2.3.2. Le modèle Landscape (van den Broek, Risden, Fletcher, & Thurlow, 1996)

Le modèle «Landscape» (1996) a la particularité, tout comme le modèle de Kintsch (1988) de montrer que la représentation textuelle évolue au cours de la lecture par un processus de mise à jour avec intervention des connaissances personnelles du lecteur. Dans ce modèle, les connaissances y sont intégrées comme source potentielle qui permet les processus inférentiels. Ce modèle fonctionne sur la mise en place de règles et de production d’inférences pour rendre compte de l’activation de certains concepts au fur et à mesure que le lecteur progresse dans le texte.

Dans ce modèle, 4 sources d’activations de concepts sont possibles.

La première source est véhiculée parle texte lui-même. Vient ensuitele cycle de lecture précédent. Lorsque le lecteur commence un nouveau cycle de traitement, l’information activée dans le cycle précédent est prise en considération. Les concepts qui ont la probabilité la plus importante d'être maintenus actifs sont les informations explicites du cycle précédent. La troisième source d’activation est la représentation épisodique actuelle du texte, et enfin les connaissances antérieures du lecteur qui peuvent être réactivées sur la base de la génération d’inférences.

Le lecteur peut faire référence à ces 4 sources à la fois dès qu’il active des concepts qu’il est amené à rencontrer au cours de la lecture. Cependant, il n’est pas aisé de savoir dans quelles circonstances chacune de ces sources devient accessible pour lui.

Les ressources mnésiques de l’individu étant limitées et l’accès possible à ces 4 sources n’étant pas déterminé, l’activation des éléments textuels va donc se modifier et évoluer tout au long de la lecture. A chaque cycle de lecture, de nouveaux concepts sont activés, certains sont retenus, d’autres deviennent plus accessibles. En considérant l’activation de «pics» et de «creux» pour chaque concept à chaque cycle de lecture, on obtient un paysage d’activations. L’augmentation de l’activation est représentée par le «pic» alors que sa diminution est représentée par un «creux».

La nature de l’activation des concepts est centrale dans ce modèle. Le Landscape modèle admet en effet que des concepts peuvent être activés à différents degrés. Ce point de vue diffère des conceptions classiques selon lesquelles un concept est ou n’est pas activé. Ainsi plusieurs concepts peuvent être réunis dans le centre de l’attention et à différents niveaux.

Le lecteur peut importer des concepts (ou réseau de connaissances) qui ne sont pas mentionnés dans la phrase sur la base des inférences Ceci se produit dans deux circonstances: quand le concept qui doit être importé est en forte association avec le concept présent dans le cycle, et quand le concept fait référence à un objectif précis nécessaire pour la compréhension de la phrase suivante par exemple.

Une particularité du Landscape modèle est que lorsqu’un concept est activé, d’autres concepts qui lui sont reliés dans le réseau de connaissances peuvent l’être aussi. Dans le Landscape modèle, le degré d’activation d’un second concept est fonction du degré d’activation du premier concept, de la force des associations et d’un paramètre général de propagation de l’activation du concept primaire sur le reste de la cohorte. L’évaluation de cette diffusion se fait en utilisant un paramètre compris entre 0 et 1. La valeur 0 signifie que la cohorte n’est pas activée alors que la valeur 1 signifie que l'activation des membres de la cohorte est maximale. Quand la représentation mentale du texte émerge durant la lecture, de nouveaux concepts et de nouvelles associations sont ajoutées et sont formées. Ainsi, la cohorte d’un concept à un endroit du texte diffère de la cohorte à un autre endroit.

De plus, une partie de la cohorte représente le concept lui-même. Ce dernier peut maintenir sa propre activation à travers l’activation de l’ensemble de la cohorte. Son activation dans les cycles suivants va dépendre de son activation et de la force de connexions dans les cycles précédents. Si la force de connexion est suffisante, le concept pourra être maintenu à travers plusieurs cycles de traitement. Si elle est insuffisante, le concept ne pourra pas être maintenu en mémoire. Cette compétition de cohorte engendre alors à chaque cycle de traitement une restructuration et une reconfiguration de la représentation entière.La compréhension de nouvelles informations « met alors à jour » la représentation en mémoire.

Ainsi, dans ce modèle, les connaissances antérieures sont un des facteurs majeurs dans la détermination des vecteurs d’activation qui apparaissent durant la lecture. Plus le lecteur a de connaissances et plus ces connaissances sont interconnectées, plus le lecteur y a accès à travers des processsus comme l’activation de la cohorte. Les connaissances antérieures peuvent affecter non seulement la base de texte mais aussi le modèle de situation.

Le modèle « Landscape » fait ainsi partie de cette génération de modèle qui tente de saisir les processus On-line et Off-line de la représentation.

A l’issue du processus de compréhension, le lecteur est amené à mettre en place une représentation du texte construite sur la base de ce paysage d’activations qui évolue de façon graduelle et dynamique. Lorsque le lecteur se retrouve confronté à de nouvelles informations, il peut mettre à jour sa représentation grâce aux connaissances qu’il possède sur le domaine.