3.1.2. Modèle de Kneepkens et Zwaan (1994)

Kneepkens et Zwann (1994) se sont intéressés aux différents types d’émotions qui peuvent apparaître lors de la lecture et leurs effets sur les différents niveaux de représentation.

Ces auteurs reviennent notamment sur le modèle de van Dijk et Kintsch (1983) qui accorde relativement peu d’importance à l’émotion car il ne donne pas d’explications réelles de la façon dont les émotions sont représentées en mémoire. Il est ainsi nécessaire de s’interroger sur le rôle des émotions dans le processus textuel d’une façon générale. Kneepkens et Zwann (1994) distinguent deux types d’émotions, les émotions fabriquées qui sont directement liées au texte et à la façon dont il a été construit (émotions artéfacts) et les émotions fictives qui appartiennent au monde fictif. Par exemple, quand un sujet lit un texte et qu’il ressent de la peur à la lecture de ce texte, peur apportée et mise en avant par les événements du monde fictif (émotions fictives), il peut transformer cette peur ressentie par une certaine admiration vis à vis de l’auteur qui est capable de faire ressortir cette émotion de peur (émotion artefact).

Ces deux émotions, émotions fictives et émotions artefacts, interviendraient sur la représentation mentale du texte notamment à travers les différents niveaux de représentation.

Les émotions qui affectent la structure de surface du texte sont les émotions «artéfacts». Ces dernières prennent place à partir de la manière dont le texte est élaboré. Elles sont ainsi générées par le style, les déviations syntaxiques et sémantiques.

Elles vont permettre aux individus de se focaliser sur un type particulier d’informations, celles qui sont les plus émouvantes. Pour analyser les émotions qui affectent la base de texte, il convient de se tourner vers les travaux devan Dijk et Kintsch (1983). Bien que ces auteurs n’ont pas fait une distinction claire entre les informations relevant de la sphère émotionnelle et celles relevant de la sphère structurale, certaines recherches ont révélé que les informations fortement connotées émotionnellement ont plus de chances d’être intégrées à la base de texte propositionnelle. De plus, la recherche de Martins en 1982 qui utilise des émotions «artéfacts» a montré que les macropropositions jugées très affectives sont bien rappelées par rapport aux macropropositions à faible connotation affective.

Les émotions fictives, quant à elles, sont représentées au niveau du modèle de situation. Elles sont liées au contenu de l’histoire, plus spécifiquement aux personnages et au déroulement des événements narratifs. Plus le lecteur s’immerge dans les événements et les situations décrites dans l’histoire, plus il possède de l’intérêt vis à vis des actions et des émotions du personnage, plus elles ont de chance d’être mises en place. Elles apparaissent ainsi plutôt en cours de lecture. Ainsi, quand le lecteur est confronté à une histoire, il s’imagine à la place des personnages et partage des expériences émotionnelles similaires. Il active ses propres expériences émotionnelles dans le but de donner une signification particulière à l’histoire. Les émotions fictives contribuent donc à la construction du modèle de situation et indiquent au lecteur ce qui est important, de manière à diriger sa perspective d’approche du texte.