II -. « Être ou ne pas être ? » : la question de l’identité

1°) « Communalisation » et « sociation » : l’exemple des mégissiers d’Annonay

Selon son étymologie latine, l’identité définit la « qualité de ce qui est le même »  1898 , le fait pour une personne d’être un individu donné et de pouvoir être reconnu pour tel. L’identité renverrait donc au regard de l’Autre et permettrait de s’interroger, comme le faisait Ronald Hubscher, sur l’« identité réelle ou supposée » des communautés  1899 . Pour affiner cette question de l’identité, il faudrait établir une distinction entre communauté et société. Cette distinction classique entre communauté (Gemeinschaft) et société (Gesellschaft)a étéinitialement établie en 1887 par Ferdinand Tönnies  1900 . Reprise par Max Weber, elle est reformulée par ses traducteurs en« communalisation » (Vergemeinschaftung) et « sociation » (Vergesellschaftung).

‘« Nous appelons “sociation” une relation sociale lorsque, et tant que, la disposition de l’activité sociale se fonde sur un compromis [ Ausgleich ] d’intérêts motivé rationnellement (en valeur ou en finalité) ou sur une coordination [ Verbindung ] d’intérêts motivée de la même manière »  1901 .

La communalisation se définit comme :

‘« […] une relation sociale lorsque, et tant que, la disposition de l’activité sociale se fonde […] sur le sentiment subjectif (traditionnel ou affectif) des participants d’appartenir à une même communauté [Zusammengehörigkeit] ». ’

La communauté deviendrait donc une réalité vivante, un modèle organiciste qui plongerait ses racines dans un passé et une mémoire collective matérialisés par son « esprit populaire » entendu au sens herderien  1902 de Volkgeist. La collectivité serait alors cimentée par cette identité commune « réelle ou supposée » mais servant toujours de référentiel pour la justification d’un « vivre ensemble ». Michel Coutu  1903 attire toutefois l’attention sur le fait que, dans la pensée de Tönnies et de Weber, « un phénomène empirique ne se rattache que rarement, dans toutes ses dimensions, au type pur de la relation sociale communautaire ou sociétaire »  1904 , une relation sociale de type communautaire peut être orientée en totalité ou en partie dans le sens de la rationalité en finalité, de même qu’une relation de type sociétaire peut faire naître des valeurs sentimentales qui dépassent la finalité envisagée à l’origine. C’est pour cela que Max Weber précise que la relation sociale fondant la communalisation repose d’abord sur le fait d’avoir en commun (Gemeinsamkeit) quelque chose, -condition nécessaire mais non suffisante  1905 - puis sur le développement du sentiment de cette appartenance commune (Gemeinsamkeitsgefühl) et enfin lorsque « les individus orientent mutuellement d’une manière ou d’une autre leur comportement »  1906 . Finalement « la communalisation peut se fonder sur n’importe quelle espèce de fondement affectif, émotionnel ou encore traditionnel […] »  1907 . Maurice Halbwachs s’est attaché à définir les « cadres sociaux », ces points de repère de l’identité et ces structures qui orientent une vision du monde filtrée par le système de valeurs d’une communauté. Quelle pourrait être la valeur de référence d’une communauté qui unifierait le tissu social, une valeur qui rassemblerait les individus autour d’un intérêt commun et les pousserait à agir ou ne pas agir dans un mouvement social ? Question qui se résume dans cette interrogation qui taraude notre problématique : « pourquoi ici et pas ailleurs ? ».

