1850

6 janvier 1850 à Annonay. Le commissaire de police signale la tenue d’une réunion considérable qui a eu lieu dans la maison du gymnase tenue par un cafetier, place du Champ de Mars, au sujet d’une souscription destinée à établir une boucherie et une boulangerie sociétaires.

11 janvier 1850 : vote de la loi de Parieu. Le brevet de capacité exigé pour enseigner dans les écoles primaires peut être remplacé par le baccalauréat, par un certificat de stage. La qualité de religieux suffit pour être dispensé de la présentation des diplômes requis. La surveillance des enseignants du primaire est confiée aux autorités administratives.

15 février 1850. Le sous-préfet de Tournon au préfet : « les bruits doivent nous faire tenir sur nos gardes et nous engager à nous assurer d’avance du moyen de répression en cas de besoin ». Il réclame l’envoi de 200 ou 300 hommes de troupes à Tournon.

17 février 1850. Affiliation d’une quarantaine de personnes au Pont d’Arc, dans la région de Vallon, à la suite d’un pique-nique le long des rives de l’Ardèche.

18 février 1850, Teissier, maire d’Aubenas, est suspendu de ses fonctions. 3k 84, n°35.

20 février 1850. Dépêche télégraphique de Paris du Ministre de l’Intérieur : « en présence de l’agitation des esprits, les banquets seraient dangereux dans votre département, il faut les faire interdire. J’ai demandé au Ministre de la guerre d’autoriser l’envoi de 300 hommes à Tournon détachés de Valence ».

23 février 1850. Arrêté préfectoral interdisant les banquets.

24 février 1850. 75 hommes d’infanterie et 25 artilleurs à cheval s’opposent à la tenue d’un banquet socialiste organisé par Rey à Valence.

25 février 1850. Une vingtaine de jeunes de Serrières ont dansé sur le quai une farandole en chantant des « chansons démagogiques » : la Carmagnole, les peuples sont frères...

10 mars 1850. Élections partielles en Ardèche en remplacement de Rouveure démissionnaire.

15 mars 1850. Vote de la loi Falloux.

19 mars 1850. Le Ministre de L’intérieur au préfet : « je me suis empressé de faire connaître à M le Ministre de la Guerre la fâcheuse nécessité où vous vous étiez trouvé de tolérer le banquet d’Annonay faute d’avoir été appuyé par des forces suffisantes ».

22 mars 1850. Circulaire du ministre de l’Intérieur : « vous aurez à combattre la propagande anarchique sous toutes ses faces et dans chacune des ces manifestations. Vous surveillerez l’action démoralisante de la presse hostile et vous signalerez aux magistrats compétents les attaques dirigées contre la Société et ses lois ».

29 mars 1850. Le commissaire de police de Bourg‑Saint‑Andéol fait état de scènes de désordre consécutives à l’acquittement de Bonnaud. 400 personnes se sont rassemblées, parmi lesquelles une centaine de femmes et d’enfants. Elles se sont portées au-devant de Bonnaud en chantant les refrains de La Marseillaise et en poussant les cris de « Vive la Montagne, vive Bonnaud ».

1 er avril 1850. À Saint-Marcel-d’Ardèche, vers minuit, une centaine d’individus ont parcouru les rues proférant les cris de « à bas le maire, vive Barbès ». Plusieurs coups de pistolet furent tirés sur la place.

Nuit du 26 mai 1850. Selon le commissaire de police de Bourg‑Saint‑Andéol : « On dit que dans la nuit du 26 courant le tocsin doit être sonné dans toutes les communes de France et que lorsque la population sera hors de chez elle les rouges étant sortis armés assassineraient les blancs ». 

29 juin 1850. Le commissaire de police de la ville de Privas signale au préfet la mise en circulation d’une pétition à l’initiative d’épiciers, de petits propriétaires, d’ouvriers cordonniers et de cordonniers bottiers ayant pour but de s’opposer au paiement de l’impôt

31 mai 1850. Loi restreignant le corps électoral. Trois ans de résidence continue. L’Ardèche perd plus de 30% d’électeurs.

4 juin 1850. Circulaire de J. Baroche, ministre de l’Intérieur aux préfets : « l’appui du gouvernement ne vous manquera pas, chaque fois que, dans la limite de vos pouvoirs légaux, vous saurez faire respecter l’ordre et lutter contre les anarchistes ».

8 juin 1850. Augmentation du timbre et du cautionnement.

