2.2.3. Occlusives réalisées

Dans cette section, je décris la réalisation des occlusives en tête d’attaque de syllabe accentuée tentées par Marilyn. Cette étude permet de savoir à quelle période ces occlusives ont été définitivement acquises. Les données générales sur ce sujet sont présentées dans le graphique (88) ci-après.

(88) Pourcentage de réalisation des occlusives cibles (lissée)

Ce graphique permet d’établir un calendrier d’acquisition des occlusives. On obtient ainsi l’ordre d’acquisition suivant : /k/ » /p/ » /t/ » /d/ » /b/ » /ɡ/.

Deux constations principales peuvent être faites. Premièrement, toutes les occlusives non voisées atteignent le seuil de 80% de réalisation de leur cibles avant que la première occlusive voisée n’atteigne ce seuil. On peut donc subdiviser la classe naturelle des occlusives en deux sous-groupes : celui des occlusives non voisées (/p/, /t/, /k/), acquis en premier, et celui des occlusives voisées (/b/, /d/ /ɡ/), acquis en second. Deuxièmement, on constate à partir du graphique (88) qu’à la fin de la période étudiée seule l’occlusive vélaire voisée /ɡ/ est encore en voie d’acquisition alors que toutes les autres occlusives sont déjà acquises. Dans l’optique d’une acquisition par trait, étant donné que les différents lieux d’articulation des occlusives sont acquis très tôt par Marilyn, on s’attendrait à ce que, une fois le voisement maîtrisé (i.e trait de voisement acquis), toutes les occlusives voisées soient acquises de manière concomitante. /b/ et /d/ le sont, effectivement, quasi simultanément. /ɡ/, quant à lui, est acquis avec quelques mois de retard par rapport à ces derniers.

En résumé, à partir de l’ordre d’acquisition des occlusives établi pour Marilyn, on remarque que, d’une part, /k/ est acquis avant même le début de la période étudiée, et, d’autre part, que /ɡ/ n’est toujours pas acquis à la fin de la période étudiée. À partir de ces deux faits, on peut tirer la conclusion que les deux occlusives vélaires se retrouvent à chacune des extrémités de l’ordre d’acquisition des occlusives. Cette substitution apparaît comme un paradoxe phonologique.

Dans la prochaine partie, j’approfondirai l’étude de ces occlusives par la présentation des données concernant leur substitution. Cette présentation permettra de spécifier davantage la différence de réalisation entre les occlusives voisées et non voisées. En effet, comme on le verra par la suite, les occlusives non voisées en tête d’attaque de syllabe accentuée sont en fait acquises avant même le début de la période étudiée, les substitutions qu’elles subissent étant déterminées par le contexte phonologique dans lequel elles apparaissent.