2°) « Empêcher ou d’interdire toute démonstration tumultueuse » : les représentants de l’autorité face à l’escalade des refus d’obtempérer

Le 5 décembre 1849, article 1 : « les chants, danses, promenades ou farandoles sur la voie publique, avec ou sans drapeau et tambours sont interdits de jour et de nuit », article 2 : « sont interdits les chants, déclamations, parades et concerts dans les cabarets, cafés, estaminets, débits de boissons et autres établissements publics ». Cet arrêté « torpille » les manifestations traditionnelles dans lesquelles la liesse populaire s’exprimait avec musique et farandoles. Le 23 février 1850, les banquets sont interdits. Cette mesure s’appuie sur une circulaire du ministre de l’Intérieur en date du 26 janvier 1850 et sur une interprétation de la loi du 19 juin 1849. Le sous-préfet de Largentière approuve la mesure :

‘« Il importe d’empêcher ou d’interdire toute démonstration tumultueuse, toute réunion qui vous semblerait incompatible avec le bon ordre ou qui serait de nature à exalter les mauvaises passions »  1410 . ’

Trop d’autorité tue l’autorité et exaspère les populations. De Miraval, le suppléant du juge de paix du canton de Rochemaure, intervient le dimanche 21 juillet 1850 dans un café de Meysse et, se plantant devant un groupe de consommateurs, leur demande impérativement de cesser de chanter ces chants « proférés avec force et passion »  1411 dont le refrain « frères, allons aux frontières, mettons eu bout de nos fusils Changarnier et Radezki » est une offense pour le gouvernement. Un ancien militaire répondant au nom d’Alexandre Dumas lui rétorque qu’il n’est point défendu de chanter et il va, avec ses amis, faire payer au suppléant du juge de paix son excès d’autorité en appuyant sur le point sensible qui irrite le magistrat. Ce dernier raconte au procureur de la République la nuit agitée qu’il a passée :

‘« A minuit passé, douze personnes passent et repassent en corps dans les divers quartiers en chantant avec force la même chanson. M’étant levé, je leur déclare qu’ils étaient pris en faute et que je remplirais mon devoir. Ce dont ils n’ont fait aucun cas et s’étant arrêté à cinq ou six mètres de ma croisée, ils ont répété avec plus de force encore à diverses reprises le même refrain cherchant à braver ainsi toute autorité »  1412 . ’

A Vallon, une affaire similaire dégénère au mois de janvier 1851 lorsque le commissaire de police  1413 entreprend de faire sortir du café Villard, trois clients : Fortuné Sébastien Coulet, ancien notaire, âgé d’une quarantaine d’années, le jeune Jean Pouget âgé de 17 ans et un dénommé Chabassol. Dans la même soirée, le commissaire de police retrouve les trois personnages dans la rue et les somme de se retirer chez eux. Sébastien Coulet lui réplique : « Si nous voulons ! ». Devant cette réponse jugée inconvenante et impertinente, le commissaire veut faire valoir le respect dû à sa fonction. Il saisit Coulet au collet pour le mener en prison, mais, c’était sans compter sur l’intervention de ses deux amis qui lui prirent chacun un bras pour l’empêcher de l’arrêter. Après plusieurs sommations et menaces réitérées de procès verbal, ils consentirent à lâcher le commissaire. Pour cette fois-ci il n’y aura pas d’arrestation et cela intrigue et étonne le maire de Vallon :

‘« Je n’ai pas compris comment il avait relaxé son prisonnier au moment où on venait de tenter de le tuer. Ou les motifs de l’arrestation étaient sérieux et alors elle devait être maintenue ou ils ne l’étaient pas et alors elle ne devait pas avoir lieu ». ’

La clémence du commissaire est en effet déconcertante au regard des événements qui vont suivre  1414 . Lorsqu’il retrouva la liberté de ses mouvements, il entendit retentir un coup de sifflet. Un individu surgit de la nuit, le bouscula et le frappa avec un couteau dans l’os de l’épaule. La tête maintenue en bas, le commissaire ne voit pas la tête de son assaillant qui s’acharne à le poignarder  1415 . Sa robuste constitution lui permet d’encaisser les coups sans renoncer à l’arrestation du notaire insolent :

