien n’a été trouvé » déplore Lantouzy, le juge de Paix du canton de Rochemaure 1280 .
L’initiative et l’implication personnelle du préfet dans la menée des opérations ravissent le ministre de l’Intérieur qui l’encense dans une lettre de félicitations :
‘« Je regrette que vous vous soyez exposé personnellement à un aussi grand danger. Toutefois, il faut reconnaître que dans le temps où nous vivons, lorsque trop souvent l’autorité pèche par excès de prudence et quelques fois même par mollesse, on ne peut qu’applaudir à la conduite d’un fonctionnaire qui donne lui-même l’exemple du courage et du mépris de la mort. Un tel enseignement est bien utile dans un département comme le votre où la faiblesse des agents du pouvoir a fait trop longtemps la force des anarchistes » 1281 . ’Les événements du Pouzin mobilisent l’attention de l’autorité militaire supérieure. Le même général de division qui mettait des troupes à la disposition du préfet envisage même de se déplacer en personne afin de rencontrer le préfet :
‘« Les événements qui viennent de se passer au Pouzin m’engagent à ne plus différer la visite que je voulais faire de cette portion de mon commandement. J’ai donc l’honneur de vous annoncer qu’avant peu, je commencerais ma tournée qui me conduira à Aubenas et Privas. Je serai heureux d’entrer en relations plus intimes avec vous et d’appuyer de l’autorité que le gouvernement m’a confiée les mesures que la situation du pays réclame et qui doivent assurer partout le maintien de l’ordre et de sa consolidation. La sagesse et la fermeté de votre administration, la discipline et le dévouement des troupes sont de sûres garanties que les grands intérêts que nous avons à défendre seront tous sauvegardés » 1282 . ’Le 24 octobre, Alphonse Gent est arrêté, mettant un terme à l’odyssée du complot de Lyon 1283 .
Nom | Prénom | Année ou date de Naissance | Domicile | Profession | Condamnation |
Besson | Pierre Antoine | 12 juin 1815 à Baix | Baix | Cultivateur | 3 ans de prison à Belle-Île. |
Marion | Jean-Louis | 1826 | Coux | Mineur | Acquitté |
Pinet | Jean Pierre | 1795 | Flaviac | Cultivateur | Acquitté |
Vacheresse fils | Flaviac | Cultivateur | Acquitté | ||
Malleval | Alcibiade | 1805 | Flaviac | Cafetier | Acquitté |
Froment | Jean Auguste | 3 juillet 1817 aux Assions | Les Assions | Cultivateur | Prison. |
Malleval | Pierre | 7 avril 1821 à Privas | Privas | Cafetier | 5 ans de prison à Belle-Île. |
Esteoule | Jean Auguste | 8 décembre 1830 à Flaviac | Saint-Julien-en-Saint-Alban | Cultivateur | En fuite. |
de Soubeyran de Saint-Prix | Ernest | 1810 | Valence | Propriétaire | En fuite. |
Fait divers mentionné dans le Courrier de la Drôme et de l’Ardèche en date du 17 juillet 1850. François Simon Guérin, le chef d’atelier de cette fabrication clandestine, est traduit devant la cour d’assises de Privas le 13 juin 1850. Il est accusé aussi d’avoir tiré sur son employé qui voulait le quitter pour se mettre à son compte. Il est condamné à quatre mois d’emprisonnement et 1 000 francs d'amende. En septembre 1849, devant le tribunal correctionnel de Tournon, Pierre André Bertrand, voiturier originaire de Mirmande et domicilié à Saint-Julien-le-Roux (canton de Vernoux), écope de six mois de prison pour avoir fabriqué un kilo de poudre retrouvé lors d’une perquisition dans sa chambre.
DUMONT De MONTROY, Souvenirs de Léon Chevreau 1827-1910, ouv. cité p. 35.
Arch. dép. Ardèche. 5M10. Rapport anonyme en date du 19 août 1850.
Arch. dép. Ardèche. 5M10. Rapport anonyme en date du 29 août 1850.
Arch. dép. Ardèche. 5M10. Rapport anonyme en date du 18 août 1850.
Arch. dép. Ardèche. 5M10. Rapport anonyme en date du 1er septembre 1850.
Roger PIERRE, Ah quand viendra la Belle ? Valence, Éditions Notre temps, 1891, p. 80. Cette opération est lancée pour mettre un terme au « complot de Valence ». Voir Roger Pierre, ibid., pp. 78-82. Après cinq mois de procédure, « le tribunal de Die relaxe tous les prévenus de l’arrondissement qui avaient été inculpés à la suite de l’opération du 6 août ; il estime qu’à défaut de preuves suffisantes, il n’y a pas lieu de poursuivre l’affaire ».
