5. Acquisition et fréquence

Comme nous l’avons vu lors de la présentation des données (chapitre 3), durant la première partie de la période d’acquisition étudiée dans ce travail (1.10;17 à 2.2;29), les consonnes tentées par Marilyn semblaient, de manière qualitative, plus liées au lexique de cette enfant durant cette période qu’à la fréquence de ces mêmes consonnes dans la langue adulte. Les deux raisons principales évoquées pour expliquer cette situation sont la petite taille du lexique de l’enfant pendant cette période et le fait que certaines catégories grammaticales très fréquentes dans la langue adulte ne sont toujours pas utilisées par l’enfant comme, par exemple, les pronoms personnels conjoints, Marilyn utilisant principalement des noms ou des déictiques de lieu. À l’inverse, certains mots peu courants dans la langue adulte sont très fréquents dans le parler de Marilyn, comme le mot doudou. Pour confirmer cette observation, je présente dans cette section une série des tests statistiques. À partir de ces tests, je montre que la fréquence des consonnes dans la langue adulte ou la fréquence des consonnes tentées par Marilyn n’ont que peu d’influence sur leur ordre d’acquisition. Cette conclusion est particulièrement claire pour les des occlusives. Pour commencer, nous verrons qu’il n’existe pas de stratégie d’évitement tant au niveau prosodique qu’au niveau segmental.