‘« Après les coups, j’ai conduit mon prisonnier comme si rien n’était arrivé près de la caserne. J’ai fait acte de clémence et je l’ai relâché en lui recommandant de ne plus si mal parler à l’avenir ». ’

Cette tentative d’assassinat ne l’intimide pas. Une semaine après les faits, un jeudi soir, il dirige une patrouille qui, vers 22 h, investit le café Villard. Le spectacle qui les attend les stupéfait :

‘« Nous y avons trouvé une centaine de démocrates sociaux ou socialistes qui chantaient la Marseillaise avec une telle animation que les uns avaient monté sur des tables, d’autres sur des chaises, les autres par terre debout mais tous ensemble, le chapeau ou la casquette à la main droite tendue chantaient à tue-tête dans cette attitude belliqueuse »  1416 . ’

Il dresse procès verbal à Villard pour avoir dépassé l’heure légale de fermeture fixée à 22 h par la loi et donne l’ordre aux buveurs de se retirer, provoquant leur colère s’exprimant sous la forme de cris et huées. Vingt-trois personnes sont notés dans son carnet et auront à répondre de leurs actes devant le tribunal de la justice de paix. Le juge de paix est bien embarrassé. Il voudrait bien couvrir Villard en arguant du témoignage de ce dernier qui proteste qu’il n’était pas 22 heures à l’horloge de son café, mais les autres ? Condamnés, la soirée leur revient finalement à deux francs supplémentaires d’amende. Ce jeu de chat et de la souris entre le représentant de l’autorité et ceux qui s’opposent à lui prend des allures de comédie fertile en rebondissements. Quinze jours plus tard, dans la soirée du dimanche 10 février, le refrain « mettons au bout de nos fusils... » parvient une nouvelle fois aux oreilles du commissaire. Il s’apprête à verbaliser cinq chanteurs lorsque Villard, le patron du café, s’interpose en lui faisant observer que cette chanson n’avait plus rien d’anarchique lorsque l’on supprimait le nom de Changarnier et qu’il était infâme de sa part de procéder ainsi à l’égard de ces jeunes gens  1417 . Abus d’autorité ? Le commissaire est persuadé par contre qu’on ne commettra pas d’injustice en lui faisant fermer son café pour quelques temps… L’initiative du commissaire provoque un tollé parmi la foule des consommateurs qui avertit le maire de l’incident. Le commissaire reconnaît que les jeunes gens qu’il a verbalisés ne sont pas « forts à craindre », car, sur les cinq attablés, quatre appartiennent à des familles assez modérées, mais force doit rester à la loi surtout que le cinquième personnage lui aurait été désigné comme l’un de ses agresseurs.

Le 19 février 1851, le seuil de l’intolérabilité est dépassé à Vallon, lorsque 500 à 600 personnes se rassemblent devant l’hôtel de ville, hurlant des injures indirectes contre le commissaire  1418 . Bravant la « vile populace »  1419 , il sort son carnet et fait mine de noter des noms pour disperser les manifestants. Mais les choses changèrent à la nuit tombée. A la faveur de l’obscurité, l’attroupement qui s’est reconstitué n’est pas prêt à obéir aux injonctions du commissaire et des gendarmes qui leur donnent l’ordre de dégager la place. Injures et chants défient de plus belle l’autorité. Une tentative d’arrestation échoue pendant que la foule scande « Gare ! Gare ! »  1420 .

Cinq jours plus tard, la célébration de l’anniversaire de l’avènement de la République permet de mobiliser à nouveau les énergies. Comme de bien entendu, les démocrates-socialistes, avant d’assister à l’office religieux, se rassemblent au café Villard. Puis, en cortège, sur deux rangs, Villard et deux autres membres du conseil municipal en tête, ils vont s’installer à l’église pour unir leur chant d’action de grâce en l’honneur de la République. A la fin de la cérémonie, catholiques et protestants se rendent au temple en une foule si considérable qu’on n’avait vu qu’une seule fois un tel rassemblement : le jour de la dédicace du temple  1421 . A la sortie, un dernier rassemblement s’organise devant l’hôtel de ville et une véritable scène révolutionnaire s’offre en spectacle  1422 . La Marseillaise est reprise à l’unisson avec force de conviction par des « femmes, des vieillards, des enfants, des hommes, des jeunes gens, des jeunes filles » , puis sept ou huit jeunes filles « ont aussi témoigné de leur zèle pour la République rouge en chantant une chanson républicaine »  1423 . La fête ne faisait que commencer et le commissaire pouvait difficilement s’opposer à « ce tintamarre » dans les rues qui, du matin au soir, n’en finit plus  1424 . Les mésaventures du commissaire avec la population de Vallon suscitent les réflexions du sous-préfet de Largentière et, selon son analyse de la situation :