Reprenons l’exemple de la mégisserie annonéenne. Comme nous l’avons constaté en décembre 1851, les mégissiers d’Annonay se singularisent par leur absence de réaction au coup d’État alors que la profession des tanneurs a donné quelques chefs à l’insurrection dans l’arrondissement de Privas et de Largentière : à Bourg-Saint-Andéol  1908 , à Vallon  1909 , à Pont-d’Aubenas  1910 . Pour tenter d’apporter une explication à ce phénomène, on pourrait mettre en avant qu’au moment de la Révolution française, les tanneurs de Bourg-Saint-Andéol avaient adhéré massivement au mouvement révolutionnaire en rejoignant une société des Amis de la Constitution qui s’était transformé en Société populaire en 1793 ; avec un bémol cependant à cet enthousiasme, les tanneurs les plus fortunés montraient quelques réticences  1911 et « tous les hommes de la tannerie hissés à des postes de responsabilité dans la société populaire sont d’origine modeste »  1912 . A Annonay, la tannerie est en déclin. Si en 1817, une vingtaine de tanneries se partageait le marché, elles ne sont plus que quatre en 1840, alors que la mégisserie est toujours une activité florissante  1913 contrôlée par une cinquantaine de patrons qui occupent au moins 1 400 ouvriers et dont les rapports avec les ouvriers des bords de Cance, selon l’analyse de Vital Chomel, se résumerait dans « un libéralisme économique que teinte sans le mitiger jamais un moralisme peu efficace »  1914 .

Lorsque la Révolution de 1848 transforme la donne politique, le milieu ouvrier annonéen de la mégisserie est capable de se mobiliser et exprime son mécontentement en mettant à sac la maison du député-maire Henri Alléon  1915 . Aux yeux des notables, les prophéties les plus pessimistes concernant les « classes laborieuses, classes dangereuses dans les grandes villes » devenaient réalité. Et pourtant… En 1851, point de « prolétaires menaçants »  1916 dans le milieu de la mégisserie de la ville d’Annonay. En observant le tableau des mégissiers d’Annonay traduits devant le tribunal correctionnel de Tournon pour des délits imputables à leur conduite au cours de la période 1847-1851, on ne peut pas dire que la profession se soit particulièrement distinguée par son comportement ou soit conforme aux descriptions misérabilistes des enquêteurs décrivant le « prolétariat » comme des foyers de pathologie sociale caractérisés par leur cortège de comportements délictueux : le vol et la violence, la prostitution, le vagabondage, la résistance aux injonctions de l’autorité.

Les mégissiers d’Annonay traduits devant le tribunal correctionnel pour des délits commis entre 1847 et 1851
Année Faute professionnelle Chasse Coups et blessures
  Mégissier Total* Mégis. Total Mégis. total
1847 1 1 1 4 1 4
1848 0 0 1 3 3 3
1849 0 2 1 1 3 5
1850 0 0 0 2 0 1
1851 0 0 1 3 1 2
Total 1 1 4 13 8 15
* Total : le nombre d’affaires jugées pour des délits commis dans la seule ville d’Annonay.
Année Vol + escroquerie Contre autorité Association illégale Affaires sexuelles
  Mégis. total Mégis. total Mégis. total Mégis. total
1847 2 + 1 9+1 0 1 0 0 0 0
1848 1 + 0 7+0 0 7 0 0 0 0
1849 2 + 0 6+0 1 2 1 1 0 0
1850 1+ 0 9+2 0 0 2 2 0 0
1851 2+ 0 3+0 0 7 0 0 2 2
Total 8 + 1 34+3 1 17 3 3 2 2

Les rixes sont peut-être un peu plus fréquentes, les mégissiers d’Annonay représentant plus de la moitié des affaires jugées. En général, elles sont le fait de jeunes hommes âgés de moins de trente ans qui défoulent leur agressivité à coups de poings ou de bâtons, de jets de pierres. L’utilisation d’une arme tranchante, instrument couramment utilisé dans la profession, n’a jamais été signalée. Mais la représentativité du groupe fléchit fortement si l’on compare ces huit affaires aux 193 jugées, toutes professions confondues, dans l’arrondissement de Tournon ou aux 427 appelées à comparaître pour la période de référence devant les trois tribunaux correctionnels du département.