Aussi orthographié Marlin.
Elle aurait été sonnée par Thérèse Champlot qui est arrêtée le 4 septembre. Au moment de l’indemnisation des victimes du coup d’État, Thérèse Champlot réside à Cruas et dépose un dossier de demande de pension dans lequel elle greffe cet événement sur la résistance au coup d’État. Sa demande est rejetée au motif de « fait antérieur ». Voir Arch. dép. Ardèche. 5M54, « notice individuelle établie dans le but d'obtenir une pension en tant que victime du 2 décembre » : « Elle sonna la cloche de l’atelier où elle était occupée lors du mouvement de résistance soulevé par le coup d’Etat. Elle fut condamnée à un an de prison qui avait été précédé d’une détention préventive de six mois. A trois enfants à sa charge. Elle n’a d’autres ressources que les secours du bureau de bienfaisance. Aurait résidé dans la Drôme au moment du coup d’Etat ».
Selon un rapport de la gendarmerie de l’Ardèche en date du 21 septembre 1850, sept à huit 8 individus impliqués dans la rébellion qui s’est produite dans la Drôme se sont retrouvés pendant la nuit dans deux maisons à Saint-Vincent-de-Barrès. Joseph Marlin aurait couché pendant trois jours chez un nommé Perrin au hameau du Serre et un jour chez Chapus, l’aubergiste de Saint-Vincent-de-Barrès. Un autre réfugié aurait résidé chez Leynaud. Arch. dép. 5M11.
Pierre-Antoine Besson né le 12 juillet 1815 à Baix est arrêté dans le cadre de cette procédure. Arch. nat. F15 3992. Extrait d’un jugement du 2ème Conseil de guerre de Lyon en date du 25 février 1851 qui déclare Besson étant en réunion de plus de 20 personnes non armées, coupable d’avoir le 2 septembre 1850 commis une attaque envers des agents de la force publique agissant pour l’exécution d'un mandat de justice au hameau de Saulce.
Le Courrier de la Drôme et de l’Ardèche en date du 26 août 1851 qui suit les débats du procès des prévenus du complot de Lyon publie la déposition du préfet de l’Ardèche qui témoigne : « A la même époque la situation de mon département se compliqua d’autres événements qui se passèrent dans un département voisin. A la suite de ces événements, les fugitifs se réfugièrent dans l’Ardèche. Il y eut des saisies de poudre. Des visites domiciliaires furent faites notamment chez Besson où l’on trouva une lettre qui commençait par ses mots : “je t'envoie de la graine d'oignon, nous en aurons bientôt besoin. La lettre était signée de six consonnes séparées les unes des autres par des points”. A la lettre étaient joints des emblèmes et des mots de ralliement ».
Philippe VIGIER, La Seconde République dans la région alpine, ouv. cité, p. 288.
Louis de Rostolan, né le 31 juillet 1791 à Aix, mort à Puyricard le 2 décembre 1862. Commandant en chef de l’armée expéditionnaire de Rome en 1849.
Arch. dép. Ardèche. 5M10. Le général commandant de la 8e, 9e, 10e division militaire de Montpellier au préfet en date du 11 septembre 1850.
Arch. dép. Ardèche. 5M10. Rapport anonyme en date du 18 août 1850.
Arch. dép. Ardèche. 5M13. Ordre de réquisition du Préfet de l’Ardèche en date du 24 septembre 1850 à l’attention du capitaine commandant de la gendarmerie pour intervention au Pouzin. « Une société secrète existe au Pouzin. Ferdinand Michelon en est le chef. Composée de Gayte, dit « Provençal », Bedon ancien tonnelier, Faure taillandier, Bousquainaud, Jacques Castagnier, dit « Forban », Charles Valette, Jean Astier ».
Ordre de réquisition du Préfet, ibidem : « Des fusils de chasse, des fusils de la garde nationale, plusieurs pistolets chez Vigier à Baix, des armes et de la poudre chez Perrin, aubergiste à Cruas, […]. Des munitions de guerre chez Valentin aubergiste ».
Chez l’aubergiste Valentin, par exemple, « la remise donne sur le quai. Au fond de la remise, se trouve un escalier adapté au mur, à droite de cet escalier se trouve l’ouverture d’une cave… » . Ordre de réquisition du préfet, ibidem.
Détails de l’opération dans DUMONT De MONTROY, Souvenirs de Léon Chevreau 1827-1910, ouv. cité, p.36.
Joseph François Gayte, dit « Provençal », né vers 1819 à Fayence dans le Var. Charpentier et cabaretier au Pouzin.
