Saint-Lager-Bressac, dimanche 21 décembre 1851, vers 19 heures, au presbytère :
‘« Daniel Merlin, propriétaire domicilié dans la commune, 43 ans, a reçu un coup de feu à neuf ou dix mètres de distance dans la partie postérieure de la fesse droite ». ’Le médecin Vialette, de Chomérac vient d’achever la rédaction du rapport de son examen médical pratiqué sur la victime et le remet au marquis de Jovyac, maire de la commune 2154 . Quelques heures auparavant, dans l’après-midi, Daniel Merlin, muni de sa carte d’électeur, s’était présenté à la mairie pour participer au plébiscite sur l’approbation du coup d’État. L’apparition de Merlin avait provoqué un moment de stupeur parmi les assesseurs qui tenaient les registres de la consultation électorale. Alors qu’il était recherché depuis quinze jours pour sa participation aux marches insurrectionnelles, que son nom apparaissait sur la « liste par commune des hommes notoirement connus dans le canton de Chomérac pour être les chefs des sociétés secrètes, de leurs principaux affiliés et des meneurs du parti socialiste » 2155 , Daniel Merlin, en personne, se présentait pour donner son avis sur le bien-fondé du coup d’État perpétré par le président de la République en exercice. La réaction ne se fit pas attendre. Le maire donna l’ordre aux gardes nationaux en faction de procéder à son arrestation. En attendant son transfert à Privas pour y être interrogé, Daniel Merlin est laissé sous la surveillance de plusieurs hommes parmi lesquels on reconnaît Ladreyt, officier de la garde nationale, Frédéric Perrier, Eugène Chapus et Pierre Laffont. Profitant d’un instant d’inadvertance de ses gardiens, Merlin s’esquive. Pierre Laffont le couche en joue et lui ordonne de s’arrêter. Le fugitif ignorant la sommation se met à courir. Un coup de feu claque et Merlin s’écroule. Le tireur est un homme de 28 ans « tout juste retiré du service militaire » employé comme domestique au service du marquis de Jovyac 2156 .
Le lendemain matin, après avoir passé la nuit couché sur un tas de paille, le blessé est déféré par une brigade de gendarmerie à la prison de Privas et le gardien chef procède à son inscription sur le registres d’écrou de la maison d’arrêt : « Entré le 22 décembre ; signalement : barbe, 1m68 » 2157 . Son état ne permettant pas l’incarcération dans une cellule, il est transporté à l’infirmerie de la prison pour y recevoir les premiers soins 2158 . Deux jours plus tard, au cours d’un interrogatoire ; il reconnaît sa participation à la prise d’armes :
‘« Le 4, je portais un fusil à deux coups et dans mon carnier quatre ou cinq charges de poudre et de plombs » 2159 . ’Mais il plaide en faveur de son irresponsabilité : « je ne sais pas pourquoi j’ai marché ». Dans sa déposition, il donne des noms :
‘« Chez Bérard, je reconnus Durand, des Mottès, Joseph Barbe, Bravais, les frères Puaux, les frères Cheynet, Valette ». ’Était-il obligé de livrer cette liste de noms sachant que son témoignage allait déclencher une procédure judiciaire à l’encontre de ces personnes ?
Tous ces individus peuvent être identifiés à l’exception de Joseph Barbe. Il y a d’abord les deux Bérard, père et fils, « initiateurs » du mouvement et chez qui se sont tenues les réunions de préparation des mouvements dans les heures qui ont précédé les prises d’armes ; Jean-Louis Christophe Durand, 42 ans, et Louis Stanislas Bravais, 24 ans, profil de « suiveur » ; Jacques, 39 ans et son frères Jean Pierre Régis Puaux, 36 ans, tous deux « meneurs » de la résistance au coup d’État ; Louis Pierre Cheynet et son frère Scipion Nicolas dont il a déjà été question précédemment ; Paul Victor Valette, 21 ans au profil de « suiveur ».
