2.4.2. Les liquides /l/ et /ʁ/ en attaque branchante de syllabe accentuée

Dans cette section, je présente les données concernant les liquides situées en attaque branchante de syllabe accentuée. Après une courte introduction sur le nombre de cibles disponibles dans les enregistrements et la présentation globale de leur comportement, je décrirai, dans un premier temps, le comportement de /l/ dans cette position particulière (ClV). Puis j’enchaînerai avec la description du comportement de la rhotique /ʁ/ dans la même position (CʁV).

Dans le corpus de Marilyn, on retrouve 775 occurrences d’attaques branchantes. En comparant la fréquence des attaques branchantes par type entre la langue adulte et celles tentées par Marilyn, on constate une grande différence. Le rapport présenté dans le tableau (130) ci-après nous indique que pour 10 attaques branchantes comportant /ʁ/, le corpus de Marilyn présente 13 attaques branchantes comportant /l/ (441 /l/ / 334 /ʁ/ = 1,3 = 13 /l/ pour 10 /ʁ/), alors que la langue adulte n’en présentera que 4 (0,4 = 4 /l/ pour 10 /ʁ/).

(130) Fréquences des attaques branchantes cibles ClV et CʁV

Cette prédominance des attaques branchantes du type ClV chez Marilyn est due à la fréquence élevée du mot bleu (formes féminine et plurielle incluses) dans ses productions. En effet, celui-ci représente 139 ClV sur les 441 tentées. De manière générale, il existe une prédominance nette dans le corpus des attaques branchantes du type occlusive labiale + l (PlV) puisqu’elles représentent 286 ClV sur les 441 tentées

Avant de présenter les données sur le comportement du /l/ et du /ʁ/ en attaque branchante, j’indique dans le tableau (131) ci-après ce qui est considéré comme réalisé et ce qui est considéré comme élidé. Ainsi, si la liquide de l’attaque branchante est produite en changeant de position prosodique, passant en tête d’attaque, elle sera malgré tout considérée comme réalisée.

(131) /l/ et /ʁ/ considérées comme réalisées ou élidées en attaque branchante

Comme on peut le constater à partir des deux graphiques en (132) ci-après, l’approximante latérale /l/ semble pratiquement acquise au début de cette étude, bien que sa fréquence de réalisation repasse sous la barre des 80% entre 2;00.12 et 2;01.17. La rhotique /ʁ/, quant à elle, ne commence à émerger qu’à la fin de la période étudiée.

(132) Comportement des liquides /l/ et /ʁ/ en attaque branchante

Cette présentation générale du comportement de chacune de ces liquides cache en réalité une grande diversité de comportements en fonction de la consonne en tête de l’attaque branchante. Dans les deux prochaines sections, j’exemplifierai les comportements de chacune de ces deux liquides selon la consonne en tête d’attaque.