VI.1.6. Publicité pour le cinéma 

Le cinéma est un des grands moyens de communication. Il est un média efficace, parce que le public vient s’asseoir dans une ambiance collective festive et de relaxation. L’attention du spectateur polarisée par l’écran le rend particulièrement perméable à ce qui lui est donné à voir et à entendre. Pour toutes ces raisons, malgré la quotidienneté de la télévision, le public continue à fréquenter la salle de cinéma. Les agences spécialisées et les circuits de distribution s’organisent dans la vie sociale où la promotion des films, en particulier par l’affiche tient une place importante. Voilà les deux affiches de film :

Pas sur la bouche 

La mise en scène de l’affiche du film dénote un moment de l’action : les années trente (le film est une reprise d’une opérette de ces années-là) avec chapeau « années folles », smoking. Les traces de rouges à lèvres sur le visage de l’homme et son air réprobateur, voire méfiant, résument à merveille l’argument du film : un homme pudibond qui refuse d’être embrassé sur la bouche.

Les personnages incarnés par Sabine Azéma et Pierre Arditi ne sont pas directement représentés par desphotos, mais au moyens d'imagesgraphiques très stylisées : le profil du personnage féminin met en valeur sa petite bouche très suggestive, tandis que le personnage masculin représenté de face, jette un coup d’œil en coin vers cette partenaire dont il a l'air de se méfier. Le mot « bouche » relie et sépare à la fois les deux visages. Ici, comme dans le film, c’est la femme qui est active et qui prend l’initiative, contrairement à la conception traditionnelle de la relation amoureuse.

Mieux qu’une photo, la stylisation par le dessin permet d’éclairer partiellement le sens du titre de manière humoristique montrant bien aussi qu’il s’agit d’une comédie. Le lecteur de l’affiche est ainsi incité à aller voir le film pour découvrir la clé du mystère.

2046

« 2046 » projeté en Chine et en France en 2004, a été réalisé par Wang Jiawei (Wong Kar-wai), metteur en scène, scénariste, producteur, de réputation internationale.

Ici l’affiche est directement empruntée au film. Sur un fond de décor infographique et fantastique suggérant une ville moderne, un homme et une femme s’étreignent sous l’empire de la passion amoureuse. En bas de l’affiche on peut lire le titre du film et le nom de son réalisateur.

Les teintes sombres suggèrent les états d’âmes des protagonistes et leurs destins. Les reflets lumineux dans le paysage typiquement chinois font de la ville un lieu de plaisir et de désir. Les tâches rouges symbolisent la passion qui « dévore » les personnages.

Ces deux affiches traitent de la même situation : une relation amoureuse explicitée par la présence des deux partenaires et connotée dans les cas par la couleur rouge qui a alors la même signification en France et en Chine. L’incitation faite au public renvoie selon le pays d’origine du film à des cultures bien différentes. Le cinéma français traite souvent les intrigues amoureuses de manière légère, comique comme le suggère ici la tonalité du dessin. En Revanche, le cinéma chinois privilégie là encore le sérieux, la gravité, voire le tragique de la passion amoureuse comme le suggère l’enlacement désespéré du couple dans la scène du film représenté sur l’affiche.