Individus mis en cause par Daniel Merlin. (Domicile) | Religion | Nom des personnes citées par l’individu mis en cause par Daniel Merlin | Arrestation | Date déposition |
Louis Pierre Cheynet (Le Partage) | Protestant | Pas de nom. | 9/12 | |
Jean Pierre Régis Puaux (Nouvelle église) | Protestant | Léon Bérard, Durand, Barbe, Bravais, Jacques Puaux son frère, les frères Cheynet, Merlin, Fialon, Auguste Vignal, le fils Perrin | 9/12 | 17/12 |
Jacques Puaux (La Garenne) | Protestant | Bérard père et fils, Régis Puaux son frère, Dumoulin Sallier | 29/12 | 30/12 |
Paul Victor Valette, fils (Rouvèze) | Catholique | Merlin, Victor Mondon, le fils Planty, Bérard père et fils, le fils Mouron, Fay, Jacques Puaux | ? | 31/12 |
Louis Stanislas Bravais (Ancien village) | Catholique | Bérard père et fils, Fay, Mouron, Fialon, Durand, Duchamp, Pimpie | ? | 6/01 |
Jean-Louis Christophe Durand (Les Mottès) | Catholique | Bérard père et fils, Puaux, Fay, Mouron, Duchamp, Pimpie, Gayte | ? | 6/01 |
Scipion Nicolas Cheynet (Le Partage) | Protestant | Jacques Puaux | 5/01/1852 | 7/01 |
Louis Bérard père (Chaix Triolette) | Protestant | Pas de nom | 12/1851 | |
Léon Bérard fils (Chaix Triolette) | Protestant | Arrêté et transporté en Algérie le 23 août 1853 | 17/08/1853 |
Parmi toutes les personnes mises en cause par Daniel Merlin, seuls deux individus, Régis Puaux et Paul Victor Valette, attestent de sa participation active dans la préparation des événements de Décembre 1851. Remarquons au passage que la solidarité religieuse, les liens de voisinage ou les liens de sang peuvent ne pas avoir été une protection. Daniel Merlin est protestant et il dénonce aussi bien des catholiques que des gens de sa confession ; domicilié au hameau de Rouvèze, il signale son voisin Paul Victor Valette. De la même façon, les frères Puaux se désignent mutuellement comme ayant participé aux mouvements. Il s’agit là peut-être de stratégies défensives déployées par les prévenus pour minimiser leur part de responsabilité dans les prises d’armes 2160 . Si la déposition de Régis Puaux atteste de la participation active de Daniel Merlin dans la préparation de l’insurrection : « Merlin est survenu avec un fusil à deux coups avec baïonnette et portant un carnier garni de munitions a dit qu'il foutrait un coup de fusil au premier qui ne marcherait pas » 2161 , les aveux plus circonstanciés de Paul Valette impliquent encore plus fortement le prévenu :
‘« Le 4 décembre, vers une heure de l’après-midi, Daniel Merlin m’envoya appeler par son domestique. Je me rendis chez lui en compagnie de Victor Mondon. Merlin nous dit : “aujourd'hui nous sommes tous frères”, en ajoutant, “il faut qu'ils pètent ou que nous-mêmes nous pétions”. Il lut ensuite un papier qui, disait-il, contenait les ordres. Mais je ne le compris pas bien. Il m’engagea à aller chercher mon fusil et sur l’objection que je n’avais point de poudre, il m’en remit deux poignées qu’il prit dans un papier où il y avait au moins un kilo. Il chercha des balles qu’il avait cachées dans des trous de muraille et qu’il ne put pas trouver. Il manifesta ensuite l’intention de faire son testament en faveur de sa femme prévoyant le cas où il ne reviendrait pas de l’expédition. Il me remit des capsules ainsi qu’à Planty fils. Chez Bérard, les chefs se trouvaient dans une chambre à part et je remarquai parmi eux Bérard père et son fils Léon, Mouron fils, Merlin, Fay et Jacques Puaux » 2162 . ’D’autres dépositions aggravent les charges pesant sur Merlin.
Individus mettant en cause Daniel Merlin. (Domicile) | Religion | Témoignages |
Jean-Pierre Bouix, 30 ans (Les Mottès) | Catholique | « Daniel Merlin et un des frères Puaux se tenaient à la queue de la colonne pour encourager les traînards, les faire marcher, en leur disant de ne pas avoir peur ». |
Louis Bernard, 26 ans, tambour de la Garde nationale (Richard) Déposition en date du 31/12 | ? | « Je savais que Daniel Merlin avait sollicité plusieurs de ses voisins d’être de la partie ». |
Jacques Planty, père, 52 ans (Rouvèze) | ? | « Le 4 décembre Merlin Daniel vint me trouver à mon travail et me sollicita avec menaces de me réunir chez Bérard à un grand nombre d’hommes qui devaient marcher sur Saint-Vincent et au-delà Privas ». |
Frédéric Planty, fils, 20 ans (Mas d’Andance) | « Merlin m’engagea avec mon frère de partir à Privas nommer un président de la République. Chez lui il nous lut un testament. Je l’ai vu donner de la poudre au fils Valette et chercher des balles qu’il ne put retrouver. Il m’a paru être un des chefs les plus actifs. Bérard a remis au fils Valette quelques cartouches. Merlin a offert à mon frère un pistolet ». | |
Paul Valette, père (Rouvèze) Arrêté le 11/12 Libéré le 19/12 |
Catholique | « Après avoir vainement tenté de dissuader mon fils de partir j’allai le joindre chez Merlin où se trouvaient quatre ou cinq personnes. Devant mon refus de participer il me dit que je serai puni à son retour. Il engagea mon fils à faire partie et lui remis de la poudre. Il a lu un papier comme quoi il fallait être rendu à Privas à onze heures du soir. Merlin aurait dit : “voilà longtemps que je désirai une révolution, elle est enfin arrivée” ». |
