A – « Résistance (s) »

Résistance ! Deux représentations fortes émergent des profondeurs d’une tradition mémorielle. Tout d’abord, une inscription gravée sur la margelle d’un puits d’une prison et qui renvoie à la figure emblématique de cette prisonnière de la tour de Constance à Aigues-Mortes : Marie Durand. Ensuite, « La Résistance » de la Seconde guerre mondiale, la Résistance dont le volume des publications sur le sujet depuis 50 ans est impressionnant : plus de 2 000 titres inventoriés par l’un des spécialistes de la question, Jean-Marie Guillon  1372 . Le concept de résistance a été largement revisité par les historiens du XXe siècle  1373 et l’IHTP  1374 en a été la cheville ouvrière. Six colloques  1375 se sont attachés à définir les multiples facettes des résistances, s’évertuant à transformer en objet historique ces engagements d’hommes et de femmes dont l’itinéraire est souvent balisé de souffrances, de sang et de larmes. Les acquis historiographiques, le renouvellement des problématiques et du questionnement dégagés lors de ces rencontres ont servi de fil d’Ariane pour encadrer les réflexions qui animèrent les colloques nationaux ou internationaux des années 2000  1376 . Ces « Images collectives de la Résistance »  1377 montrent toute la difficulté d’écrire l’histoire avec sa nécessaire mise à distance d’un passé dont les braises des enjeux politiques, communautaires et identitaires couvent encore sous la cendre  1378 . Dès l’introduction de sa communication au colloque de Dijon, Jean-Marie Guillon rappelait :

‘« Cette façon de faire et d’écrire l’histoire implique une distance, un style, un choix de mots, un appareil critique que l’on prend trop facilement pour une sorte de détachement. Autant dire que cette démarche qui est de l’Histoire en tant que discipline des sciences humaines […] ne s’ajuste pas facilement avec celle que d’autres pratiquent et qui correspond généralement à ce qu’entend par histoire le sens commun. Journalistes et écrivains, responsables politiques et militants des associations d’anciens résistants ou déportés, témoins et acteurs interviennent, chacun à leur façon, avec d’autres mots, d’autres perspectives et dans un autre cadre »  1379 . ’

Les problématiques et les avancées de ces recherches pourraient servir de plate-forme de départ pour tenter d’approcher l’insurrection de 1851.

Notes
1372.

Jean-Marie GUILLON, « La Résistance, 50 ans et 2 000 livres après », pp. 27-43 dans Jean-Marie GUILLON et Pierre LABORIE [Dir.], Histoire et Mémoire : la Résistance, Actes du colloque de Toulouse, 20-22 décembre 1993, Toulouse, Privat, 352 p.

1373.

Pour une synthèse récente de l’historiographie de la Résistance, voir Laurent DOUZOU, La Résistance française : une histoire périlleuse. Essai d’historiographie, Éditions du Seuil, 2005, 365 p.

1374.

L’Institut d’Histoire du Temps Présent a été fondé en 1978 et dirigé par François BÉDARIDA, jusqu’en décembre 1990. Robert FRANK, professeur d’histoire des relations internationales à Paris-I, lui a succédé de 1990 à 1994 avant de laisser la direction à Henry ROUSSO, directeur de recherche au CNRS.

1375.

Mémoire et Histoire : la Résistance, Toulouse, du 16 au 18 décembre 1993, co‑direction : Jean-Marie GUILLON et Pierre LABORIE ; La Résistance et les Français. Enjeux stratégiques et environnement social, Rennes, du 29 septembre au 1er octobre 1994, co‑direction : Christian BOUGEARD et Jacqueline SAINCLIVIER ; La Résistance et les Européens du Nord, Bruxelles, du 23 au 25 novembre 1994, direction : Robert FRANK et José GOTOVITCH ; La Résistance et les Français. Lutte armée et maquis , Besançon, du 15 au 17 juin 1995, co‑direction : François MARCOT et Janine PONTY de l’Université de Besançon, Marcel VIGREUX et Serge WOLIKOW de l’Université de Dijon ; La Résistance et les Français : villes, centres et logiques de décision, École normale supérieure de Cachan, du 16 au 18 novembre 1995, organisation : Laurent DOUZOU, Robert FRANK, Denis PESCHANSKI, Henri ROUSSO et Dominique VEILLON ; La Résistance et les Européens du Sud, Aix‑en‑Provence, du 20 au 22 mars 1997, direction : Jean-Marie GUILLON et Robert MENCHERINI.

1376.

Bretagne et identités régionales pendant la Seconde Guerre mondiale, Brest, novembre 2001, organisation Christian BOUGEARD ; Les courants politiques et la Résistance : continuités ou ruptures ?, Luxembourg, avril 2002 ; Les résistances, miroirs des régimes d'oppression (Allemagne, Italie, France), colloque international de Besançon du 24 au 26 septembre 2003, organisation : Musée de la résistance et de la déportation de Besançon, Université de Franche-Comté et Université Paris-X, avec le concours du Ministère de la Défense (Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives), sous la direction de François MARCOT et Didier MUSIEDLAK.

1377.

Images collectives de la Résistance, Colloque de Dijon 1995, Serge WOLIKOW [Dir.], coordination Stéphane GACON et Jean VIGREUX. Publication Institut d’histoire contemporaine, 1997, Dijon.

1378.

Pour une étude historiographique du sujet voir Laurent DOUZOU, La Résistance française : une histoire périlleuse. Essai d’historiographie, Éditions du Seuil, 2005, 365 p.

1379.

Jean-Marie GUILLON, « L’histoire de la Résistance et ses écritures », dans Images collectives de la Résistance, Colloque de Dijon 1995, p 19-26.