3.2.2. Axe syntagmatique

La maîtrise articulatoire nécessaire à la production de contrastes pour une séquence de sons demande, en plus de la précision articulatoire discutée dans la section précédente, une précision dynamique qui permet d’enchaîner des mouvements articulatoires différents. En considérant les contraintes physiologiques liées à la grosseur de la langue en comparaison à la taille du conduit vocal de l’enfant, les suites de consonnes linguales peuvent être défavorisées. C’est l’hypothèse émise par Rose et dos Santos (2006) pour rendre compte de l’assimilation des occlusives coronales par des dorsales dans les mots comprenant ces deux articulateurs dans les productions de Marilyn. Ainsi, d’après cette hypothèse, on peut prédire que les séquences combinant une articulation labiale et une articulation linguale (p.ex. la séquence [Lab…Cor] dans un mot comme patte [pat]) seront plus facilement exécutables que les séquences comportant deux articulations linguales différentes (p.ex. la séquence [Dor…Cor] dans un mot comme goutte [ɡut]).

Enfin, il faut noter que comme les représentations et contraintes phonologiques définies dans les sections précédentes et les pressions articulatoires discutées dans cette section sont toutes à même d’influencer le parler de l’enfant, on s’attend à rencontrer, au moins dans une partie des données, des phénomènes pouvant être expliqués par l’une ou l’autre, ou par une combinaison de ces influences. L’analyse des données qui sera présentée au chapitre 4 montre effectivement que les contraintes articulatoires et les contraintes phonologiques peuvent interagir.