Charles Victor Mondon (Rouvèze) | Catholique | « Le 4 me trouvant chez Merlin je l’ai entendu dire : “aujourd’hui nous sommes tous frères, il faut tous partir et la préfecture doit être prise ce soir à 10h30. Nous allons nommer un président de la République et toutes les élections aux places seront faites par le petit peuple. Ne sachant si je reviendrais, je vous prends pour témoin pour mon testament que je fais en faveur de ma femme. En parlant de Robert son beau frère et voisin : “cet homme ne veut pas marcher, il mérite d’être fusillé”. Je l’ai vu donner de la poudre au fils Valette. Il me parait avoir joué le rôle d’un des principaux chefs ». |
Louis Robert, 30 ans (Bourrée) Déposition en date du 30/12 | Protestant | « Nous partîmes vers Saint-Vincent vers les quatre heures. Léon Bérard paraissait exercer une sorte de commandement. J’ai vu Daniel Merlin, Fay, Jacques Puaux, le fils Mouron, Bravais fils ». |
Louis Aubert (Saint-Vincent-de-Barrès) Déposition en date du 31/12 | Catholique | « Le 4, chez Robert à Géant, j’ai entendu Merlin dire qu’il avait les ordres dans la poche et qu’il fallait tous marcher. Un des assistants ayant fait observer que l’on s’engageait dans une entreprise bien périlleuse, Merlin dit : “quel est l’ignorant qui a parlé ainsi ? Nous ne risquons rien, cette fois nous sommes les maîtres. A dix heures du soir la préfecture doit être prise”. Il m’a remis trois capsules ainsi qu’à Planty fils ». |
Les accusations les plus lourdes de conséquences sont le fait des habitants du hameau de Rouvèze, le hameau de résidence de Daniel Merlin. Le seul témoignage à décharge est celui de Joseph Antoine Vignal, 46 ans, domicilié à Saint-Vincent-de-Barrès :
‘« Fialon, monté sur une mule, commandait un attroupement considérable d’hommes armés. Il me répondit : “nous allons à Privas, on a mis nos rouges dedans, nous voulons vaincre ou mourir”. Au même moment le nommé Puaux, de Saint-Lager, sortit de dessous sa blouse un long pistolet qu’il tourna contre moi en me disant : “il faut marcher ou sinon”. Je lui répondis que je ne marcherai pas que j’avais ordre de son chef, en parlant de Fialon, de rester chez moi ; le nommé Merlin de Rouvèze intervient. Il était armé de son fusil et dit à Puaux : “Laisse Vignal, c'est un brave homme, il a besoin de rester chez lui” ».’Il y a donc des liens très forts entre le prévenu et ceux qui le mettent nommément en cause. Pourquoi ses principaux voisins agissent-ils ainsi et pourquoi Daniel Merlin donne-t-il cette liste de noms, sachant les risques encourus par les personnes dénoncées ? L’aspect confessionnel a été écarté. De plus, si Daniel Merlin est protestant, son épouse Jeanne Chambon est catholique. Daniel Merlin serait-il un « étranger » jalousé par des « natifs » ? Cette piste ne débouche sur rien car les dénonciations seraient plutôt justement le fait des « étrangers » à la commune. Charles Victor Mondon est originaire de Saint-Martin-l’Inférieur, les Valette sont nés à Chomérac. Si l’on se fie à l’attestation délivrée par le conseil municipal en date du 16 janvier 1851, la famille Merlin ferait partie des notabilités de la commune et se serait longtemps distinguée en s’investissant dans la vie politique communale :
‘« Merlin est une des familles les plus anciennes des plus respectables. Elle date de plus de 500 ans. Son père, un de ses oncles et lui-même ont administré la commune avec honneur et probité » 2163 . ’La piste politique pourrait peut-être conduire vers la lumière d’une interprétation permettant de comprendre le pourquoi de ces ressentiments. Le 13 février 1842, après la démission du premier magistrat de la commune, Daniel Merlin est installé dans ses fonctions de maire 2164 et Charles Antoine Théoule est son premier adjoint. Le 29 octobre 1843, il est supplanté par Philippe Théoule lui-même remplacé par Jean Paul Dardet en 1846, puis par le marquis de Jovyac aux élections municipales de 1848. En 1851, cela fait donc plus de huit ans que Daniel Merlin a été évincé des responsabilités municipales. La solution de l’énigme pourrait-elle alors se trouver dans la reconstitution de son arbre généalogique ?
Daniel Rouvèze Merlin issu d’une famille de confession réformée parfaitement alphabétisée 2165 est le cinquième enfant d’une lignée de neuf. Le chef de famille, Jean Pierre, né en 1762, est un gros propriétaire foncier de confession réformée, qui en 1822, au moment de la réalisation du cadastre, possède une dizaine d’hectares à Saint-Vincent-de-Barrès et environ 25 hectares à Saint-Lager-Bressac 2166 . De ce fait, il est porté sur la liste des électeurs les plus imposés de la commune en quatorzième position avec une contribution de 55 francs. Dans sa petite enfance, Daniel connaît le décès de sa petite sœur dans son troisième mois. Marie Ducile était la septième du nom et la famille Merlin n’avait pas ressenti jusqu’alors la douleur de perdre un enfant en bas âge. Alors qu’il a douze ans, la famille est une nouvelle fois endeuillée par la mort d’un enfant. Marie Zoé, la sœur aînée de Daniel, disparaît dans sa seizième année. La proximité d’âge entre le frère et la sœur disparue les avait certainement liés, la sœur se sentant peut-être investie de responsabilités envers son jeune frère.
