Conclusion

Notre parcours ethnographique dans l’enceinte monastique touche à sa fin. Il est maintenant temps pour nous de revenir sur ses implications épistémologiques. Notre travail ne se revendique pas comme une ethnographie du monachisme mais une ethnographie dans un monachisme défini localement : les fondations françaises du monastère de Simonos Petra au Mont Athos. A partir de ce terrain, nous avons choisi de travailler sur la fondation d’un monachisme orthodoxe de « tradition » athonite en France. Le monachisme traité dans ce travail se définit en premier lieu par une localité puisqu’il a été question d’une « tradition » située géographiquement (le Mont Athos en Grèce). Mais cette localité se trouve paradoxalement déterritorialisée : les acteurs que nous avons rencontrés s’inscrivent bien dans la tradition monastique du Mont Athos… mais en dehors de l’Athos. Force est de constater que les traditions locales se trouvent moins liées à une localité qu’à un réseau d’acteurs à même de fabriquer un local déterritorialisé 504 . Dans un tel contexte, notre attention ne s’est pas focalisée sur les spécificités socio-culturelles de cette implantation monastique. Nous avons davantage cherché à comprendre ce que les acteurs que nous avons rencontrés vivaient en situation. Nous avons préféré l’ici et le maintenant de quelques situations rencontrées derrière la clôture plutôt que l’ailleurs de la tradition dont elles se voulaient le reflet. Notre réflexion s’est ainsi portée sur une communauté religieuse « en train de se faire » partagée entre un modèle de vie envisagé comme intemporel (« la Grande Tradition ») et ses possibilités concrètes d’action hic et nunc.

Notes
504.

Arjun APPADURAI (1996) op. cit.