Cet ancien bastion sans-culotte sous la Révolution 1309 , « refuge du républicanisme prononcé » 1310 s’est très vite fait remarqué. Le ministère de l’intérieur avait eu son attention attirée sur l’agitation de cette bourgade des bords du Rhône au moment de la préparation des législatives du mois de mai 1849. L’arrivée de Paul Mathieu Laurent, candidat aux législatives, avait suscité l’enthousiasme révolutionnaire du menuisier d’Antoine Molurier qui s’était exprimé sous la forme d’une petite chanson 1311 . Le commissaire de police ayant procédé à son arrestation n’avait retenu que les paroles : « L’échafaud, le poignard contre les riches » 1312 . Antoine Molurier fréquentait un cercle démocratique créé le 20 novembre 1848, et qui tenait séance deux fois par semaine de 19h à 22 h salle de l’Univers, place Saint-Polycarpe puis, en 1850, dans le débit de boisson tenu par le serrurier Henri Jaume. On pouvait aussi y croiser le coutelier Jean Palanque 1313 ; l’orfèvre Denis Michel Maurice qui avait épousé en 1825, Marie Mélanie Laurent, la sœur de Laurent de l’Ardèche ; le meunier Michel Prat 1314 et nombre d’artisans des métiers du bois (menuisiers, ébénistes) aux spécialistes du travail du métal en passant par les représentants de la filière cuir et les « services ». Le cercle Jaume est encore l’un des rares lieux de réunion dans lequel la formule « Salut et fraternité » 1315 est encore de rigueur et qui marque bien l’esprit de ses membres inspirés par l’esprit des barricades de février 1848. Le 7 juillet 1850, le président du cercle, Maurice, proteste contre la décision prise par le préfet pour fermer le cercle, « décision qu’ils regardent comme violatrice d’un droit reconnu aux citoyens par la constitution et spécialement par l’article 14 de la loi du 28 juillet 1848 » mais, en bons républicains, les membres du cercle s’inclineront :
‘« Du reste, résignés à subir la mesure arbitraire dont vous les frappez dans leur droit et leur liberté, les fondateurs du cercle Jaume vous déclarent qu’il leur convient, quant à présent, de se borner à cette simple protestation » 1316 . ’La diminution des espaces de liberté, les mesures jugées arbitraires des autorités provoquent ici comme ailleurs des réactions en chaîne de protestations. Cependant à Bourg-Saint-Andéol, les réactions sont plus démonstratives, plus épidermiques et la mobilisation plus prompte à se mettre en place, surtout en cette année 1850.
Déjà en mars 1850, le juge de paix du canton avait cru assister à une « scène de désordre qui rappelle les plus mauvais jours qui suivirent la révolution de février », lorsque le 28 mars, un rassemblement de plusieurs centaines de personnes au nombre duquel figurait un nombre important de femmes et d’enfants se portait à la rencontre de Félix Bonnaud, acquitté dans une affaire en justice à caractère politique 1317 . Certains participants avaient masqué leurs visages à l’aide de mouchoirs. La Marseillaise, entonnée à plusieurs reprises, ponctuait la marche entrecoupée « d’ignobles couplets patois dirigés contre les carlistes » 1318 . Des cris plébiscitant la Montagne et Bonnaud scandaient la manifestation. La procession fit le tour de la ville et se rendit en suivant l’artère principale de la ville sur les quais du Rhône. Arrivée sur place, elle s’organisa en cercle et les chants redoublèrent d’intensité 1319 sans tenir compte des injonctions des gendarmes. Mais, sommé de se séparer « au nom de la loi » par le juge de paix, le rassemblement « se dispersa comme par enchantement et force resta à la loi » 1320 . Si les « paroles de conciliation » 1321 prononcées par le juge de paix avaient produit immédiatement leur effet, « les montagnards » ne sont pas toujours enclins à respecter aussi promptement les ordres des autorités. Le 18 juillet, un capitaine d’artillerie doit passer en revue les armes de la garde nationale placé sous le commandement de Placide Prat. Une dizaine de jours avant la date fixée, le commissaire de police avertit le préfet des risques de collusion qui pourraient nuire au bon déroulement de la cérémonie :