‘« L’agitation a pour grand principe à Vallon, la faiblesse d’action de l’autorité locale. Le commissaire de police s’est sacrifié pour le juge de paix, pour le maire, on l’a poussé en avant en paroles et en marchant seul il s’est perdu. Je ne compte plus aujourd’hui que sur la brigade de gendarmerie, je la crois insuffisante. Je me demande s’il y avait dans cette ville une force militaire plus imposante si la population sentant que les moyens de surveillance et de répression deviennent plus nombreux continuerait à vivre dans un état de perturbation chronique »  1425 . ’

La position du commissaire devient de plus en plus inconfortable à Vallon. Harcelé par la population qui macule sa porte d’entrée avec des ordures ou des graffitis  1426 , poursuivi par les quolibets des gamins de la ville, il accentue sa répression des manifestations chantées d’opposition. Le dimanche 23 mars 1851, une chorale improvisée sur la place de la halle réunit 200 à 300 personnes aux accents de La Marseillaise.

‘« Je leur intimais de se taire et je leur ai déclaré qu’à partir de hier soir, je faisais défense expresse de chanter toute espèce de chants vu l’arrêté de M le préfet de 1849 et que tous ceux qui contreviendraient à cette défense serait sévèrement punis, que jusqu’à présent nous avions été trop tolérants mais qu’ils en abusaient, nous mettrions de la sévérité pour l’exécution de cet arrêté »  1427 . ’

La foule reste imperturbable n’accordant pas plus de crédit aux paroles du maire qui cherchait, par un langage plus conciliant, à les faire se disperser. Le commissaire lance alors une ultime sommation : si le groupe n’obtempère pas sur le champ, il donnera l’ordre à ses hommes de charger, baïonnettes en avant. Face à cette soudaine détermination, l’attroupement se défait progressivement, mais un palier supplémentaire dans l’escalade de la violence a été atteint en cette fin du mois de mars 1851.

Les symboles du pouvoir deviennent la cible des manifestants. Chaque soir, pendant les quinze jours qui précédèrent le tirage de la conscription à Largentière, la sous-préfecture fut assaillie à coups de pierres au point de briser les vitres  1428 . Les autorités municipales ne sont pas épargnées par cette fièvre. A Vallon, le 21 mars, 1851, le charron René Magloire Dalay prend à partie le maire devant l’hôtel de ville. Oubliant le respect dû à la fonction d’un édile, Dalay porte le poing devant le visage du magistrat et menace de le précipiter dans un fossé que des ouvriers creusaient  1429 .

La seule vue d’un uniforme provoque l’ire des manifestants, les attaques violentes contre les forces de l’ordre se multiplient et deviennent systématiques. Le sous-préfet de Largentière consigne, dans son rapport au préfet, le rassemblement assez considérable qui, le 31 mars, s’est massé vers 22h30 devant la caserne de la gendarmerie. Une heure plus tard, alors que la porte de la caserne était toujours bloquée par la foule, un lieutenant se présente à la terrasse pour parlementer. En guise de réponse, il reçoit une grêle de pierres  1430 et doit battre en retraite. Maintenant, les forces de l’ordre sont confrontées à deux options : soient elles ferment les yeux, n’interviennent pas ou abandonnent la place  1431 , soient elles font usage de leurs armes pour se faire respecter. Dans la nuit du dimanche au lundi 7 juillet 1851, des jeunes gens « probablement échauffées par de trop copieuses libations »  1432 s’amusent à provoquer les patrouilles du commissaire de police et des gendarmes. A bonne distance, ils les narguent en chantant des « chants séditieux ». Vers minuit, les gendarmes finissent par mettre la main sur quelques jeunes gens. Leurs camarades les défendent immédiatement à coups de pierres, mais cette fois-ci, un gendarme, sans employer les sommations d’usage, ouvre le feu en direction du groupe. Cette réaction inattendue aura des effets secondaires. Dans la nuit, le sommeil des habitants sera troublé par plusieurs coups de feu.