Les années passent et la maison familiale de Rouvèze se vide peu à peu avec le départ des enfants. La même année, en 1830, les deux aînés se marient. Pierre André épouse Suzanne Crouzet au mois de juillet et Jeanne s’unit à Jean Gua, dit « Blache », un très beau parti qui devait estomper la différence d’âge : le jeune marié est âgé de 54 ans et plus d’une vingtaine d’années sépare les deux époux. Avec 92,27 francs d’imposition, Jean Gua est l’électeur censitaire de Saint-Lager-Bressac le plus assujetti à l’impôt sous la Monarchie de Juillet 2167 . Un an et demi plus tard, le 15 mars 1832, Rosine Virginie part. Après avoir épousé Jean Antoine Robert, elle habite désormais à Rompon. En ce jour de mariage, Daniel Merlin eut l’honneur de signer les registres de l’état civil attestant leur union. Puis quelques années plus tard, vint le tour de Daniel. On ne sait pas ce qu’il advint de sa première épouse, Sophie Poumarat, originaire du hameau protestant de la Pervenche, à Saint-Julien-du-Gua, et dont la promesse de mariage en date du 3 janvier 1836, renouvelée le 10 janvier 1836 la liait, à l’âge de 28 ans, à Daniel Merlin. Un contrat de mariage passé devant le notaire Serpolet précisait l’apport respectif de chacun : 600 francs de Daniel Merlin et 9 300 francs de dot pour Sophie Poumarat 2168 . Mais on perd la trace de Sophie et l’on retrouve, le 5 février 1840, Daniel Merlin signant son acte de mariage à la mairie de Lussas avec Marie Jeanne Chambon âgée de 36 ans et issue d’une famille nombreuse composée d’une fratrie de sept frères et sœurs. La dernière des sœurs Merlin qui quitta la maison fut Marie Rachel en unissant sa destinée à un maréchal-ferrant de la commune : Louis Gineyt, le 25 mars 1840. S’était-on inquiété de la santé du père en ces jours de réjouissances ? Cinq jours après avoir célébré le mariage de sa dernière fille, il trépassait à l’âge de 80 ans. Sa succession semble avoir attirée l’attention de l’administration fiscale car elle a été portée sur le registre du sommier douteux 2169 . On sait que Jean Pierre Merlin « a laissé du bien » car son fils Daniel a hérité de six hectares à la mort du père et qu’il a racheté la même année pour 2 000 francs des bâtiments et des terres à son frère Jacques Dupré, cabaretier dans la Drôme, à la Coucourde. En fait, trois ans avant sa disparition, Jean Pierre avait déjà réglé les modalités de sa succession. Le 19 décembre 1837, dans l’étude du notaire Anne-Marceau Bailly domicilié à Baix, il fit donation 2170 de ses biens entre vifs avec réserve du droit d’habitation dans un des appartements des bâtiments échus à Daniel Merlin, « lequel appartement sera le plus convenable et le moins gênant pour leur fils ». Cette donation fut complétée par un droit d’usage, « sans abus du jardin », de cueillette du raisin, des fruits aux arbres et des légumes au jardin, d’élever « sans le moindre dommage possible » trois poules, une chèvre, et deux brebis dont le fumier appartiendra à Daniel Merlin. Le tout complété par le paiement en argent d’une rente viagère de 45 francs à échéance du mois de juin, la livraison de 28 doubles décalitres de blé froment, 332 kilos de pommes de terre, 249 hectolitres de vin rouge, 62 kilos de viande de porc frais, huit kilos de noix dont un litre d’huile, 400 fagots de bois. La rente devait se trouver réduite de moitié à la mort du père. Daniel Merlin a été avantagé car le décès de son frère Pierre André en a « fait » un aîné et qu’apparemment c’est le seul qui occupe le domicile familial en compagnie de sa mère et de Jacques, le vieil oncle célibataire. Le 7 mars 1848, la mère disparaît et la maison doit sembler bien vide. Pas pour longtemps car Jeanne a pris le soin en 1847 de dicter ses dernières volontés par un testament reçu par le notaire Biousse 2171 . La testatrice qui s’était réservée la maison lors du partage de ses biens chez Bailly, notaire à Baix, le 29 août 1847, accorde à Jeanne, sa fille, épouse de Jean Gua, le droit d’habitation à Rouvèze ; à Marie Rachel, épouse de Louis Scipion Gineyt, et Louis Benjamin, maréchal-ferrant au Pouzin, la propriété d’une chambre se trouvant au premier étage de la maison. Rosine Virginie et Daniel, ses deux autres enfants n’ont fait l’objet d’aucune mention particulière. Était-ce parce que Daniel avait été avantagé lors de la donation des biens des parents en 1837 ? Marie Rachel a été dotée de 500 francs lors de son mariage avec Louis Scipion Gineyt 2172 et Jeanne a épousé l’une des plus belles fortunes de Saint-Lager-Bressac. Les deux sœurs ont-elles renoncé à la succession ou y a-t-il eu un arrangement entre proches ? Au recensement de 1851, la maison familiale n’est plus habitée que par Daniel et son conjoint Jeanne Chambon. Jeanne Merlin, sa sœur veuve de Jean Gua, habite désormais depuis 1849 dans la maison de son beau-frère, Jean, dit « Coste », un vieux célibataire de 75 ans et Marie Rachel réside avec son époux au hameau de Brune en compagnie d’Hippolyte Tapernoux, l’ouvrier charron de son mari. Une autre raison pourrait expliquer les raisons d’être de ce testament : les trois enfants mentionnés par la mère n’ont pas de descendance en 1849 et une épée de Damoclès est suspendue au dessus de la tête de son fils Daniel. Cela fait en effet quelques années qu’il se trouve « en délicatesse » avec la justice.
Tout semble se précipiter au début des années 1840 lorsque Daniel Merlin commence à être un habitué des prétoires du tribunal ou de l’officine du juge de paix de Chomérac. Ces rendez-vous réguliers avec la justice commencent en avril 1842 avec la saisie de « quatre articles d’immeubles à Saint-Lager et 33 articles d’immeubles à Saint-Vincent-de-Barrès obtenus selon l’acte de donation fait devant Bailly, notaire à Baix, le 10 décembre 1837 » 2173 .