‘« Cette revue, disent les rouges, n’est autre chose qu’un désarmement et comme la majeure partie des armes sont entre leurs mains, ils se disposent à refuser de les faire voir, et même à résister à toute demande. J’ai prévenu M. le maire qui m’a paru approuver ce refus. Il doit y avoir une revue dimanche prochain. Cette revue de préparation a pour but de donner le mot d’ordre aux rouges afin qu’ils puissent être réunis au premier signal » 1322 . ’L’autorité du commissaire de police est souvent méconnue et la considération liée à son statut peu souvent respectée. Le 22 août 1850, au moment de la distribution des prix de la communale, il est gravement insulté par Germain Buffel, un cousin germain du représentant Laurent de l’Ardèche. Le conflit a éclaté au sujet de la remise d’une clé permettant d’accéder à l’établissement par une porte située à l’arrière du bâtiment. Germain Buffel voulait faire rentrer son épouse par cette entrée afin de lui éviter la foule. Devant le refus du commissaire de lui confier cette clé, il s’emporte :
‘« Tu me la donneras Jean Foutre de commissaire. Me la donnes-tu ou je vais te foutre quelque chose ! » 1323 . ’Un mois plus tard, le 17 et le 18 septembre, le commissaire de police intervient à l’occasion de charivaris organisés par les jeunes à l’occasion du mariage de deux veufs. Deux soirs de suite, sous les fenêtres des époux, des instruments « plus bruyants les uns que les autres » se déchaînent accompagnés de « chants provocateurs et insultants pour les mariés ». Comme le divertissement se poursuivait chaque soir à une heure fort avancée de la nuit, le commissaire de police vient solliciter le calme et la dispersion des attroupements. Malgré ses sommations, la foule n’a pas voulu obtempérer 1324 . Face à ce nouvel affront, le commissaire, joue la carte de la prudence :
‘« Il est plus que probable qui si nous eussions voulu user de nos armes pour repousser les rassemblements nous eussions éprouvé une grande résistance que nous n’aurions pu maîtriser entre nous six. Nous avons cru prudent d’attendre le moment propice de prendre les noms de ceux que nous n’avons pu reconnaître. Et une punition exemplaire fera plus d’effet que nos armes à feu et surtout celles de dix hommes contre 300 assez décidés et poussés et même conduits par leurs chefs Mandin 1325 et Jaume » 1326 . ’Effectivement, huit prévenus comparaissent en octobre 1850 devant le tribunal correctionnel de Privas. Seuls Jean-Louis Décolland, 25 ans, marinier, et Jean Pierre Imbert, 18 ans, sont reconnus coupables et condamnés à six jours de prison assortis de 47 francs de frais de justice 1327 .
C’est dans ce climat d’effervescence que le procureur de la République délivre, le 18 novembre 1850, un mandat de perquisition des domiciles de Félix Bonnaud, Michel Prat et Denis Michel Maurice. Les perquisitions au domicile de Bonnaud et de Prat pratiquées par le juge de paix et le commissaire de police n’ont donné aucun résultat. Par contre, la « visite domiciliaire » chez Maurice a été plus fructueuse : la carte de visite d’un certain Montani, ancien membre de la constituante romaine avec l’adresse de sa résidence à Lyon et une liste de noms au crayon sur laquelle Maurice n’ a pu donner d’explication satisfaisantes 1328 . Ces découvertes permettent au parquet d’établir un mandat d’amener contre Maurice, accusé de faire partie d’un des comités révolutionnaires du Rhône en relation avec le complot de Lyon. L’annonce de son arrestation provoque une mobilisation sans précédent à Bourg-Saint-Andéol. Alors que le tocsin sonné par le cordonnier Henri Dominique Taravel 1329 ameute les populations, des barricades apparaissent en différents points de la ville. L’une d’entre elles neutralise le pont qui