Introduction

Dans cette section, je discute du cadre théorique que j’utiliserai ainsi que des hypothèses qui en découlent en ce qui concerne l’acquisition du langage. Comme nous le verrons, j’accorderai une place toute aussi importante aux théories liées aux représentations prosodiques (facteurs internes) qu’aux hypothèses purement mécanique et statistique (facteurs externes). J’emploie ici les termes de facteurs internes et facteurs externes dans le même sens que Martinet (2005 : 4) :

‘« Plus séduisant et adéquat à l’objet de nos études serait l’emploi d’« interne » en référence à tout ce qui est linguistique parce qu’arbitraire au sens saussurien du terme, c’est-à-dire, en pratique, à tout ce qui caractérise une langue en propre et l’oppose à tout autre. Serait, dans ces conditions, « externe », non seulement un facteur comme le climat ou l’habitat qui, de l’extérieur, affecte l’Homme, et peut-être son langage, mais également tout ce qui, dans l’activité humaine, mentale ou physique, habituelle ou accidentelle, peut influencer la nature des systèmes linguistiques. Sur ces bases, l’influence sur la phonie de la langue, de l’asymétrie, et de l’inertie des organes serait à classer parmi les facteurs externes et s’opposerait aux nécessités fonctionnelles et aux pressions structurales qui, seules, représenteraient les facteurs internes. »’

Toutes les représentations qui vont être détaillées dans cette section sont disponibles pour l’enfant puisqu’elles découlent de la Grammaire Universelle (GU). La GU est la pierre angulaire de la grammaire générative qui est le cadre adopté dans cette thèse en ce qui concerne les facteurs internes. La GU dans le cadre de la Théorie de l’Optimalité (TO), cadre formel que je développerai également, se fonde sur des contraintes phonologiques. Ces contraintes permettent de rendre compte de la préférence de la GU pour certaines formes de surface (par exemple, le fait que les syllabes soient en générale CV) et du fait que la forme de surface doit être la plus proche possible de la forme stockée en mémoire. Ces contraintes seront donc divisées en deux familles : les contraintes de marque et les contraintes de fidélité. Comme je le détaillerai dans les prochaines sections, cette approche me permettra de rendre compte des formes produites par Marilyn à chaque étape de son développement. Elle me permettra également de faire des prédictions sur les patrons d’acquisition observés et leurs évolutions.

En ce qui concerne les facteurs externes, ils seront abordés en section . Ces facteurs font référence aux limitations physiologiques et articulatoires de l’enfant ainsi qu’aux fréquences de l’input et des formes tentées.

Enfin, en section , je détaillerai la méthodologie employée dans ce travail. Mais tout d’abord dans la prochaine section, je vais aborder les problèmes que rencontre l’étude des productions enfantines en phonologie.