9 juin 1850. Rumeur à Saint-Étienne-de-Boulogne. «  Un individu étranger a harangué le public au moment de la sortie de la messe, il aurait engagé le peuple à se tenir prêt et qu’il y aurait bientôt une prise d’armes dans l’objectif de renverser le gouvernement ».

19 juin 1850. La gendarmerie est informée de la tenue de réunions clandestines socialistes.

2 juillet 1850. Le commissariat de police d’Annonay signale au sous-préfet l’installation d’un agent de renseignements à Annonay.

3 juillet 1850. Circulaire du préfet : la loi du 19 juin 1849 est prorogée jusqu’au 22 juin 1851.

5 juillet 1850. Un agent de renseignements signale au sous-préfet le café Clément à La Voulte. La propriétaire cacherait des armes : « fusils pistolets, poignards, piques, lances, des balles en grande quantité et de la poudre ».

6 juillet 1850. Le maire des Assions fait appel au préfet pour enlever aux maires la responsabilité d’accorder ou non l’autorisation les fêtes votives. Objectif : « contrer la propagande socialiste qui fait des progrès dans tout le département ».

10 juillet 1850. Arrêté du sous-préfet de Largentière pris à la demande du maire de Grospierres pour interdire la fête votive de sa commune. Motif : éviter les rixes entre jeunes des communes voisines.

12 juillet 1850. Le ministre de l’Intérieur transmet les noms des meneurs d’un « comité révolutionnaire » établi dans l’Ardèche et qui serait en relation avec Nîmes et Valence. Le ministre de l’Intérieur signale au préfet le « Comité de propagande socialiste » à Aubenas. Parmi la liste de noms, certains détiendraient de la poudre et des balles.

13 juillet 1850. Arrêté préfectoral interdisant de manière absolue toutes les réunions ayant un caractère politique.

16 juillet 1850. Truc, maire de Veyras, est suspendu de ses fonctions pendant trois mois pour négligence relative à la formation de la liste électorale.

19 juillet 1850. Banquet socialiste d’Assions. Arrestations des meneurs pour avoir chanté autour de l’église pendant l’office divin. Banquet politique dans lequel des chants auraient été chantés : « assemblons-nous pauvres paysans, nous sommes dévorés par le bleu et le blanc, amis rassemblons-nous autour de la Montagne ».

28 juillet 1850. Une chanson intitulée Le bal et la guillotine a été chantée dans les rues de Joyeuse. 

31 juillet 1850. Le ministre de l’Intérieur verse une allocation de 150 francs par mois au préfet de l’Ardèche pour frais de police secrète.

2 août / 4 août 1850. Envois de lettres anonymes à la préfecture signalant des personnes détenant des armes dans la vallée du Rhône.

18 août 1850. Lettre anonyme dénonçant des propos hostiles contre le préfet, la détention d’armes.

Nuit du 18 au 19 août 1850. A Meysse, le suppléant au juge de paix du canton de Rochemaure signale qu’une partie de la population « assistée même d’une partie de l’autorité locale ont parcouru les rues en vociférant toutes espèces de chants hostiles au gouvernement en poussant des cris provocatifs (sic) tels que « Vive Robespierre, vive la guillotine, à bas le président, à bas la religion ».

28 août 1850. Lettre en provenance des Vans au préfet signalant une société secrète qui correspondrait avec l’Europe entière, des chansons provocatrices hostiles au gouvernement au café Gilles.

29 août 1850. Lettre anonyme de Privas signalant des dépôts de balles et de poudre.

9 septembre 1850. Perquisitions domiciliaires effectuées par le procureur de la République et le juge d’instruction à Saint-André-de-Cruzières suite à renseignements concernant une société secrète. « Les recherches les plus minutieuses n’ont amené aucun résultat important ».

15 septembre 1850. Les brigades de gendarmerie de Joyeuse, Vallon, Berrias, Jaujac, Valgorge s’interposent pour interdire des banquets et réunions politiques à Saint‑André‑de‑Cruzières.

16 septembre 1850. Coup de fusil tiré sur le préfet.

17 septembre 1850. Le sous-préfet de Largentière demande au préfet l’envoi d’agent secret chargé d’infiltrer les sociétés secrètes.

17 septembre 1850. Le commissaire de police de Valence porte à l’attention du préfet qu’un service de pigeons voyageurs a été organisé aux Granges, commune de Saint-Péray et signale que « c’est sur la rive droite du Rhône entre Tournon et Viviers que se forment tous les projets révolutionnaires ».

18 septembre 1850. Étienne Pellier, maire de Labastide-de-Virac, est suspendu de ses fonctions. Révoqué par décret présidentiel le 25 octobre.