enjambe le Rhône et interdit toute communication avec la Drôme, une autre est édifiée à la sortie nord de la ville et bloque le couloir de circulation de la rive droite du Rhône. La troupe de ligne ayant voulu les réduire a essuyé plusieurs attaques en provenance des toits. Ernest Flandin, un propriétaire bien en vue de la ville dont les convictions républicaines ne peuvent pas cautionner de tels agissements contraires aux règles du droit, use de son influence pour tenter de calmer l’effervescence de la population 1330 . Peine perdue. Bien abrités derrière les cheminées, les insurgés poursuivent le harcèlement des militaires. Jets de pierres et coups de fusils atteignent parfois leur cible. Le capitaine de gendarmerie Capdeville qui dirige les manœuvres reçoit une pierre en pleine figure et voit sa manche gauche traversée par une balle 1331 . Jean Alexis Hours, le garde champêtre révoqué en avril 1850, affronte le commissaire de police. A l’issue du combat, Hours s’effondre, mortellement blessé par un coup d’épée en pleine poitrine 1332 . Quatre-vingt dix hommes de troupe de la garnison de Pont-Saint-Esprit viennent renforcer les forces déjà sur le terrain. « La troupe a rendu feu pour feu » note le procureur de la République dans son rapport 1333 . Selon Le courrier de la Drôme et de l’Ardèche daté du 21 novembre :« en quelques minutes tout fut emporté à la suite de plusieurs coups de mousqueton tirés par la gendarmerie » mais l’effectif sur place est complété le soir par une centaine d’hommes d’infanterie de Montélimar détachée de la garnison par le général commandant l’état de siège dans la Drôme. Dix jours plus tard, le dispositif est renforcé par l’envoi supplémentaire de trois cents fantassins en provenance d’Uzès 1334 . De nombreuses arrestations sont opérées dans les semaines qui suivirent l’insurrection et le 2 décembre 1850, un arrêté du ministère de l’Intérieur décrète :
‘« La rébellion dont une partie de la population de Bourg-Saint-Andéol s’est rendue coupable en s’opposant par la force à l’exécution des ordres de la justice et les déplorables événements qui en ont été les résultats m’ont démontré l’impossibilité de maintenir plus longtemps les habitants de cette commune à l’état de gardes nationaux armés ». ’En conséquence, la dissolution de la garde nationale espérée par le commissaire de police depuis le mois d’avril 1849, est officialisée. Une vingtaine de prévenus comparaissent devant le tribunal de la cours d’assises de Privas le 1er mars 1851. Dix-huit sont remis en liberté, le 5 avril 1851, par arrêt de la cour pendant que quatre condamnations à de la prison ferme sont prononcées 1335 .
1850 voit une croissance exponentielle des actes de rébellion contre la gendarmerie mais l’hostilité croissante envers les forces de l’ordre n’exclut toutefois pas les connivences. L’indiscipline constatée de la garde nationale qui refuse parfois d’agir contre les intérêts des populations pourrait être interprétée comme une violation de l’article 101 de la constitution du 4 novembre 1848 qui stipule :
‘« La force publique est instituée pour défendre l’Etat contre les ennemis du dehors, et pour assurer au-dedans le maintien de l’ordre et l’exécution des lois. - Elle se compose de la garde nationale et de l’armée de terre et de mer » 1336 . ’Le sous-préfet de Largentière s’interroge aussi « sur le concours dévoué du lieutenant de gendarmerie » 1337 , ami du juge d’instruction Carcassonne qui ne « fait pas mystère de ses opinions avancées » 1338 . De plus, le lieutenant a la fâcheuse habitude de fréquenter Ferdinand André qui tient un café à Largentière réputé pour sa clientèle de « démocrates ardents ». Au milieu de ces buveurs, le lieutenant de gendarmerie parle trop, commentant les intentions et les actes des autorités et cela aurait des conséquences inopportunes : le frère de Ferdinand André, Victor Amédée, « compagnon ordinaire des