« Les intérêts de classe » primeraient-ils sur la politisation des mégissiers ? Ronald Hubscher définit la politisation comme la capacité à apprécier par eux-mêmes les discours et pratiques politiques, leurs enjeux au niveau de la nation, et à se situer par rapport à ceux-ci »  1917 . Autrement dit les ouvriers auraient-ils été déçus par une République dans laquelle ils ne se reconnaissaient plus et se seraient-ils retirés dans « leur monde » ? Au XIXe siècle la mégisserie est un métier attractif : les salaires y sont élevés, 2,50 francs par jour pour un palissonneur, 2,25 francs pour un ouvrier dit de rivière. Les ouvriers mégissiers ont aussi la conscience d’appartenir à un monde du travail « à part », ne serait-ce que par la configuration des lieux de travail. L’univers de travail de l’ouvrier mégissier de rivière se compose de salles obscures et humides, en sous-sol, au ras de l’eau. Il opère toute la journée dans une atmosphère humide traversée par des odeurs fortes et entêtantes. Ces « plébéiens de la corporation »  1918 se démarquent des palissonneurs, les « bourgeois de la corporation »  1919 qui oeuvrent en chambre pour ajouter de la valeur à la peau en lui donnant souplesse et élasticité. Les palissonneurs mieux payés ont conscience d’appartenir à « l’aristocratie » de la profession, selon l’expression de Marie-Hélène Reynaud  1920 , et forme une classe fermée : « l’ouvrier de rivière n’accède au palisson que si les travailleurs en chambre acceptent sa promotion »  1921 . De même, le palissonneur seraient plus sensibles aux affaires intéressant la politique, si l’on apporte un certain crédit aux vers cités dans un article de L’Illustration paru en juillet 1899 :

‘« Joyeuse, calme ou troublée,
Notre chambre à nous, travailleurs,
Non, ce n’est pas une assemblée
De savants ni de beaux parleurs,
Mais, sans être une académie,
On y traite divers sujets,
D’art, de grammaire, de chimie
Et de réformes… en projets »  1922

Le 24 août 1850, les ouvriers de la mégisserie Galloud se mettent brusquement en grève, exigeant d’un apprenti nouvellement embauché une somme de 50 francs. Cette nouvelle disposition bouscule les usages de la mégisserie où, traditionnellement, les apprentis étaient formés gratuitement par le maître formateur qui acceptait de supporter seul les conséquences de leur inhabileté. En contrepartie, les apprentis ne percevaient leur salaire qu’après trois ou quatre mois de formation. Les ouvriers grévistes mettent en application les principes adoptés lors d’une réunion tenue courant mai 1850, à savoir : les ouvriers palissonneurs  1923 ne formeraient des apprentis qu’à condition que ceux-ci versent à une caisse commune la somme de 50 francs et s’engagent à demeurer six mois avec celui qui leur apprendrait le métier de palissonneur  1924 . Le maître formateur verserait aussi dans cette caisse commune une contribution de 50 francs prise sur les bénéfices qu’il retirerait du travail de son apprenti. A titre de garantie de son engagement, il engageait une somme de cinq francs qui serait perdue pour lui s’il manquait à sa promesse. Les ouvriers mégissiers dits « de rivière » ne prenaient pas d’apprentis à moins de 100 francs de contribution et c’est apparemment sur cette nouvelle base d’imposition qu’un accord s’établit. L’association des ouvriers compta jusqu’à 1 100 personnes. Chaque membre ayant acquitté sa cotisation se voyait remettre une plaque de fer blanc portant un numéro. Pour faciliter la collecte des cotisations, l’association était divisée en sections ayant chacune un auditeur ou commissaire responsable de la comptabilité et qui devait remettre entre les mains de Régis Dedigon, trésorier et président de l’association, les sommes recueillies. Les apprentis qui refusent de payer l’entrée en formation subissent des pressions. Le fils Duchamp l’apprit à ses dépens quand, en février 1851, ayant voulu apprendre le métier de palissonneur, il fut menacé et empêché de travailler jusqu’à ce qu’il se décida à acquitter la somme de 100 francs, soit 50 francs pour la société et 50 francs pour Antoine Roche, son maître formateur.