L’idée que, maintenant, le sang puisse couler a fait son chemin. Certains élus municipaux en ont pris conscience comme le maire de Grospierres (canton de Joyeuse) le jour de la fête votive du 14 juillet 1851. Vers midi, il a vu déferler dans sa commune « un nombre incroyables de gravates (sic) rouges et des ceintures et des cannes crochues »  1433 . « Les individus arrivaient en chantant des chansons démagogiques et en hurlant des cris inconstitutionnels. Les gendarmes qui ont voulu procéder à des arrestations se sont faits entourer ». Le maire ordonne au brigadier de faire ranger les gendarmes, « croiser la baïonnette » et faire les sommations. La confrontation risque de faire des victimes et la décision appartient au maire :

‘« Je ne crus pas prudent d’exposer la bravoure et l’énergie des braves gendarmes qui étaient avec moi. […] Nous laissâmes le champ libre et je vous assure qu’ils ont du beaucoup hurler toute la nuit. Que pouvions nous faire contre le nombre ? Je sais bien que nous aurions été vainqueurs mais il y aurait eu du sang répandu »  1434 . ’

Le « réglage » de l’ordre doit se faire en donnant un tour de vis supplémentaire et le maire de Grospierres a sa solution :

‘« Les fêtes votives sont une vraie calamité pour la morale et la tranquillité des communes mais il est encore plus difficile à un maire de les empêcher que d’y maintenir le bon ordre quand elles ont lieu. Ce sont ce vieux usages qu’un maire seul ne saurait abolir, il faudrait que tous l’interdisent pour cela et les défendissent chacun dans leur localité. Mais tous n’étant pas de cet avis, le préfet devrait prendre l’initiative et les défendre toutes en général »  1435 . ’

Le 17 juillet 1851, le sous-préfet de Largentière fait remonter au préfet la proposition du maire de Grospierres qui a fait tache d’huile :

‘« De toutes part s’élèvent des plaintes des maires contre les fêtes votives qui sont presque toutes des occasions de réunions démagogiques et des écoles de démoralisation pour nos bonnes populations »  1436 . ’

L’été 1851, au rythme des vogues  1437 , risque d’être chaud et leur interdiction ne peut que satisfaire le curé de Lalevade (canton de Thueyts) :

‘« Tous les honnêtes gens sont étonnés de voir que le gouvernement de la République qui pour le maintien de l’ordre a défendu les banquets et réunions politiques laisse encore subsister les vogues, c’est à dire, les réunions les plus funestes, celles où la jeunesse est le plus efficacement exploitée par les chefs démocrates, celles où se commettent les plus grands désordres et où se trament les complots les plus anarchistes. Veuillez arrêter au plus tôt le torrent de désordre qui désole tous les étés notre département en portant un décret prohibitif contre les vogues que le libertinage a établi dans presque tous nos villages. Par là vous rendrez la tranquillité dans le pays et vous y consoliderez le gouvernement de la vraie République »  1438 . ’
Notes
1410.

Arch. dép. Ardèche 4M18. Le sous-préfet de Largentière en date du 23 février 1850 pour transmission de l’arrêté préfectoral à la gendarmerie de Lablachère.

1411.

Arch. dép. Ardèche 5M11. Rapport du suppléant du juge de paix du canton de Rochemaure au procureur de la République au mois de juillet 1850.

1412.

Arch. dép. Ardèche 5M11. Rapport du suppléant du juge de paix, ibidem.

1413.

Antoine Pinet-Seux, né vers 1810 à Vion (canton de Tournon).

1414.

Arch. dép. Ardèche 5M13. Antoine Pinet-Seux, commissaire de police de Vallon, au maire en date du 16 janvier 1851.

1415.

Ibidem. Hyppolite Puaux, le médecin constatant les blessures releva sept coups dont trois avaient pénétré la chair.

1416.

Arch. dép. Ardèche 5M13. Le commissaire de police de Vallon en date du 24 janvier 1851.

1417.

Arch. dép. Ardèche 5M13. Le commissaire de police de Vallon en date du 10 février 1851.

1418.

Arch. dép. Ardèche 5M11. Le commissaire de police de Vallon en date du 19 février 1851.

1419.