20 septembre. Le maire du Pouzin signale que dans la nuit, sur la place publique, on a pendu un mannequin à l’arbre de la liberté portant un écriteau : position des blancs, vive la République.

22 septembre 1850. Lettre anonyme de Privas signalant des armes et de la poudre.

24 septembre 1850. Perquisitions domiciliaires nocturnes au Pouzin, Baix, Cruas. par le préfet de l’Ardèche et la troupe de ligne pour dépister « les dépôts d’armes de poudre, de munitions de guerre et les listes d’affiliations à une société secrète ».

1 er octobre 1850. Le ministre de l’Intérieur félicite le préfet pour son expédition menée au Pouzin, « on ne peut qu’applaudir à la conduite d’un fonctionnaire qui donne lui-même l’exemple du courage et du mépris de la mort. Un tel enseignement est bien utile dans un département comme le vôtre où la faiblesse des agents du pouvoir a fait trop longtemps la force des anarchistes ».

2 octobre 1850. La brigade de La Voulte doit renoncer à l’arrestation d’un individu sans papier. Une trentaine de personnes s’y opposèrent.

10 octobre 1850. Revue des troupes par le président de la République au camp militaire de Satory. Des régiments de cavalerie crient : « vive l’empereur » en désobéissance aux ordres du général Changarnier qui avait conseillé au général Neumayer de faire défiler les troupes en silence, comme l’exigeait le règlement militaire. Neumayer qui s’est conformé aux ordres est destitué par le président.

14 octobre 1850. A Villeneuve-de-Berg, une patrouille de la gendarmerie est assaillie par une centaine d’individus qui l’accompagnèrent jusqu’à la caserne en la huant : « à bas la canaille ». Deux pierres ont été lancées.

16 octobre 1850. Télégramme du préfet du Rhône au préfet de la Drôme qui transmet à Privas : « on annonce positivement dans les réunions des anarchistes un mouvement insurrectionnel dans le midi : prenez vos précautions ».

21 octobre 1850. Le conducteur de la diligence d’Alès aurait signalé que le général de Rostolan commandant la 8e, 9, 10e division militaire de Montpellier faisait abattre sur son passage les arbres de la Liberté.

22 octobre 1850. Circulaire du ministre de l’Intérieur Baroche au sujet de soulèvements qui devraient naître dans les départements de l’Est et du Midi. Projet d’insurrection dont le signal partirait de Paris vers le 11 novembre. « Il est fort possible qu’il n’y ait rien de bien sérieux ».

24 octobre 1850. Arrestation d’Adolphe Gent compromis dans le « complot du Sud-Est » ou « complot de Lyon ».

30 octobre 1850. Arrêté du préfet proclamant la dissolution de la garde nationale de Salavas et de Vallon « considérant que la garde nationale ne s’est pas déplacée pour prêter main-forte aux autorités lors de l’arrestation de personnes surprises en flagrant délit de réunions illicites ». Un délai de deux heures est accordé aux citoyens pour porter leurs armes à l’hôtel de ville. 3 K 84, n° 183.

31 octobre 1850. Le préfet de la Drome signale la présence de sociétés secrètes parfaitement organisées à Saint-Péray et à La Voulte. «  On parle aussi de réunions derrière la montagne de Soyons et d’une fabrique de poudre. ».

Novembre 1850. Lettres anonymes au préfet en provenance d’Antraigues : « Je tiens d’une confidence intime qu’il existe un complot d’après lequel dans la nuit du 19 au 20 ou du 21, 22, le parti rouge doit mettre le feu à la préfecture, aux casernes et élargir les prisonniers ». Suit une liste de nom.

1er novembre 1850. « Les démagogues de Genève les plus turbulents doivent quitter le pays ». Note du général commandant les 5 et 6e division militaire.

3 novembre 1850. Arrestations de trois personnes de la commune de Laurac pour avoir proféré des cris séditieux. A Laurac, Victorin Mazon, escorté par une vingtaine de démocrates de Largentière, assistait à la fête votive muni de paquets de papiers. 150 personnes ont banqueté. Le maire ne s’est pas cru autorisé à pénétrer dans la salle du banquet parce qu’il n’avait pas entendu de cris séditieux.

4 novembre 1850. Signalement de l’existence d’une société secrète à Jaujac.

6 novembre 1850. A Burzet, une vingtaine de jeunes gens étrangers à la commune parcourent la ville en poussant des cris séditieux. Les gardes ont été assaillis de pierres sur la place du Temple. Arrestation de cinq jeunes gens.

