1.1. La proposition : unité sémantique du discours et unité de signification

Dans une situation de lecture, le sujet apprenant est amené à identifier le contenu des mots écrits, pour ensuite, construire à partir de la signification extraite, une représentation sémantique du texte. Comprendre un texte, c’est construire une représentation mentale de la signification de ce texte. Le modèle de Kintsch et van Dijk (1978), un des premiers modèles à aborder la signification du texte en terme de représentation en mémoire sous forme d’une structure cohérente, met en avant les processus cognitifs complexes qui opèrent en situation de lecture, de manière parallèle et interactive. L’idée est de représenter la signification du texte par l’intermédiaire d’une liste de propositions. Les unités textuelles sont décrites sous la forme de propositions qui sont définies comme les plus petites unités linguistiques, chacune étant composée d’un prédicat spécifiant le contenu de la relation, et un ou des arguments précisant les objets impliqués dans la relation. Le prédicat réfère aux propriétés des "objets" ou exprime une relation entre eux. Ce sont le plus généralement des verbes, des adjectifs, des adverbes, des connecteurs ou des quantificateurs. Les arguments, quant à eux, correspondent à des éléments individuels (agent, objet, instrument) et sont ordonnés selon leur rôle sémantique par rapport au prédicat.

Nous présentons ci-dessous un exemple de décomposition propositionnelle pour l’énoncé

« Le petit professeur fait cours devant la classe » :

Px1 Professeur

Px2 Classe

P1 FAIRE COURS (Px1)

P2 PETIT (Px1)

P3 DEVANT (P1 ; Px2)

Dans cet exemple, «FAIRE COURS», «PETIT» et «DEVANT» réfèrent à des prédicats qui sont rattachés à deux autres éléments «Professeur» et «Classe» qui constituent les arguments.

Une proposition peut également devenir argument d’une autre proposition (voir P3), ce qui permet de représenter la signification de phrases, voir de textes entiers sous la forme de hiérarchies propositionnelles.

La signification textuelle va pouvoir être représentée par un réseau de propositions, organisées par cycle, chaque cycle correspondant à une phrase. Un texte entier peut-être décomposé selon ces propositions et ce type de décomposition porte le nom d’analyse propositionnelle ou prédicative (Kintsch & van Dijk, 1978; Denhière, 1984; LeNy, 1989; Tapiero, 1992).

À travers la mise en place de ces cycles, deux types de processus majeurs interviendraient et se dérouleraient en parallèle, chacun faisant référence au niveau de structuration d’un texte lors de l’activité de compréhension: les microprocessus renvoient à la structure locale, interphrases, appelée microstructure du texte et se distinguent des macroprocessus qui eux renvoient à la structure globale sous jacente au discours, appelée macrostructure.

Ces deux niveaux microstructure et macrostructure constituent la base de texte.