Mazon, se trouve de la sorte renseigné » 1339 . Le commissaire de police de Bourg-Saint-Andéol confirme ces entorses au devoir de réserve et ne s’étonne pas que les gendarmes hésitent à arrêter les personnes avec qui elles trinquaient la veille dans les cabarets de la ville 1340 . A Bourg-Saint-Andéol, il y aurait aussi l’exemple édifiant du commissaire de police de Pierrelatte qui, de passage dans la ville en mars 1851, aurait été vu dans plusieurs cafés en compagnie de Félix Bonnaud. Affichant clairement leurs opinions en portant ostensiblement autour du cou une cravate rouge, les deux hommes auraient conjointement « fait de la propagande socialiste et auraient débité les propos les plus injurieux contre le gouvernement » 1341 . Il ne s’agit peut être là que d’une manière trompeuse d’informer qui, colportée par la rumeur publique, participerait à la déstabilisation des autorités locales de plus en plus malmenées. La tension monte et les risques de dérapages ne sont pas exclus de part et d’autre. Ainsi, le maire de Saint-Laurent-du-Pape (canton de La Voulte) transmet au préfet la copie d’un procès verbal adressé au procureur de la République pour lui faire part des doléances de quelqu’un de ses administrés ayant eu à se plaindre des faits de la gendarmerie de La Voulte, au début du mois de novembre 1850. Au cours d’un contrôle d’une carriole chargée de châtaignes, le pasteur Démagnin aurait été couché en joue par un gendarme en état d’ivresse. Il aurait exprimé son indignation, ce qui lui aurait valu d’être brutalisé par les représentants de l’ordre 1342 . Les actes d’insubordination s’accompagnent maintenant de violences physiques contre les représentants de l’ordre qui se traduisent sous la forme de jets de pierres voire de tentative d’assassinat. Les barricades de Bourg-Saint-Andéol ont annoncé un changement dans la conception de percevoir les rapports avec les forces de l’ordre. En ce mois de novembre 1850, une limite marquant le passage à un autre état d’opposition a été franchie. Les barricades qui pouvaient fleurir dans les grandes métropoles industrialisées apparaissent maintenant dans un petit bourg du sud de l’Ardèche et avec elles la volonté ferme et décidée de résister par les armes. Si les populations s’étaient contentées de manœuvres d’intimidation pour faire relâcher les prisonniers, après novembre 1850, on sait désormais qu’il est possible de tourner les carabines en direction des autorités.
Jacky BEAU, Jean-Louis ISSARTEL, René GASPIN, Les Chemins de la Révolution. Bourg-Saint-Andéol, un bastion sans-culotte sous la Révolution, Fédération des Œuvres Laïques avec le concours du Comité du Bicentenaire de la Révolution française de Bourg-Saint-Andéol, 1988, 364 pages.
Michel VOVELLE, « Préface » dans Jacky BEAU, Jean-Louis ISSARTEL, René GASPIN, idem, p. 10.
Voir précédemment : III La pratique du suffrage universel en Ardèche. 3°) Les élections à l’Assemblée législatives du 13 mai 1849.
Arch. dép. Ardèche. 5M11. Rapport du commissaire de police de Bourg-Saint-Andéol en date du 15/20 avril 1849.
Signalé par le commandant de gendarmerie de l’Ardèche en date du 13 décembre 1851 qui « transmet les états des chefs démagogiques, de leurs principaux affiliés, des meneurs socialistes, qui dans un moment de journées peuvent pousser à l'insurrection ou à la révolte dressés par les chefs de brigade ».
Désigné sous le nom de Prat fils précédé parfois de deux prénoms : Jean Michel ou Louis Michel Prat. Il se pourrait qu’il y ait eu confusion avec les prénoms de son père. Dans l’état civil de Bourg-Saint-Andéol série 4E 42 27 l’extrait de naissance est établi au nom de Louis Michel Prat et l’extrait de décès au nom de Jean Michel Prat. Louis Michel Prat est né le 28 mars 1823 à Bourg-Saint-Andéol de Jean Michel Prat (1800-1857), cultivateur et de Louise Valette Thérèse (1801). Il est décédé le 9 juillet 1854 en Algérie, A Saint-Denis-du-Sig.
