2.1.2. Fréquence des consonnes réalisées

Dans cette section, je présente la fréquence de réalisation des consonnes cibles dans le parler de Marilyn. En (85), comme c’était le cas pour l’histogramme en (82), les données sont organisées par mode d’articulation : occlusive, fricative, nasale, /l/ et /ʁ/. On constate, grâce cette organisation, que l’acquisition des consonnes est fortement liée à leur mode d’articulation.

(85) Fréquence des consonnes réalisées comme la cible (lissée)

Comme on peut le constater, deux classes naturelles sont déjà acquises avant le début de la période étudiée. Il s’agit des consonnes nasales et de l’approximante latérale /l/. Ces deux classes naturelles oscillent dans la majorité des cas (19 sessions sur 21) entre 90% et 100% de réalisation.

Les occlusives et les fricatives sont en cours d’acquisition pendant cette période. La fricative uvulaire voisée /ʁ/, quant à elle, n’est toujours pas acquise en tête d’attaque de syllabe accentuée à la fin de la période. Comme nous le verrons en section , le /ʁ/ est élidé dans la grande majorité des cas. La situation du /ʁ/ pose un problème d’uniformité car il ne se comporte ni comme la liquide /l/ ni comme les autres fricatives. En théorie, tous les éléments d’une classe naturelle particulière devraient être acquis de façon similaire, tout comme la plupart des processus phonologiques s’appliquent généralement à une classe naturelle dans son entier. L’existence d’une classe naturelle particulière pour cette consonne est d’ailleurs proposée par Wiese (2001).

Comme nous venons de le constater, les occlusives et les fricatives sont les deux seules classes naturelles en cours d’acquisition durant la période étudiée. Cependant, leur acquisition respective ne suit pas la même courbe. Les occlusives présentent une courbe d’acquisition graduelle et dépassent le seuil de 80% de réalisation (83%) à 2;03.12, soit 13 semaines avant les fricatives (2;06.19). L’acquisition des fricatives présente, quant à elle, un saut qualitatif important passant de 15% de réalisation à 85% de réalisation en un mois, ce qui est représenté par une courbe de type logistique ou sigmoïde en (85).

En début de période étudiée, et contrairement au /ʁ/ qui est principalement élidé, les occlusives et les fricatives sont en général la cible de phénomènes de substitutions (on peut noter également que certaines fricatives subissent l’élision ; voir section ). Par contre, comme nous le verrons, les types de substitution affectant ces deux classes naturelles ne sont pas de même nature. Dans le cas des occlusives, la substitution se fait au sein d’une même classe naturelle. Une occlusive cible subissant une substitution aura ainsi uniquement son trait de voisement et/ou de lieu d’articulation modifié et demeurera donc dans la classe des occlusives. Les fricatives présentent, quant à elles, un comportement différent. Dans la majorité des cas où se produit un processus de substitution, elles sont remplacées par l’approximante latérale alvéolaire /l/ dans les formes produites par l’enfant (voir section ).

Dans les sections suivantes, je décrirai, en fonction de chaque classe naturelle, les données générales exposées dans cette section. Dans la prochaine section, j’aborderai cette discussion en me concentrant plus particulièrement sur le comportement des consonnes occlusives dans le parler de Marilyn.