2.3.4. Fricatives substituées et élidées

Comme nous l’avons constaté à partir du graphique en (107), l’acquisition des fricatives chez Marilyn peut se diviser en deux parties. La première partie représente la période durant laquelle aucune fricative n’est réalisée comme la cible. La seconde partie constitue, quant à elle, la période où /s/ et /f/ sont acquises ; durant cette seconde période, /v/ approche alors le seuil des 80% de réalisations.

On pourrait s’attendre à ce que le comportement des fricatives dans leur ensemble soit relativement homogène à travers les périodes étudiées : soit elles seraient toutes majoritairement élidées, soit elles seraient toutes majoritairement substituées par le même type de processus, soit, enfin elles seraient toutes réalisées comme la cible. Ce n’est pas le cas ici.

Pour infirmer la supposition d’un comportement homogène des fricatives, les graphiques en (108) et (109) ci-après illustrent, respectivement, les fréquences de réalisation, de substitution et d’élision pour les fricatives labiales et pour les fricatives coronales.

(108) Comportement des fricatives labiales

On constate, pour les fricatives labiales, deux périodes distinctes : une première période où l’élision de ces fricatives est majoritaire et une deuxième période où ces fricatives sont réalisées ou substituées. Leur acquisition se fait sur une courte période, où le pourcentage de réalisation augmente pendant que le pourcentage d’élision diminue conjointement. Le taux de substitution est, quant à lui, variable, mais ne constitue jamais la majorité des observations.

En ce qui concerne les fricatives coronales dont le comportement est illustré (109), il n’y a pas de période d’élision, du moins durant la période étudiée. On peut, malgré tout, également diviser la période étudiée en deux parties : une période où la majorité des fricatives coronales est substituée et une partie où elles sont acquises. Il faut toutefois noter que le calcul a été fait sur le nombre d’occurrences de toutes les fricatives coronales sans distinguer entre les lieux d’articulation à l’intérieur de ce lieu d’articulation majeur (alvéolaire ou post-alvéolaire) ; le nombre important de /s/ tenté comparativement aux autres fricatives coronales estompe le fait qu’elles ne soient pas toujours acquises.

(109) Comportement des fricatives coronales

Comme je viens de l’indiquer, chaque phonème peut avoir un comportement différent à l’intérieur d’un de ces groupes. Pour faciliter la description du comportement de chacun de ces phonèmes, je détaillerai, dans la section suivante, les substitutions et les élisions dans le groupe des fricatives labiales puis je décrirai les substitutions pour le groupe des fricatives coronales.