2.2.4.3. Postériorisation des coronales

Nous avons vu que l’occlusive coronale était substituée par une occlusive dorsale quand cette dernière est également présente dans le mot cible, que celle-ci soit réalisée dans la forme produite par l’enfant (section ) ou non (section ). Il existe également dans les données la possibilité d’une substitution de la coronale par une dorsale même en l’absence d’une dorsale dans le mot cible. Ce processus de postériorisation spontanée des coronales peut se manifester dans diverses positions à l’intérieur du mot. Le tableau (101) ci-après l’exemplifie pour les mots comportant une occlusive coronale en position de tête d’attaque de syllabe accentuée. Ce processus est différent de celui vu en (100) où une occlusive dorsale était présente dans le mot cible.

(101) Exemples de postériorisation des occlusives coronales

Ce processus est cependant optionnel. Seulement 7% des mots possédant une occlusive coronale en tête de syllabe accentuée est postériorisé. Il est également lexicalement instable. Ainsi, on observe l’expression ‘peut-être’ qui est produite soit sous la forme [pøtɛt], c’est-à-dire sans modification de consonne, soit sous la forme [pøkɛk], c’est-à-dire avec postériorisation des coronales. On note également que, comme pour le phénomène de troncation et substitution, les voyelles qui précèdent ou suivent l’occlusive coronale substituée n’influencent pas cette substitution.

Pour résumer, les occlusives peuvent subir des substitutions liées à leur trait d’articulation. Seuls trois patrons articulatoires sont affectés systématiquement quand au moins deux syllabes sont produites : la séquence [Dor…Lab], qui subit une métathèse, et les séquences [Cor…Dor] et [Dor…Cor], qui subissent toutes les deux une harmonie dorsale. Ces deux processus semblent avoir des causes différentes car :

Dans la prochaine section, je présenterai les données concernant les substitutions liées au dévoisement. Comme on le verra, ce processus se maintient beaucoup plus longtemps que les substitutions de lieu d’articulation dans le parler de Marilyn.