Par acte obligatoire du 26 mars 1842, son jeune frère Jacques Dupré avait consenti aux sœurs Dussolier, Marie Philippine et Marie Anne Sophie demeurant au hameau du Chevalier à Saint-Vincent-de-Barrès, une obligation de 3 000 francs avec intérêt de 750 francs pour le montant de laquelle Jacques Merlin, oncle du débiteur, s’était porté caution affectant et hypothéquant à cet effet divers immeubles 2174 . Quelques temps plus tard, les soeurs Dussolier affermèrent verbalement à Dupré Merlin la fabrique qu’elles possédaient au lieu de Chanéac, à Meysse, pour une somme de 4 700 francs. Daniel Merlin accepta le transfert de la créance sur son nom et il s’obligea à leur payer en quatre échéances la somme due. A titre de garantie, il hypothéqua les bâtiments reçus lors de l’acte de donation établi par son père en 1837. C’était très risqué car, déjà à cette époque, Daniel Merlin était débiteur de son beau-frère, Jean Gua, d’une somme de 5 245 francs empruntée le 29 novembre 1838 2175 . Marie Philippine décède, son frère Jean Régis et sa sœur Marie Anne Sophie deviennent ses légataires universels et demandent à Daniel Merlin d’honorer ses créances. En manque de liquidités, il ne peut faire face à ses obligations et après trois mises en demeure pour s’acquitter de sa dette, il est saisi le 18 avril 1842 et ses biens doivent être vendus aux enchères avec une mise à prix initiale de 1 000 francs. L’adjudication définitive est fixée au 19 octobre 1842 mais, coup de théâtre, la procédure est abandonnée par les Dussolier. La trêve est de courte durée, un autre créancier de Merlin : François Chabert, domicilié à Darbres, obtient la subrogation de la poursuite judicaire selon le verdict d’un jugement obtenu le 8 mai 1843. Daniel Merlin s’est-il libéré de sa créance en empruntant de l’argent à des tiers ? A-t-il gagné suffisamment d’argent en se lançant dans l’éducation des vers à soie 2176 ? Toujours est-il que Chabert abandonne à son tour les poursuites. Un bref répit avant de se trouver de nouveau confronté à la justice lorsque Joseph Nugues, un banquier de Romans, demanda en 1847, le remboursement d’une lettre de change que Daniel Merlin avait établie à l’ordre de Michalon et Buis, de Montélimar, en novembre 1844. La « créance voyageuse » de 526,70 francs passée à l’ordre de Jamme, un négociant de Privas, fut endossée par le banquier Nugues. Avec les intérêts, Daniel Merlin devait s’acquitter maintenant d’une somme de 799 francs. Était-il de nouveau à court d’argent ? En 1845 et 1846, il avait fait l’acquisition de terres et de landes pour une somme de 2 630 francs et, malgré la vente d’immeubles à Paul Valette, père, pour un montant de 3 030 francs, il ne put échapper à une nouvelle saisie de ses biens, le 4 juin 1849 2177 . Le 9 juillet 1849, il voit ainsi partir une partie de son patrimoine, adjugé 32 500 francs à Henri Gay et Casimir Angelier, deux négociants de Valence 2178 . Entre les nouveaux propriétaires et Daniel Merlin, les relations sont tendues à tel point que ce dernier fait saisir la justice de paix 2179 le 17 juin 1850, exaspéré par leur comportement. A la fin du mois de mai 1850, en pleine récolte des feuilles de mûriers indispensables à la survie des éducations de vers à soie, Casimir Angelier aurait fait emporter par ses domestiques une soixantaine de fagots de bois ainsi que toute la feuille des mûriers sur des parcelles qui n’avaient pas été comprises dans le procès verbal de saisie immobilière. Daniel Merlin pense à un acte délibéré de l’adjudicataire qui, par ses provocations incessantes, viserait à le déstabiliser afin de lui faire quitter la commune. L’adjoint et le garde champêtre sont intervenus plusieurs fois à sa demande pour faire respecter ses droits et la mauvaise foi d’Angelier a même été sanctionnée en justice par une amende de 40 francs 2180 .
La pression psychologique s’exerçant sur Daniel Merlin est forte, d’autant plus que son comportement peut lui attirer des inimitiés. Au mois de juin 1844, Merlin s’est brouillé avec Jacques Fay et Joseph Dumas au sujet d’un troupeau d’une quarantaine de « bêtes à laine » et d’un âne qui pâturaient en toute illégalité sur les terres de la veuve Marie Jallat, la veuve de Pierre Benoît. Convoqué dans le bureau du juge de paix pour s’expliquer, Merlin déclare que Jacques Fay l’avait accusé, pendant son mandat de maire, d’avoir empêché le procureur du roi de faire d’office des poursuites sur un procès verbal dressé par Fay en sa qualité de conseiller municipal.Fay déclare n’avoir aucune rancune contre Merlin 2181 , mais le 29 août 1843, le conseil municipal avait rédigé un rapport concernant Merlin que Jacques Fay, en sa qualité d’élu municipal, avait contresigné. La lettre attestait de la conduite délictueuse de Merlin dans les mois ou les jours précédents : deux condamnations prononcées par le tribunal correctionnel de Privas pour vol de bois commis dans les forêts de Saint-Vincent-de-Barrès assorties d’une troisième inculpation, courant août 1843, pour insultes envers Etienne Boyer, le garde forestier. Le 19 juillet 1843, alors qu’il constatait par procès verbal l’infraction de Daniel Merlin, ce dernier s’emporta