Ibidem.

1420.

Ibidem.

1421.

Ibidem.

1422.

Arch. dép. Ardèche 5M11. Le sous-préfet de Largentière au préfet en date du 25 février 1851. Cette scène lui a été rapportée par le percepteur Durand.

1423.

Arch. dép. Ardèche 5M11. Le commissaire de police de Vallon en date du 19 février 1851.

1424.

Arch. dép. Ardèche 5M11. Le commissaire de police de Vallon en date du 24 février 1851.

1425.

Arch. dép. Ardèche 5M11. Le sous-préfet de Largentière en date du 25 février 1851.

1426.

Arch. dép. Ardèche 4M18. Le sous-préfet de Largentière au préfet en date du 24 février 1851. Peter McPHEE dans La République dans les Pyrénées-Orientales, 1849-1852, déjà cité, avait aussi observé des manifestations et des tentatives d’intimidation identiques envers le commissaire de police de la ville d’Elne. Ainsi, en février 1851, ce dernier rapporte : « un fait qui n’a pas d’exemple dans les annales de la police, et qui donne une idée exacte du caractère ordurier des habitants de la commune, s’est produit hier à Elne. On a suspendu des remparts de la ville haute, juste en face des fenêtres de mon logement, un âne écorché », dans Peter McPHEE, idem, pp. 254-255.

1427.

Arch. dép. Ardèche 5M13. Le commissaire de police de Vallon en date du 24 mars 1851.

1428.

Arch. dép. Ardèche 5M11. Le sous-préfet de Largentière au préfet en date du 31 mars 1851.

1429.

Arch. dép. Ardèche. Audience du tribunal correctionnel de Largentière du mois d’avril 1851. René Magloire, âgé de 30 ans est condamné à 4 mois de prison et aux frais de justice se montant à 33,30 francs.

1430.

Arch. dép. Ardèche 5M11. Le sous-préfet de Largentière au préfet en date du 31 mars 1851.

1431.

Un rapport de gendarmerie en date du 3 mai 1851 fait état d’une intervention qui a mal tourné à Villeneuve-de-Berg au sujet d’une rixe. Appelés sur les lieux, les gendarmes tentent une arrestation mais sont eux-mêmes frappés à coups de pied. Le 19 mai 1851, lors de l’arrestation d’une personne qui a chanté “vive la république démocratique et sociale”, les gendarmes entourés par la foule sont contraints d’abandonner leur prisonnier. A Privas, un agent secret qui est devenu l’ami de « républicains avancés » est invité à la vogue d’Ouvèze (hameau de Privas situé au bord de la rivière Ouvèze), le 15 septembre 1851. Les répertoires de Pierre Dupont et Gustave Lerez sont à l’honneur : « on en a chanté une qui les a dépassés et qui voue à l’exécration “les tyrans, les mouchards, les curés, une autre les rois”. Ces chansons sont éminemment dangereuses et chantées, déclamées dans l’ivresse peuvent porter ces hommes à tous les excès. Quand les gendarmes passaient devant la porte, on redoublait et accentuait plus fort. Je fis remarquer que ces chansons étaient défendues et leurs auteurs condamnés en cour d’assises. On me répondit que l’on ne craignait pas plus les gendarmes que de boire un verre de vin et qu’ils le savaient bien car ils ne regardaient même pas et puis que ferait la gendarmerie : “on l’étoufferait, on la tuerait à coups de bouteilles”. Un de ma propre compagnie de démocrates se mit à crier : “Vive la République démocratique”, un autre a ajouté “et sociale” et m’a dit : “Voyez ! Ils ne se retournent même pas”.

1432.

Arch. dép. Ardèche 5M11. Le sous-préfet de Largentière au préfet en date du 7 juillet 1851.

1433.

Arch. dép. Ardèche 5M11. Le maire de Grospierres au sous-préfet en date du 14 juillet 1851.

1434.

Le maire de Grospierres, ibidem.

1435.

Le maire de Grospierres, ibidem.

1436.

Arch. dép. Ardèche 5M11. Le sous-préfet de Largentière au préfet en date du 17 juillet 1851.

1437.

Nom donné en Ardèche aux fêtes patronales ou locales.

1438.

Arch. dép. Ardèche 5M11. Le curé de Lalevade au préfet en date du 13 août 1851.