Fabien Casimir Soubeyrand, dit « le Zouave » (a servi en Afrique), né vers 1819 à La Voulte. Maçon au Pouzin.
DUMONT De MONTROY, ibidem.
Arch. dép. Ardèche. 5M Le général des 8e, 9e et 10e division militaire en date du 28 septembre 1850 pour informer le préfet que le 21 octobre 1850, « Fabien Soubeyrand âgé de 32 ans qui avait échappé à son arrestation en se jetant dans le Rhône a été arrêté à Lyon, porteur d'un faux passeport délivré le 8 octobre dans les bureaux de la mairie de Privas. Passeport délivré au nom de Toussaint Bois, cultivateur résidant à Chomérac. Le 27 décembre 1850, Fabien Soubeyrand est jugé devant la cour d’assises de l’Ardèche. Il est reconnu coupable de fabrication de poudre de plus de 2kg et condamné à un mois de prison, 700 francs d’amende avec contrainte par corps. Le tribunal n’a pas reconnu le chef de l’accusation de l’usage de faux passeport, ni la tentative d’homicide commise sur le préfet si l’on se réfère à l’extrait du rapport moral et politique du procureur général de la cour d’appel de Nîmes en date du 4 octobre 1850 : […] Au Pouzin, acte de rébellion très grave commis envers le préfet de l’Ardèche par Fabien Soubeyrand. Cet homme tenta de faire feu sur le préfet. Le courageux fonctionnaire détourna l’arme et menaça Soubeyrand de ses pistolets […] ».Arch. Nat série BB30 382. Les Souvenirs de Léon Chevreau, n’y font pas référence non plus : « Soubeyran, vêtu d’un pantalon et d’une chemise de couleur, chercha à s’élancer dans la rue. “Au nom de la loi, je vous arrête !” lui dit mon frère en le saisissant avec force. Mais Soubeyran se jeta violemment de côté, sa chemise déchira, et d’un seul bond, il fut hors d’atteinte », DUMONT De MONTROY, p. 36.
DUMONT De MONTROY, idem, p. 37.
Arch. dép. Ardèche. 5M11. Rapport de Lantouzy, juge de Paix du canton Rochemaure en date du 26 septembre 1850 suite à l’intervention de Cruas.
Arch. dép. Ardèche. 5M13. Le ministre de l’Intérieur au préfet en date du 1er octobre 1850, suite à l’expédition menée au Pouzin contre les insurgés de Saulce et de Cliousclat.
Arch. dép. Ardèche. 5M13. Le général de Rostolan commandant supérieur de la 8e, 9e et 10e division militaire de Montpellier au préfet. Son arrivée à Privas est mentionnée dans le Courrier de la Drôme et de l’Ardèche en date du 27 octobre 1850.
L’article de Marcel DESSAL publié en 1951 dans 1848, Revue des révolutions contemporaines développe cet aspect là. « Rédigé par le substitut du Procureur général, il [l’acte d’accusation] faisait surtout état de la correspondance saisie et des dépositions des témoins à charge. Ces lettres et ces témoignages prouvaient selon les magistrats instructeurs que Gent avait été le chef d’un complot visant à renverser le gouvernement par le moyen d’une insurrection qui devait éclater au mois de novembre et dont le signal devait partir de Marseille et de Toulon 20. [Note 20. D’après le rapport du procureur général, l’insurrection devait éclater d’abord dans l’arrondissement d’Apt, où 6 000 démocrates devaient se rallier sur la montagne du Leberon (sic). Le président de l’association montagnarde d’Apt, un horloger nommé Hubert qui était chargé de diriger le mouvement, avait prévenu le sous-préfet. Il avait d’abord indiqué que l’ordre devait venir de Gent, mais s’était par la suite rétracté sur ce point]. Les insurgés devaient s’emparer de ces deux ports et se mettre ainsi en relation avec la flotte et l’Algérie. Ils devaient aussi se rendre maîtres des frontières de Suisse et de Savoie avec l’aide des réfugiés français de Genève, “ entraîner par cette explosion les mouvements des départements du sud-ouest […] celui des départements de l’est […] déterminer par la suite le soulèvement de la France, et notamment des grands centres de population dont les garnisons auraient été affaiblies par la nécessité de porter secours aux divers points ”. L’acte d’accusation faisait également état des troubles du Midi et affirmait qu’ils étaient liés au complot ». Dans Marcel DESSAL, « Le Complot de Lyon et la résistance au coup d’État dans les départements du Sud-Est », Revue d'histoire du XIXe siècle, 2001-22, [En ligne], déjà cité.