et protesta en lui signifiant « qu’il n’est pas un homme et qu’il n’a pas le droit de dresser un procès verbal en matière forestière ». Ces paroles « rebelles à l’autorité » furent condamnées par une amende de cinq francs 2182 . Ces sanctions n’ont pas amélioré pour autant la conduite de Merlin qui écope, en janvier 1847, d’une nouvelle condamnation mais cette fois-ci plus grave, car le juge a requis six jours de prison et l’acquittement des frais de justice d’un montant de 47,56 francs pour rébellion envers un porteur de contrainte, le 15 novembre 1846 2183 . Il semble happé par la machine judiciaire et les peines s’enchaînent les unes après les autres : le 25 août 1848, six jours supplémentaires d’emprisonnement et 25 francs d’amende pour diffamation envers un particulier confirmé par appel en date du 4 janvier 1849 ; le 23 août 1850 : un mois d'emprisonnement pour coups et blessures volontaires. Stigmatisé par ces condamnations, l’ancien conseiller municipal et maire, l’honorable Daniel Merlin, entre dans des procédures de chicanerie. Apparemment, il n’a pas oublié l’histoire du troupeau pâturant sur les terres de Marie Jallat, la veuve de Pierre Benoît. En 1850, il entame une action en justice de paix à l’encontre d’Antoine Laurent, le granger de Daniel Gua fils, en résidence au hameau des Chaix. Or, le père de Daniel Gua était très lié avec Pierre Benoît car Pierre fut son témoin de mariage lorsqu’il épousa Marie Bérard, le 2 mars 1794. Le 17 juin 1850, Daniel Merlin réclame donc à Antoine Laurent la restitution de sept doubles décalitres de blé ou orge, six double décalitres de blé de Turquie, 40 francs pour la valeur des grains laissés ainsi en dépôt et dix francs pour des dégradations faites à un tombereau prêté. Laurent réplique qu’il rendra les grains en dépôt aussitôt que Merlin lui aura payé les dix francs qu’il lui doit pour la garde de son troupeau et les sept francs pour des pommes de terre récoltées à Rouvèze. Le juge de paix donne raison à Daniel Merlin, Laurent devra restituer dans un délai de huit jours les grains ou payer au principal intéressé la somme de 40 francs.
Pourquoi Daniel Merlin ne s’acquitte-t-il pas de ces petites dettes contractées envers ses connaissances ? Ces agissements ne sont pas exceptionnels. Ainsi en mars 1848, les époux Gravier exigent la somme de 40 francs que Daniel Merlin a perçue des propriétés de l’épouse Gravier. En janvier 1849, Delauche et Sapet, deux marchands de graines de vers à soie du Pouzin, réclament le remboursement d’une vente verbale de 17,25 francs conclue en septembre 1848. Est-il à ce point dans l’incapacité de se libérer que ses débiteurs soient obligés de se faire régler leur compte en justice de paix ?
Les événements de Décembre 1851 démontrent pourtant que Daniel Merlin n’était pas si isolé que cela au moment de la préparation de l’insurrection. Il jouissait même d’un certain crédit puisqu’il réussit à réunir dans sa demeure quelques participants du hameau de Rouvèze. Dans la reconstitution de l’histoire du 2 Décembre en Ardèche, Daniel Merlin apparaît comme un meneur de la résistance au coup d’État. Alors, pourquoi le considérer comme le profil d’une « victime » ? C’est parce qu’il fait le choix délibéré de se présenter à la mairie le jour du plébiscite sachant très bien que la gendarmerie et l’armée procèdent à des arrestations dans le cadre de la répression des insurrections. Traqué, dénoncé, Merlin est un homme seul qui décide peut-être d’en finir par un coup d’éclat faisant de lui un « martyr de la foi » républicaine. Si l’on suit François Dubet dans son analyse des logiques de l’action, il en résulte que :
‘« Chaque expérience sociale résulte de l’articulation de trois logiques de l’action : l’intégration, la stratégie et la subjectivation. Chaque acteur, individuel ou collectif, adopte nécessairement ces trois registres de l’action qui définissent simultanément une orientation visée par l’acteur et une manière de concevoir les relations aux autres » 2184 . ’Dans la logique de l’intégration, Daniel Merlin est le représentant d’une famille investie d’un capital symbolique important. Il est un être en héritage et cette « identité intégratrice » 2185 a été certainement mise à mal par les écarts de conduite de Daniel. A la mort de son père, il devient l’héritier et le gardien de la maison familiale. Il accède même aux responsabilités municipales en devenant maire de sa commune. Cette « identité intégratrice » oriente la logique de la stratégie. François Dubet fait remarquer que dans cette logique,
‘« Les relations sociales sont définies en termes de concurrence, de rivalité plus ou moins chaude des intérêts individuels ou collectifs. […] La société est perçue comme un système d’échanges concurrentiels pour obtenir des biens rares : l’argent, le pouvoir, le prestige, l’influence, la reconnaissance… » 2186 . ’Apparemment, Daniel Merlin a cherché à maintenir l’unité du patrimoine transmis, mais, endetté, il ne peut maintenir son intégrité et marié à Jeanne Chambon, il ne pourra pas le transmettre à ses descendants directs, faute d’héritier 2187 . Dans ce « champ concurrentiel », il est en échec.