Arch. Départ. Ardèche 4MP 127 : lettre de Prat, Bonnaud, Bertrand, Charrière, Antoine Imbert en date du 21 avril 1850 pour informations au maire : « La réunion se tiendra à partir du 15 juin 1850 chez Henri Jaume serrurier, place du Champ de Mars. Objet : la lecture des journaux. Salut et fraternité ».
Lettre de protestation de Maurice, président du cercle Jaume, au préfet en date du 7 juillet 1850.
Au moment de la campagne législative des élections partielles, Félix Bonnaud soutenait le candidat de la Montagne, Hyppolite Carnot. La veille du scrutin, il prononce un discours. Le commissaire de police de Bourg-Saint-Andéol adresse au préfet un rapport le 8 juillet 1849 : « rassemblement d’une centaine de personnes réunis à la place de la concorde près de l’hôtel de ville pour entendre un discours de Bonnaud. Il s’est permis des propos les plus injurieux contre les personnes et contre le gouvernement ».
Arch. dép. 5M13. Le juge de paix du canton de Bourg-Saint-Andéol au préfet en date du 29 mars 1850. Le procès verbal de la gendarmerie a enregistré les paroles licencieuses : « Les carlistes sont malades nous les mettrons à l’hôpital, nous les ferons manger du son et de la litière ».
Procès verbal de la gendarmerie, idem.
Le juge de paix, ibidem.
Le juge de paix, ibidem.
Arch. dép. Ardèche. 4MP 127. Le commissaire de police en date du 5 juillet 1850. Dans son rapport du 15 juillet 1850, le commissaire de police confirme ses impressions : « Une réunion hier dans l’après-midi de près d’une centaine d’individus dans une propriété appartement au père de Bonnaud,vice président du club. Cette réunion m’a-t-on assuré avait pour but de s’entendre et décider si les armes qu’ils ont entre leurs mains appartenant à la commune seraient portées à la vérification qui doit avoir lieu le 18. Il a été décidé à l’unanimité qu’elles ne seraient pas portées et qu’en cas de désarmement, ils résisteraient de toutes leurs forces ».
Arch. dép. Ardèche 6M53. Rapport du commissaire de police de Bourg-Saint-Andéol en date du 22 août 1850. Germain Buffel, 60 ans, est traduit devant le tribunal correctionnel de Privas au mois d’octobre 1850 pour répondre de ses actes. Il est relaxé.
Arch. dép. Ardèche 6M53. Rapport du commissaire de police de Bourg-Saint-Andéol au préfet en date du 19 septembre 1850.
Le cabaret de Mandin a été plusieurs fois signalé aux autorités et son nom était mentionné dans la « Liste de lieux publics à interdire aux militaires dans les gîtes d’étapes du département ».
Arch. dép. Ardèche 6M53. Rapport du commissaire de police de Bourg-Saint-Andéol en date du 19 septembre 1850.
Ont été également cités à comparaître : Jean Alexis Hours, Théodore Jaume, 20 ans, Andéol Mirabel, Jean Casimir Hugon, Calixte Taupenas.
Arch. dép. Ardèche 5M13. Justin Bercy, procureur de la République, en date du 18 novembre 1850.
Arch. dép. Ardèche 2U 31.
Arch. dép. Ardèche 2U 59. Interrogatoire de Flandin par le juge d’instruction du tribunal de grande instance de Privas.
Le capitaine Capdeville a été décoré pour son action lors des événements du 18 novembre 1850, mais le 15 mars 1851, il se suicide dans son bureau. Le bruit se répand qu’il aurait commis cet acte par la crainte de comparaître aux assises pour la manière dont il aurait conduit les opérations de reprise de la ville de Bourg-Saint-Andéol. Il n’aurait pas supporté de voir son action blâmée au regard de l’opinion publique. Le commissaire de police penche plutôt pour la thèse d’un suicide pour l’honneur. Capdeville aurait reçu trois lettres anonymes qui stigmatisaient sa conduite du 18 novembre : « il porterait la décoration pour avoir fait tirer sur le peuple inoffensif ». Arch. dép. Ardèche 5M13. Rapport du commissaire de police de Bourg-Saint-Andéol en date du 18 mars 1851.