7 novembre 1850. Un gendarme est assailli par des pierres sur la route de Privas à Aubenas.

8 novembre 1850. À Bourg-Saint-Andéol, perquisitions des domiciles de Félix Bonnaud et de Michel Prat effectuées par le juge de paix et le commissaire de police Elles n’ont donné aucun résultat.

10 novembre 1850. Arrestation de six individus à Jaujac.

10 novembre 1850. Le préfet de la Drôme au préfet de l’Ardèche : « des renseignements d’une source ordinairement bien informée annoncent pour demain ou après-demain, une insurrection qui commencerait dans le département de l’Ardèche. Le signal serait transmis par des feux sur les montagnes ».

11 novembre 1850. Rentrée parlementaire.

11 novembre 1850. Ferdinand Terrasse, maire de Genestelle, est suspendu de ses fonctions.

13 novembre 1850. Le juge de paix de Burzet demande au préfet la mise en état de siège du département pour « en finir avec les émeutiers et les ennemis éternels de l’ordre public ».

14 novembre 1850. Le maire des Assions est informé par un individu « qu’un complot d’insurrection éclaterait bientôt et que dans moins de trois jours la guerre civile serait peut-être déclarée ». Il a mis sa commune en état de siège.

14 novembre 1850. Le sous-préfet de Largentière exprime ses inquiétudes au préfet : « à Largentière nous n’avons aucun moyen de crier aux secours... Si nous étions attaqués sans avoir été prévenus quelques heures à l’avance, le succès le plus incontestable appartiendrait à l’émeute ».

16 novembre 1850. Rapport du sous-préfet : « Lablachère n’est pas tranquille. On chante des airs socialistes en plein café et on promène des drapeaux rouges dans les salles du café. Ribes remue, Jaunas aussi ».

18 novembre 1850. Graves incidents à Bourg-Saint-Andéol. Suite à une perquisition, l’adjoint au maire de la commune, l’horloger Michel Maurice, inculpé dans l’affaire du complot de Lyon a été arrêté. Des barricades se sont formées en différents points de la ville. La troupe de ligne ayant voulu les réduire a été attaquée du haut des toits à coups de pierres et de fusils. Le commissaire de police a tué d’un coup d’épée Jean Alexis Hours, garde champêtre révoqué.

28 novembre 1850. Rapport du commissaire de police d’Annonay : « les socialistes d’Annonay sont organisés par sections; chaque section est composée de 24 hommes, tous armés de poignards, pistolets ou fusils. Ils attendent pour se lever un signal convenu, des feux allumés sur la cime des montagnes, des fusées ou des émissaires de Lyon, Grenoble ou Saint-Étienne. Au moment désigné, la caserne de gendarmerie serait cernée et l’on s’emparerait de toutes les autorités ».

27 novembre 1850. Le sous-préfet de Largentière, sur la foi de révélations faites par un convive du banquet de Laurac, obtient un mandat d’amener contre Louis Victorin Mazon. Il réclame l’appui de 30 fantassins de la garnison d’Aubenas.

28 novembre 1850. Arrestation de Louis-Victorin Mazon, ancien commissaire du Gouvernement provisoire dans l’Ardèche.

29 novembre 1850. Selon le sous-préfet de Largentière, les démocrates depuis l’incarcération de leur chef, circulent jusqu’à des heures avancées de la nuit dans les alentours de Largentière et dans les rues de la ville. « Ils sont tous armés et presque tous munis de fusils de garde nationaux ».

1er décembre 1850. Remise en liberté de Mazon. Le juge d’instruction, Ladreyt de la Charrière, a estimé que des charges suffisantes ne justifiaient pas sa mise en détention. Le sous-préfet de Largentière souhaitait rattacher cette procédure à celle du complot de Lyon. Le ministre de L’intérieur Baroche exprime ses regrets sur cet acte de faiblesse du juge d’instruction et en informe le garde des Sceaux.

11 décembre 1850. Alzas, maire de Salavas est suspendu de ses fonctions. 3K 84, n°211.

15 décembre 1850. Le Maréchal des Logis chef du Cheylard informe le préfet de l’existence d’une société secrète dans la commune de Gluiras, canton de Saint-Pierreville.

19 décembre 1850. Le sous-préfet de Tournon qu’il pourrait exister un projet de soulèvement pour le mois de janvier prochain. Ce mouvement s’exécuterait en même temps de la Méditerranée à l’Océan et des Pyrénées à la Belgique. Le but serait le renversement du président de la République.