Les événements de Décembre 1851 lui permettent de reprendre temporairement la main et d’en retirer un bénéfice symbolique car, sa « puissance » retrouvée se mesure dans sa capacité à mobiliser et encadrer l’insurrection. Il agit en mobilisant un certain nombre de valeurs correspondant à la troisième logique définie par François Dubet : la subjectivation. Daniel Merlin affiche sa détermination en rédigeant, devant témoins, son testament en faveur de sa femme et cette façon de se comporter le rattache à la geste révolutionnaire déclinée sous la forme : « la République ou la Mort, nous vaincrons ». Le « grand soir » qui doit amener une ère nouvelle de fraternité - « aujourd’hui, nous sommes tous frères » - et d’égalité – « toutes les élections aux places seront faites par le petit peuple » - est enfin arrivé. Mais Daniel Merlin est aussi un être en souffrance, déchiré par les tensions nées de la combinaison des logiques d’intégration et de stratégie qui fonde son expérience sociale au sens entendu par François Dubet. Sa disparition pour la défense des valeurs républicaines, son sacrifice même, serait donc finalement le moyen d’annihiler les tensions résultant du décalage entre la représentation d’un « Moi idéal » et la réalité d’une existence enlisée dans les sables mouvants des affres de sa vie quotidienne. Daniel Merlin n’est pas mort en héraut de la République, mais c’est le jour du plébiscite qu’il devient un héros de la République en allant jusqu’au bout de son engagement. En agissant de la sorte, en acceptant le « martyr », il pouvait ainsi rentrer dans les mémoires comme celui qui, par un geste civique, avait osé défier les autorités à la solde d’un pouvoir qui, pour se maintenir en place, n’avait trouvé d’autre alternative que l’usurpation.
Après son incarcération dans les geôles privadoises, Daniel Merlin a été transféré au fort Lamalgue de Toulon. Il y séjourne une semaine avant d’être embarqué sur le Mogador à destination du port de Brest, antichambre des bagnes de Cayenne. En attente de ce long voyage en direction du continent sud-américain, Daniel Merlin séjourne à bord du Du Guesclin, un navire transformé pour l’occasion en prison. Vers le 15 avril 1852, il prend place sur la frégate La Rigole. Après trois mois de « croisière », le bateau est en vue de la Guyane. A partir du 8 juillet 1852, Daniel Merlin connaît l’enfer du bagne, « obligé de supporter le fer, traînant un boulet, subissant quatre heures par jour le poteau » 2188 . Son calvaire dure trois ans jusqu’à sa grâce présidentielle obtenue au mois de décembre 1854. Affaibli et malade, il arrive sur le littoral des côtes bretonnes au début du mois de juin 1855, mais sa présence en Ardèche n’est pas la bienvenue. Par une lettre en date du 11 juin, le préfet de l’Ardèche a informé le ministre de l’Intérieur des « inconvénients à ce que Merlin dont la transportation à Cayenne a été commuée en internement fut dirigé sur le département » 2189 . « Liberté à vous de l’expédier dans un autre département » répond le ministre de l’Intérieur par retour du courrier. Daniel Merlin retrouve le hameau de Rouvèze et les paysages ardéchois qui lui sont familiers, le 18 juin. Comment a-t-il vécu son retour au pays ? Peu d’éléments permettent de répondre en l’absence d’une recherche plus fouillée qui, faute de temps, s’arrêta à l’aube du Second Empire. Pendant sa détention, les 10 000 francs de la dot de son épouse ont fondu comme neige au soleil 2190 . Après l’attentat d’Orsini motivant la mise en place des lois de sûreté générale, le capitaine de gendarmerie de la brigade de Privas le décrit comme « un rouge exalté qui n’est pas revenu à de meilleurs sentiments » 2191 , mais, apparemment, il ne semble pas avoir été inquiété outre mesure, les registres d’écrou de la Maison d’arrêt de Privas ne portent pas la mention d’une nouvelle incarcération. La trace de Daniel Merlin se perd dans les années 1880 juste après la rédaction de sa demande de pension au titre de la loi sur les victimes du coup d’État. La Troisième République triomphante reconnaît son sacrifice et ses souffrances pour la cause républicaine en lui versant l’indemnité maximum de 1 200 francs et, dans la mémoire locale de l’époque, il y a l’image d’un « républicain très ferme dont le plus connu dans l’Ardèche est Merlin » 2192 .
Arch. dép. Ardèche. 5M19. Certificat du médecin Vialette de Chomérac.
Arch. dép. Ardèche. 5M19.
Arch. nat. F15 3990. Demande de pension au titre de victime du coup d’État. Lettre de Daniel Merlin en date du 29 septembre 1881.
Arch. dép. Ardèche. Y 136 registre d’écrou de la Maison d’arrêt de Privas..
En 1881, dans sa lettre de demande d’indemnisation, Daniel Merlin écrit : « Arrivé à la prison, le concierge ne voulait pas me recevoir "cet homme est mort, que voulez-vous que j’en fasse" »
Arch. dép. Ardèche 5M15. Interrogatoire en date du 24 décembre 1851.
Pour des exemples de stratégies défensives voir Jean-Claude CARON, L’été rouge, déjà cité, pp. 214-223.
Arch. dép. Ardèche 5M15. Déposition n°284 de Régis Puaux, en date du 17 décembre 1851.
Arch. dép. Ardèche 5M15 Déposition de Paul Valette, 22 ans, demeurant à Rouvèze, hameau de Saint-Lager-Bressac, en date du 31 décembre 1851 devant Jean-Jacques Théoule, juge de paix du canton de Chomérac.
Arch. dép. Ardèche 5M23 Certificat du conseil municipal de Saint-Lager-Bressac en date du 16 janvier 1851.
Arch. dép. Ardèche. 3M194.
Le père et la mère savent signer ainsi que tous les garçons. Parmi les filles, seule la sœur aînée maîtrise l’écriture.
Arch. dép. Ardèche. Enregistrement. 3Q 2049.
