2.2. Mise à jour d’un modèle de situation à travers les processus inférentiels

La construction d’une représentation cohérente suppose la mise en place de différents niveaux de représentation du texte avec des propositions inter-reliées. A cela s’ajoute les différentes connaissances que le sujet a pu acquérir sur le monde. L’intégration de l’information explicite du texte à partir des connaissances sur le monde est conditionnée par la construction des inférences. Si le lecteur n’est pas capable de mettre en place des inférences, alors il aura de la difficulté à comprendre le texte et donc à le rappeler. Les connaissances sur le monde doivent donc être continuellement accessibles durant la lecture pour permettre la construction d’une représentation de la situation décrite par le texte. Cependant, un texte permet différents types d’inférences qui supposent de mettre en place un certain nombre de connexions entre les différentes propositions. La représentation textuelle doit inclure des inférences visant à expliciter les relations spatiales entre les objets, les buts et les motivations des personnages, et les relations causales à propos des événements, des actions (voir Tapiero & Blanc, 2001). La littérature sur les inférences est très riche (Fletcher & Bloom, 1988; Graesser, Singer, & Trabasso, 1994; McKoon & Ratcliff, 1992; van Dijk & Kintsch, 1983; Dopkins, 1996) et de nombreux auteurs en ont proposé une classification (voir Le Bouédec, 1983; Bert-Erboul, 1979; Martins & Le Bouédec, 1998; Campion & Rossi, 1999; van den Broek, 1990, 1994). Les inférences sont nécessaires car elles permettent de connecter les événements entre eux, ce qui suppose que la représentation en mémoire évolue de façon graduelle selon le décours temporel de la lecture. La fonction importante des inférences au niveau propositionnel est de pouvoir mettre en relation des propositions sémantiques non reliées dans la base de texte. Ces inférences assurent la cohérence du texte à la fois localement et globalement. Les inférences relatives au modèle de situation auraient pour fonction d'enrichir ou de compléter la représentation propositionnelle. La production d'inférences dépend des buts du lecteur et des exigences de la tâche. Par exemple, si le lecteur lit un texte avec un objectif précis en tête, il est certain qu'il produira les inférences en relation avec cet objectif. De plus, les informations qui intéressent le lecteur peuvent conduire à la production d'inférences. Si le lecteur tente de comprendre le plus profondément possible le contenu du texte, alors il produira des inférences destinées à assurer la cohérence locale et la cohérence globale du texte.

Deux positions théoriques s'opposent quant aux mécanismes mis en jeu dans la production d'inférences: la position minimaliste (McKoon & Ratcliff, 1992), et la position constructiviste (Graesser, Singer & Trabasso, 1994).

La position minimaliste de McKoon et Ratcliff (1992) suppose que les lecteurs produisent les inférences qui sont nécessaires au maintien de la cohérence locale. Selon la position constructiviste, le lecteur recherche la signification de l’information textuelle lue pour produire les inférences. Il y aurait donc un maintien de la cohérence à la fois localement mais aussi globalement.