Cette agrégation d’ouvriers n’était pas du goût des autorités qui voyait dans cette « association de bienfaisance » autre chose qu’une simple caisse de secours destinée à venir en aide à ceux frappés par le chômage ou handicapés par la vieillesse. Selon elles, le véritable but de cette société qualifiée de secrète était d’imposer la loi d’un monde ouvrier aux patrons  1925 , et en cas de conflit avec le patronat, assurer un revenu aux ouvriers qui se mettraient en grève ou qui seraient renvoyés des fabriques  1926 . Le moteur de la fronde des ouvriers mégissiers correspondrait-il aussi au modèle de la logique économique du calcul coûts/avantages déterminant l’engagement à la probabilité d’un bénéfice ? Dans ce cas précis, l’association joue le rôle d’un syndicat professionnel de défense des droits et des intérêts des ouvriers employés dans un système d’organisation du travail cloisonné mais reproduisant aussi le schéma de la corporation dotée de « privilèges » régissant les conditions de travail et les conditions d’accès au métier. On pourrait voir aussi dans cette action un bel exemple de « sociation » qui, par le biais de l’association, engendre une « communalisation » cimentée par la solidarité ouvrière forgée par des pratiques mutuellistes. Ce processus est en réalité plus ancien car les prémices d’une organisation des travailleurs du cuir sont observables dès 1817 à Annonay avec la création de la « Bienfaisance et Prévoyance des Mégissiers, Tanneurs, Corroyeurs et Gantiers », une société de secours mutuels destinée à faire face aux aléas de la vie et qui propose aussi des activités « à haute valeur ajoutée » de sociabilité dans lesquelles le professionnel et le religieux peuvent se mêler. Ainsi, en janvier 1848, Laurent François Armand, mégissier d’Annonay est désigné pour aller avec Paul Mantetin veiller un sociétaire agonisant sur son lit de mort  1927 . La société se retrouve aussi autour d’activités festives, notamment le jour de la fête du métier. Les mégissiers sont sous le patronage de l’apôtre Jean, ébouillanté, selon la légende, près de la porte Latine à Rome. Tous les 6 mai, la fête de Saint-Jean-Porte-Latine draine des milliers de personnes pendant deux jours selon un rituel établi par les membres du comité des fêtes désigné pour l’occasion : processions, messe solennelle, défilé avec ostentation de la statue de Saint-Jean. Yves Lequin le faisait remarquer : « Ces sociétés sont, incontestablement, jaillies de la classe ouvrière, mais sans qu’il y ait rupture avec une tradition ancienne d’assistance mutuelle qui ne se sépare pas d’un souci affirmé de moralisation […] »  1928 .

En décembre 1851, la résistance au coup d’État ne passe pas par la mobilisation armée. Il n’y a pas de « mouvement ouvrier » à Annonay en faveur de cette République agonisante. Les résultats du plébiscite des 20 et 21 décembre confirment par ailleurs cette indifférence. Si l’on se fonde sur le nombre de votants lors de la dernière élection législative partielle en mars 1850, 1 961 citoyens annonéens s’étaient déplacés et avaient exprimé à près de 60% préférence pour le candidat républicain Hippolyte Carnot. Le 20 et 21 décembre 1851, la mobilisation est encore plus forte avec 2 298 votants qui plébiscitent à plus de 93% l’action du président de la République. Le sentiment identitaire de ces ouvriers mégissiers les a-t-il conduits à se replier sur des intérêts de « classe » et la « sociation » transformée en « communalisation » par le biais de l’association serait-elle l’ancêtre préhistorique du syndicalisme  1929  ? Pour répondre, il faudrait se lancer dans une étude plus fine de « la classe ouvrière » et Pierre Judet, fort de son expérience  1930 , le rappelle :

‘« Comme l’ensemble de la société, le monde de la production industrielle est l’objet de reclassements incessants qui n’apparaissent pas souvent dans l’instant. En ce sens, le monde des travailleurs, y compris quand il est en action, ne peut être saisi qu’au sein d’un processus large qui met en œuvre, non seulement l’industrialisation et ses acteurs, mais aussi son environnement social et, dans les régions rurales, la pluriactivité tient une place importante »  1931 . ’

L’apport conceptuel des « théories symboliques de la politique »  1932 débattues par Alessandro Pizzorno ouvre aussi des perspectives intéressantes dans le cadre de cette réflexion. Selon lui :

‘« Les solidarités sociales préexistent au choix politique, ce sont des expressions de la structure sociale et elles renvoient donc à une identité, linguistique, ethnique, religieuse, de classe territoriale ou autre »  1933 . ’

Identité construite par la « sociation » professionnelle mais qui peut se transposer dans le cadre des réseaux de sociétés secrètes. N’y avait-il pas là la recherche d'une identité collective durable renforcée par l’aspect initiatique et rituel  1934  ?