Jean Gua meurt le 30 novembre 1849 sans descendance. Trois semaines avant, il a rédigé son testament devant le notaire Bailly, de Baix. Il laisse un héritage estimé à 46 814 francs. Soit un capital au denier vingt s’élevant à 34 800 francs et 12 014 francs en argent et valeurs mobilières. Il fait de son neveu son légataire universel avec pour son épouse un droit d’habitation dans une chambre de la maison garnie d’un lit, de quatre chaises et d’une table, huit linceuls, nappes et douze serviettes. A de droit de résidence s’ajoutent un droit de prendre au jardin des raisins et le paiement d’une rente viagère annuelle versée en espèces : 200 francs et en nature : douze doubles décilitres de froment, un hectolitre de vin rouge, 250 kilos de pommes de terres. Arch. dép. Ardèche. Enregistrement 3Q 1760 n°162 en date du 18 mai 1850.
Arch. dép. Ardèche. Enregistrement, contrat de mariage 3Q 1998.
Arch. dép. Ardèche. Enregistrement, bureau de Privas. 3Q 2028. Table des successions et absences. Jean-Pierre Merlin a laissé du bien mais sa succession est portée au sommier douteux sous le n° 1272.
Arch. dép. Ardèche. 2E 9560, archives notariales Anne-Marceau Bailly, notaire royal à Baix. L’acte de donation est aussi recopié intégralement dans le cahier des charges d’une adjudication concernant Daniel Merlin. Arch. dép. Ardèche. 3U2 654 en date du 24 mai 1843.
Arch. dép. Ardèche. Enregistrement. 3Q 1759 n°344 en date du 2 septembre 1848.
Arch. dép. Ardèche. Enregistrement, contrat de mariage n°130, 3Q 1998.
Arch. dép. Ardèche. Cahier des charges des adjudications. 3U2 654 en date du 24 mai 1843, déjà cité.
Arch. dép. Ardèche. Cahier des charges des procédures d’adjudication. 3U2 654, n°14, Daniel Merlin, en date du 24 mai 1843.
Arch. dép. Ardèche. Enregistrement. Registre des mutations par décès. 3Q 1760, n° 162 en date du 18 mai 1850.
D’après le cadastre et un acte du juge de paix en date du 17 juin 1850, on sait que Daniel Merlin récolte de la feuille de mûriers. Arch. dép. Ardèche 4U 15/17. Parcelles de propriété n°329 et 330 du plan cadastral section D du Crouzas. En consultant les actes de la justice de paix, on sait qu’il est débiteur auprès de marchands de graines de vers à soie du Pouzin.
Dans le cahier des charges détaillant la procédure, il est stipulé que « ces immeubles ne font pas partie de la saisie pratiquée contre Merlin à la requête du consort Du Solier par procès verbal du 18 et 19 avril 1842 ».
Daniel Merlin bénéficie d’un répit jusqu’au 24 septembre 1854 car la procédure d’adjudication a fait l’objet d’une folle enchère. Henry Gai et Casimir Angelier n’ont pas pu s’acquitter de la somme annoncée. C’est finalement Charles Auguste Roule, un commerçant de Valence, qui fait l’acquisition des biens en ayant offert la somme de 13 000 francs.
Arch. dép. Ardèche. Justice de paix 4U15/17 en date du 17 juin 1850, n° 69.
Arch. dép. Ardèche. Justice de paix 4U15/17, ibidem.
Arch. dép. Ardèche. Actes civils. 4U7/35. Enquête en date du 10 juin 1844.
Arch. dép. Ardèche. 3U2 1175, affaire n°152 en date du 11 août 1843.
Arch. dép. Ardèche. 3U2 1176, affaire n°559 en date du 22 janvier 1847.
François DUBET, Sociologie de l’expérience, ouv. cité, p. 111.
François DUBET, idem, p. 112.
François DUBET, idem, p. 122
Par un conseil de famille tenue en date du 17 novembre 1843, en sa qualité d’oncle paternel, Daniel Merlin a été désigné tuteur de Scipion, le fils de son frère Pierre André décédé. Arch. dép. Ardèche, 4U7/35, N°181
Arch. nat. F15 3990. Lettre de Daniel Merlin au préfet en date du 29 septembre 1881 pour solliciter une demande de pension au titre de victime du coup d’État.
Arch. dép. Ardèche 5M22 Réponse du cabinet du ministère de l’Intérieur au préfet de l’Ardèche en date du 15 juin 1855.
Arch. nat. F15 3990. Lettre de Daniel Merlin en date du 29 septembre 1881, idem. Lorsque Jeanne Chambon décède le 27 mars 1866, son époux devient par testament son légataire universel. Elle transmet 3 500 francs à ses sept frères et sœurs, somme payable sans intérêt dans l’année de décès de Merlin. Tous renoncent à cette donation à l’exception d’un seul. Arch. dép. Ardèche. Enregistrement. 3Q 4023 n°197 en date du 22 septembre 1866 et 3Q 4180 n°458. Le reste de la succession se compose de revenus immobiliers estimés à 150 francs (100 francs pour 135 ares de terres de labour à Rouvèze et 50 francs pour une autre parcelle de 60 ares de terre) qui placés au « denier vingt » donnent 3 000 francs de capital.
Arch. dép. Ardèche. 5M31. Renseignements sur les condamnés politiques ou ennemis du gouvernement de l’arrondissement de Privas en date du 22 février 1858.
Arch. dép. Ardèche 5M54. Notice individuelle au sujet de Jacques Puaux pour indemnisation versée aux victimes du coup d’État.