2.2. Représentation segmentale

Bien que la plupart des phénomènes observés soient en lien direct soit avec la prosodie, soit avec des facteurs externes, quand cela s’avèrera nécessaire, je ferai référence à l’organisation des traits qui composent un ou des segments, notamment quand ceux-ci sont impliqués dans des processus phonologiques. Par exemple, chez Marilyn, le fait que les fricatives coronales soient, en début d’acquisition, toutes substituées par [s], est liée à l’organisation des traits de lieu d’articulation non encore totalement acquise par Marilyn à ce stade (voir chapitre 3 section ).

Depuis l’émergence de la Théorie de l’Optimalité (TO), les théories basées sur les représentations segmentales, et plus spécifiquement la Géométrie des Traits (p. ex. Clements 1985, Sagey 1986, Halle 1992, Clements and Hume 1995), ont perdu l’importance qu’elles avaient acquise avec l’émergence de la phonologie non linéaire à la fin des années 70 (p. ex. Kahn 1976, Goldsmith 1976, Clements 1976). De nombreuses alternances phonologiques qui furent tout d’abord expliquées grâce à une organisation hiérarchique des traits sont maintenant formalisées en termes d’interaction de contraintes. Malheureusement, ces contraintes ne peuvent rendre compte de la structure interne des segments. C’est pourquoi je considérerai dans ce travail qu’un segment est un ensemble de traits hiérarchiquement organisés, tel que postulé en Géométrie des Traits.

Bien que les nombreuses géométries des traits proposées puissent varier dans leurs détails, certaines relations ne sont pas remises en question. Par exemple, dans toutes les propositions de géométrie des traits, on retrouve le nœud racine dominant les nœuds Laryngal et Lieu (d’articulation), ou le nœud Lieu (d’articulation) dominant les nœuds Labial, Coronal et Dorsal comme illustré en (1)).

(1) Géométrie des traits (simplifiée)

Ainsi, même si certains aspects de la représentation segmentale peuvent varier selon le système étudié, 2 d’autres aspects sont inaltérables. J’adopte donc pour la suite de ce travail la représentation en (1)). En résumé, Le nœud racine domine directement les nœuds Laryngal et Lieu (d’articulation). Le nœud Laryngal rend compte des éléments produits avec le larynx comme le voisement ou l’aspiration. Le nœud Lieu organise les spécifications de lieu d’articulation. Il domine donc directement les trois lieux d’articulation majeurs que sont les traits [Labial], [Coronal] et [Dorsal]. Ces traits dominent des traits articulatoire plus fins comme [rond] ou [antérieur]. Dans ce cadre, les traits d’articulation majeurs étant des nœuds de l’arbre, ils sont considérés comme monovalents ou unaires.

Notes
2.

Par exemple, selon les langues, le /l/ peut être spécifié soit comme un segment [–continu], soit comme un segment [+continu] (Gussenhoven et Jacobs 2005).