Chapitre II. Filiations

Nous voilà, pour cette seconde étape ethnographique, à l’intérieur de l’enceinte monastique. A l’intérieur comme à l’extérieur, il est encore question, dans les situations que nous observons, de tradition. Mais cette fois-ci, la tradition que nous appréhendons dans cette seconde série de situations ethnographiques ne s’énonce plus dans le discours des acteurs mais se donne à voir dans des interactions sociales. Dans un monastère, nous ne voyons de la tradition qu’un ensemble de modalités d’action construites dans la relation qui unit un moine à son geronda. Cette relation se lit comme une relation filiale. Dans un premier temps, nous verrons que la tradition est une affaire généalogique qui consiste moins à instaurer une lignée spirituelle qu’à reconnaître ses ascendants et l’autorité de leur parole. Cette relation nous amènera à considérer dans un deuxième temps que, dans l’enclos monastique, il n’y a pas à proprement parler de tradition, seulement des situations traditionnelles au sein desquelles s’énoncent les modalités d’action. Notre objectif dans ce chapitre est de comprendre ce qui se joue de traditionnel dans ces situations d’interaction sociale.