Une autre version est donnée par le frère du préfet dans ses « souvenirs » : « Chacun cherchait la clé de ce sanglant mystère, lorsque le Procureur Général ayant jeté les yeux sur une lettre tombée à terre, demanda qu’on le laissa seul avec le Préfet. La lettre, signée de chiffres cabalistiques, était à peu près ainsi conçue : “Nos camarades de Paris nous avaient dit que tu étais des nôtres ; on t’a remis plusieurs fois des lettres qui émanaient du Comité Central. Et voilà que tu nous as trahis au Bourg-Saint-Andéol. Tu as porté la main sur tes frères ! Tu as obéi au préfet de Bonaparte ! Demain, en pleine Cour d’Assises, ceux que tu as fait asseoir sur le banc des accusés divulgueront ton infamie. Malheur à toi ! Notre vengeance saura t’atteindre”. Cette monstrueuse situation d’un Capitaine de gendarmerie, en rapport avec le Comité central révolutionnaire de Paris, n’était malheureusement que trop vraie. Le procureur Général en eut la preuve par l’examen des papiers qu’il trouva dans le secrétaire du suicidé ». DUMONT De MONTROY, Souvenirs de Léon Chevreau 1827-1910, ouv. cité, p.40.
Jean Alexis Hours, marié en 1832 et père de cinq enfants, est né le 28 juin 1811 à Bourg-Saint-Andéol. Décédé de sa blessure le 18 novembre 1850. Sellier en 1839, son acte de décès mentionne la profession de marbrier.
Arch. dép. Ardèche 5M13. Rapport de Justin Bercy, procureur de la République, idem.
Arch. dép. Ardèche 5M13. Le ministère de l’Intérieur en date du 28 novembre 1850.
Voir en annexes la liste des inculpés arrêtés et jugés le 1er mars 1851 par la cour d’assises du département dans le cadre des événements survenus le 18 novembre 1850 à Bourg-Saint-Andéol, p. 218.
Ces actes d’indiscipline ne sont pas propres à la période de la Seconde République. Jean Régné avait fait état de réactions semblables sous la Monarchie de Juillet : « Plus qu’a Annonay, plus qu’à Tournon, l’opposition antimonarchiste de 1833 revêt une forme plus grave à Largentière. Le 7 octobre 1833, le sous-préfet de Largentière avait demandé au commandant de la garde nationale un piquet de 50 hommes pour parer aux désordres qui se préparaient contre le séjour du député de l’arrondissement Paulin Madier de Montjau. Trois ou quatre hommes se présentèrent. Le 16 octobre 1833, un arrêté préfectoral suspend la garde nationale », cité dans Jean RÉGNÉ, La pénétration des idées, ouv cité, p. 12.
Arch. dép. Ardèche 5M13. Rapport du sous-préfet de Largentière en date du 16 mars 1850, déjà cité.
Arch. dép. Ardèche 5M11. Rapport du sous-préfet de Largentière en date du 23 mars 1850 sur les élections législatives partielles du 10 mars 1850.
Arch. dép. Ardèche 5M13. Rapport du sous-préfet de Largentière en date du 16 mars 1850.
Arch. dép. Ardèche 5M13. Le commissaire de police de Bourg-Saint-Andéol au préfet en date du 29 mars 1850. « Les gendarmes n’ont reconnu aucun chanteur ce qui n’est pas probable car les gendarmes qui sont assez au cabaret avec ceux que je suppose avoir chanté, ils ont du en reconnaître quelques uns. Moi qui connaît la gendarmerie elle n’a pas osé approcher la troupe et voila pourquoi elle n’a reconnu personne ».
Arch. dép. Ardèche 5M13. Le commissaire de police de Bourg-Saint-Andéol au préfet en date du 17 mars 1851.
Arch. dép. Ardèche 5M13. Le maire de Saint-Laurent-du-Pape au préfet en date du 8 novembre 1850.