Notes
1898.

Robert historique de la langue française sous la direction d’Alain Rey, ouv. cité.

1899.

A propos de l’identité paysanne dans un article de la revue Ruralia. Ronald HUBSCHER, « Réflexions sur de l’identité paysanne au XIXe siècle : identité réelle ou supposée ? », Ruralia, n°1997-01, pp. 65-80.

1900.

Ferdinand TÖNNIES (1855-1936), sociologue allemand, orienté vers la philosophie politique et philosophie sociale. Président de la société allemande de sociologie (Deutsche Gesellschaft für Soziologie, 1909) avec Werner Sombart et Max Weber. Cette distinction entre communauté et société se retrouve en 1909 chez le sociologue américain Charles Horton Cooley sous la forme de « groupe primaire » et de « groupe secondaire ». Le groupe primaire se caractérise par une forte solidarité et sert de lieu de référence pour la formation des valeurs morales, le groupe secondaire, quant à lui, repose sur l’idée de contrat et d’association librement choisie.

1901.

Max Weber, Économie et société/1. Les catégories de la sociologie, Paris, Librairie Plon, Agora Pocket, 1995, § 9, p 78. Max Weber précise les types d’entente qui fondent la sociation : « Les types les plus purs de la sociation sont : a) l’ échange [ Tausch ], rigoureusement rationnel en finalité, sur la base d’un libre accord sur le marché -compromis actuel entre des intéressés à la fois opposés et complémentaires ; b)  la pure association à but déterminé [ Zweckverein ], établie par libre accord, par une entente concernant une activité continue qui, par son intention aussi bien que par ses moyens, est instituée purement en vue de la poursuite des intérêts matériels (économiques ou autres) des membres ; c) l’association à base de convictions [ Gesinnungsverein ], motivée de façon rationnelle en valeur, telle que la secte rationnelle, dans la mesure où elle se détourne du souci d’intérêts affectifs ou émotionnels et ne cherche qu’à servir la “cause” (ce qui, en vérité, ne se rencontre sous la forme d’un type tout à fait pur que dans des cas très particuliers), ibidem.

1902.

Johann Gottfried Von HERDER (1744-1808) envisage la notion de nation à partir de la singularité du langage. Le développement de cette conception linguistique de la nation se transforme en conception ethnique fondée sur l’idée de communauté de culture.

1903.

Michel COUTU, chercheur au Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT), Université de Montréal/Université Laval/HEC.

1904.

Michel COUTU, « La nation entre communauté et société : réflexions autour de Ferdinand Tönnies et de Max Weber », <www.themis.umontreal.ca/consultation_gratuite/ droits_fondamentaux/8_coutu.pdf>

1905.

« Par exemple, le fait d’avoir en commun les qualités biologiques héréditaires que l’on considère comme les caractéristiques d’une “race” n’est naturellement pas une communalisation des divers membres qui se distinguent pas là ». Max Weber, idem, p 80.

1906.

Max Weber, idem, p. 81.

1907.

Max Weber, idem, p. 79.

1908.

Germain Bonnaud, né le 29 juillet 1826 à Bourg-Saint-Andéol. Condamné à la peine de transportation en Algérie avec plus. Gracié. Arch. dép. Ardèche. Y 136 registre d’écrou de la Maison d’arrêt Privas. Entré le 25 décembre 1851, inculpé de délit politique. Libéré le 2 février 1852.

1909.

Louis Durand, né le 20 octobre 1815 à Largentière. Condamné par contumace à la transportation en Algérie avec plus. Gracie de sa peine le 2 février 1853.

1910.

André Émile Agier, né le 23 novembre 1829. Dans la nuit du 6 au 7 décembre 1851, vers minuit, il se trouve dans le cabaret d’Amédée Meynier au Pont-d’Aubenas et informe un émissaire qu’il y a contre ordre et qu’il faut voir le serrurier Durand pour la suite des opérations. Arch. dép. Ardèche. Déposition de Philippe Auguste Fayette, 24 ans, demeurant au hameau de Lablachère, commune de Labégude.

1911.

