L’exil : son périple à travers les lettres de la STN, Suisse et Pays-Bas. ²¹⁵ .

Dès son arrivée à Lausanne, en mai, il s’installe chez la veuve Guez, apothicaire ²¹⁶ . Sa première préoccupation est de trouver une adresse postale, il choisit celle d’un ami, le libraire Bardin. Puis, il trouve plus prudent de se cacher derrière un nouveau nom, il adopte celui de Jacob. Et enfin, il écrit à la STN afin que celle-ci l’aide à trouver un travail « une maison de librairie ou il peut s’occuper honnêtement et en sûreté sans manger mon argent et trop m’éloigner de ma patrie… pour effectuer des travaux de bibliographie ²¹⁷  » pour « rendre à un galant homme malheureux qui cherche d’ailleurs à vous être utile et pourra peut être à son tour vous rendre service dans votre opération de commerce » ²¹⁸ . Son appel est entendu, un mois plus tard, la STN envoie un correspondant pour faire une proposition à Pierre-Jacques dont nous n’avons pas la teneur ²¹⁹ . Dans le même temps, il propose à la STN d’imprimer un manuscrit en sa possession, dont il a le privilège qui « conviendra parfaitement à votre genre » ²²⁰ . En septembre, Rosset apprend par la STN que son beau-frère se porte bien ²²¹ . Un an après son départ de Lyon, en janvier 1773, Rosset sait que Pierre-Jacques ne reviendra pas s’installer à Lyon, il demande à la STN de faire le solde de son compte ²²² . Nous retrouvons sa trace en Russie en 1774, il a obtenu, sur recommandation de Denis Diderot, la place de bibliothécaire du Corps des cadets nobles de terre qu’il exerce pendant un an. Vers février 1775, congédié, il demande une place, qui lui est refusée, de secrétaire a l’ambassade de France à Saint-Petersbourg. Il s’adresse alors au ministre Durand de Distroff qui lui promet d’appuyer sa demande :

‘de tout son crédit pour me donner une preuve non équivoque de l’estime dont il m’honore, il m’a même offert obligeamment de faire entrevoir a Votre Excellence l’avantage d’avoir auprès d’Elle en arrivant, un homme qui connoitroit déjà les France et les usages du Pays. ’

Il s’empresse de montrer ses qualités et assure qu’il peut se flatter « de [s’être] acquitte en France ce jour de cet emploi [de bibliothécaire au Corps des cadets] a la satisfaction de Monsieur Clerc [l’historien Le Clerc] Directeur des études au même corps, ancien ami de M. Diderot ». Il ajoute :

‘Si mes offres de service pouvoient agreer a Votre Excellence, j’aurois l’honneur de me faire connoitre plus particulièrement a elle par Monsieur Diderot qui est encore en relation avec ma famille, il pourroit rendre compte a Votre Excellence des circonstances qui m’ont amène dans ce pays cy. Je pourrois encore réclamer la protection dont Mr De Malezherbes [Chretien-Guillaume Lamoignon de Malesherbes, ministre, membre de l’Académie des sciences, l’Académie des Inscriptions, l’Académie Française] honora autrefois mon Père, celle de Messieurs Bertin [Henri-Leonard-Jean-Baptiste Bertin, intendant de Lyon, lieutenant général de la police charge du contrôle de l’édition et du commerce du livre] et De la Michodière [La Michodiere Jean-Baptiste de, président du Grand Conseil, conseiller du roi, prévôt des marchands] nos anciens Intendants et l’amitié de M. Bourgelat Inspecteur Général du Haras de France ²²³ .’

Malgré toutes ses démarches, il n’obtient pas d’autres postes en Russie . Contraint de rentrer en France , il ne se risque pas à retourner à Lyon , mais s’installe à Paris rue des Fossés Saint-Germain des Prés , cour du Commerce , rue de l’Ancienne Comédie-Française , près la rue des Cordeliers .