Au début du XVIIIe siècle à Lyon, le quartier de Saint-Nizier est le cœur commercial de la ville, l’activité sociale se fait autour de l’église. A l’ouest, le quartier est bordé par les quais de Saône qui commencent au pont de Pierre pour se prolonger jusqu’au pont de Bellecour. Les quais sont divisés en trois sections, « La première porte le nom de M. de Villeroi, sous les auspices de qui elle a été construite ; la seconde tient son nom du monastère de Saint-Antoine … et la troisième a reçu le sien des religieux Célestins, qui ont existé vers l’extrémité méridionale du quai » 11 . Les foires des Rois, de Pâques, d’août et de la Toussaint animent le lieu. Tout autour de Saint-Nizier, des percées telles la rue Grenette qui sert de marché aux grains ; la rue Tupin qui tient son nom des tupineis, jeu public des pages et écuyers des seigneurs ; la rue Thomassin dont la plupart des maisons ont été construites par la famille du même nom ; la rue de la Monnaie où l’on frappe toutes les espèces qui ont cours en France. Au centre, la rue Mercière, lieu privilégié des imprimeurs libraires
‘Toute mal percée et mal bâtie qu’est cette rue… elle présente un abrégé de tout son commerce ; il n’est rien qu’on y puisse acheter. Les libraires y sont presque tous réunis ; dans tous les temps l’imprimerie a paru s’y plaire ; Cette rue auroit pu s’appeler la rue des imprimeurs, tant à cause du grand nombre d’artistes en ce genre qui l’on habitée, qu’à cause de la célébrité qu’ils ont acquise.Le monastère de Saint-Antoine occupe un grand espace entre la grande rue Mercière et le quai Saint-Antoine. Tout près de là, les Bachelu 13 sont libraires et relieurs de père en fils, spécialisés dans le commerce des livres religieux 14 .
En 1703, Claude 15 possède une boutique sur la rue Mercière, loue des locaux cossus à M. de La Valette pour quatre cent quatre-vingts livres annuelles, il dispose d’une arrière boutique, d’un magasin qui conduit sur la cour, et de six pièces au second étage 16 . Il gère son commerce probablement avec sa femme Catherine Clément 17 . Le testament 18 de Claude nous apprend qu’ils ont deux fils, François et Laurent 19 . Dans un premier temps, il travaille avec Laurent puisqu’ils co publient, en 1693, l’ouvrage Septem tubae sacerdotales ; sive selecti septem SS. Patrum tractatus J. Chrysostomi, Hieronymi, Prosperi, Gregorii, P. Damiani, Bernardi & P. Blesensis Langue Latin Publication Lugduni, Sumpt. C. & ou Callirhoé, tragédie [par Pierre-Charles Roy], en musique représentée par l'Académie Royale de Musique. Ce dernier achète sa propre affaire, sa sœur Constance 20 occupe alors sa place auprès de leur père.
Guillon, abbé Aimé,Lyon tel qu’il étoit, et tel qu’il est ; ou Tableau historique de sa splendeur passée, suivi de l’histoire pittoresque de ses malheurs et de ses Ruines, par A.G. [Abbé Aimé Guillon], Paris, Desenne, Lyon, Daval, 1797, pp. 46-48
I bid, p. 43
Bachelu s’écrit Bachelus jusqu’en 1695, il apparaît le plus souvent sous la forme sans S, dans les actes notariés à partir de 1702, nous retiendrons l’orthogaphe sans S.
Merland Marie-Anne, Parguez Guy, Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au XVIIe, Baden-Baden, Koerner, 1996, 6 vol.
Annexe 3, vol. 2, p. 16
Louage M. de La Valette, Bachelu, 24/11/1703 – ADR, 3E4671
Annexe 3, vol. 2, p. 32
Testament du sieur Claude Bachelus, 1/3/1712 – ADR, 3E4675
Annexe 3, vol. 2, p. 18
Annexe 3, vol. 2, p. 17