Jean-Louis ISSARTEL, « Tanneries et tanneurs de Bourg-Saint-Andéol sous la Révolution », Tanneurs et mégissiers, Mémoire d’Ardèche Temps Présent, déjà cité, p. 20.

1912.

Ibidem.

1913.

D’après l’Annuaire de l’Ardèche de 1841, les mégissiers préparent de 110 000 à 120 000 peaux de chevreau par an.

1914.

Vital CHOMEL, « Le département de l’Ardèche à la veille de la Révolution de 1848 », art. cité, p. 69. Tous les patrons mégissiers ne partagent pas ces conceptions. Louis Riboulon aîné, secrétaire du Comité du peuple d'Annonay croit que le développement arrachera seul à leur misère les ouvriers d’Annonay. En 1847, il soutient le projet d’Auguste Demissolz qui voulait attribuer le legs de Malleval, proviseur du Lycée Louis-le-Grand, à la fondation d’une « école industrielle ». Malleval laissait à la ville d’Annonay la somme de 400 000 francs à charge pour la ville de créer « un établissement durable, utile à tous et portant son nom ». Voir Vital CHOMEL, idem, p. 71.

1915.

Voir précédemment.

1916.

Selon le titre choisi par Christophe CHARLE dans le chapitre 2 « Notables, capacités, paysans et prolétaires » de la première partie de son Histoire sociale de la France au XIX e siècle, p. 55.

1917.

Ronald HUBSCHER, « Syndicalisme agricole et politisation paysanne », Actes du colloque de Rome, ouv. cité, note de bas de page n°13, p. 137. Il reprend la définition donnée par P. Vallin dans Paysans rouges du Limousin, Paris, 1985, p. 199.

1918.

Arthur CADORET, « La mégisserie à Annonay », art. cité, p. 8.

1919.

Arthur CADORET, idem, p. 9.

1920.

Marie-Hélène Reynaud, « La mégisserie… », art. cité, p. 8.

1921.

Marie-Hélène Reynaud, « Les organisations des travailleurs du cuir », dans Tanneurs et mégissiers, ouv. cité, p. 27.

1922.

M.E Ginet, poète palissonneur, cité dans l’article d’Arthur Cadoret, art. cité, p. 9. Cadoret ajoute « Le palissonneur aime les nouvelles, il s’intéresse aux faits et gestes de nos hommes politiques ; aussi dédaignant les feuilles vulgaires qui tronquent plus ou moins leurs récits, le palisson s’offre le journal Officiel. Tous les matins, on désigne le lecteur qui sera chargé de faire la lecture ».

1923.

Le travail du mégissier se divise en deux parties : « le travail de rivière » et le « travail du palisson ». Le premier travail qui est accompli par les ouvriers de rivière consiste à dégrossir les peaux. L’atelier est situé au niveau de la rivière et se compose de salles plus ou moins obscures et très humides. Les peaux sont d’abord mises à macérer pendant plusieurs jours dans de vastes cuves en pierres contenant une solution chimique à base de chaux et de sulfure d’arsenic ou de sodium. Cette première opération a pour but de faciliter par la suite le travail de l’enlèvement du poil, spécialité de l’ouvrier de rivière. Il dresse la peau sur un chevalet à dos sphérique incliné à 45° et muni d’un couteau non tranchant, il racle minutieusement la peau pour en faire tomber le poil. Puis dans un deuxième temps, il retourne la peau afin de faire disparaître avec un couteau tranchant toutes les chairs ou graisses adhérentes encore à la peau. Les peaux sont ensuite lavées et immergées dans des cuves contenant une solution à base de crottes de chien. La réaction chimique qui s’ensuit à pour but de débarrasser les pores de toutes les impuretés. Après avoir macéré quelques temps dans ce bouillon de culture, les peaux sont entassées dans de nouvelles cuves en bois remplies d’un mélange d’eau tiède et de son. La dernière phase de la transformation s’effectue dans une grande baratte contenant un mélange pâteux à base d’eau, de farine, de jaunes d’œuf et d’alun. Les peaux s’imprégnant de cette mixture prennent à leur sortie un aspect élastique. Elles sont ensuite mises à sécher dans de grandes salles d’étendage situées sur les terrasses de la mégisserie. Après séchage, l’ultime opération du travail de l’ouvrier de rivière, consiste à les assouplir dans un foulon constitué de quatre grosses battes en bois animées d’un mouvement rapide de va et vient. Les peaux travaillées peuvent être livrées aux ouvriers palissonneurs qui dans leurs ateliers ont pour mission de distendre et d’adoucir les peaux en les travaillant avec des couteaux semi sphériques. Après ce traitement, les peaux sont triées et expédiées aux fabricants de gants. Arthur CADORET dans un article écrit pour le journal L’Illustration en date du 1er juillet 1899, détaille toutes ces opérations. « La mégisserie à Annonay », L’Illustration n° 2940, pp. 8-9. Voir aussi Marie-Hélène Reynaud, « La mégisserie : un art et des privilèges », dans Tanneurs et mégissiers, Mémoire d’Ardèche Temps Présent, n°34, 15 mai 1992, pp. 7-8.

1924.

Arch. dép. Ardèche 3U3 1218. Audience du tribunal correctionnel de Tournon en date du 15 novembre 1850. Comparution de Régis Dedigon 40 ans, Chapuis Jacques 28 ans, Terrier Jules 31 ans, Devidal Laurent 35 ans, Azemard Joseph 25 ans, Vergne Jean 42 ans, Heyraud Jean 34 ans, Lavis Pierre 30 ans, Bouillot Pierre 33 ans, Dugand Charles 22 ans, Mazard Jean 30 ans, Valentin Pierre Médard 62 ans.

1925.

Arch. dép. Ardèche 3U3 1218. Audience du tribunal correctionnel de Tournon en date du 3 août 1852.

1926.

A la suite du jugement de cette affaire qui fut plusieurs fois renvoyée, le tribunal condamna les principaux responsables. A l’audience du 15 novembre 1850 : vingt jours de prison + seize francs d’amende pour Heyraud, Lavis, Azemard ; dix jours de prison + seize francs d’amende pour Bouillot, Devidal, Vergne, un jour de prison pour Dugand, Mazard et Valentin. Les prévenus devront s’acquitter solidairement de la somme de 175,90 francs correspondante au montant des frais de justice. A l’audience du 31 juillet 1852 : un mois de prison et 67,45 francs de frais de justice pour Régis Dedigon accusé d’être le fondateur de la société secrète ; quinze jours de prison et seize francs d’amende pour Jean Jacques Chapuis 30 ans ; dix jours de prison et seize francs d’amende pour Jean Joseph Servonin 27 ans et Antoine Roche 61 ans. Les trois prévenus doivent s’acquitter solidairement des frais de justice qui s’élèvent à 150,10 francs.

1927.

Arch. dép. Ardèche, audience du tribunal correctionnel de Tournon en date du 22 février 1848.

1928.

Yves LEQUIN, les ouvriers de la région lyonnaise, tome II, ouv. cité, p.194.

1929.

Yves LEQUIN, dans son étude précédemment citée remarque qu’en 1855 « c’est une grève générale de la mégisserie qui révèle, […], le premier essai de coalition permanente : on fait état de collectes et de solidarité en faveur des ouvriers arrêtés sans qu’il soit possible de découvrir « la société secrète » dont on soupçonne l’existence. Mais en 1859, on est persuadé de son action, tant la cohésion des conduites collectives est forte, notamment au moment des élections prudhommales ; et ce consensus occulte se maintient intact au cours des années suivantes : en 1874 encore, le préfet de l’Ardèche en sera frappé ». Yves LEQUIN, Idem, p. 198.

1930.

Pierre JUDET, Horlogeries et horlogers du Faucigny (1849-1934). Les métamorphoses d’une identité sociale et politique, Presses Universitaires de Grenoble, 2004, 487 p.

1931.

Pierre JUDET, idem, p. 443.

1932.

Alessandro PIZZORNO, « Sur la rationalité du choix démocratique », chapitre 12 dans Pierre BIRNBAUM et Jean LECA [Dir.], ouv. cité, pp 343-349

1933.

Alessandro PIZZORNO, idem, p. 344.

1934.

Selon Alessandro PIZZORNO, « Le rite est indissociable de la répétition, signe de la persistance de l’identité du groupe », idem, p. 346.