Familles Mandiot – Bonnifat – Merlino

Claude Bonifat 275 est marchand guimpier à Lyon lorsqu’il épouse le 20 juillet 1680, Pierrette Perret 276 , fille de Jean, laboureur à Maclas. De cette union est née, vers 1688, Genette Bonifat. Elle épouse à l’âge de vingt ans, le 31 janvier 1708, Léonard Mandiot (25 ans). Le mariage a lieu dans la paroisse Saint-Paul, ses témoins sont des commerçants ou des artisans 277 . D’après les actes de baptême qui couvrent la période 1709 à 1733, Léonard est d’abord signalé marchand plieur de soie de 1709 à 1718 puis marchand guimpier à partir de 1720. Les Mandiot sont maîtres cloutiers à Saint-Chamond (42) depuis plusieurs générations mais Léonard, le père de Françoise Mandiot, se reconvertit dans le négoce de la soie à l’occasion, sans doute, de son mariage avec Genette Bonifat. Genette, illettrée, meurt à Lyon le 24 février 1755 à l’âge de soixante-sept ans. Elle a eu vingt et un enfants entre 1708 et 1733 278 . Léonard crée avec son fils Claude-Joseph et ses gendres un commerce à l’enseigne « Mandiot père et fils, Merlain Poujols» qu’Antoine Merlino sera chargé de liquider en 1751. Léonard Mandiot est toujours domicilié rue des 4 chapeaux lorsqu’il dicte son testament le 2 mai 1757. Il meurt le 18 mai 1761.

Antoine Merlino 279 , est né et baptisé à Milan le 16 septembre 1704 280 . Les parents de Jean-François-Marie Merlino, Antonio-Francesco-Ippolito et Françoise Mandiot, d’origines géographiques différentes, appartiennent à la bourgeoisie commerçante lyonnaise. Il épouse à vingt-neuf ans, le 18 juillet 1734, à Lyon, une des filles Mandiot, Françoise, elle-même âgée de vingt et un ans. La bénédiction nuptiale est donnée dans la chapelle des pénitents du Confalon, dont Léonard Mandiot son père est agrégé. Antoine est déjà qualifié de marchand dans son contrat de mariage et paraît installé à Lyon. Il ne semble pas disposer de la moindre fortune. Le contrat de mariage ne mentionne aucun apport de ses parents, et son beau-père, Léonard Mandiot, s’engage à offrir aux futurs époux, le gîte et le couvert. Il y a tout lieu de penser que la belle-famille a financé les activités commerciales d’Antoine Merlino en dotant leur fille d’une manière substantielle (huit mille livres d’or et d’argent) puis par des donations en avance d’hoirie de Léonard Mandiot tout d’abord (cinq mille livres) et de Genette Bonifat ensuite, payable à son décès (survenu le 24 février 1755) de cinq mille livres également. Il paraît ainsi établi dans son acte d’inhumation qu’Antoine Merlino a exercé une activité de marchand commissionnaire (acte signé de son beau-frère Benoît Duplain), formule dont il sera qualifié à sa mort le 9 août 1756. Cela ne lui interdit pas de faire du recouvrement pour compte d’autrui. Antoine décède le 29 août 1756, rue Pizay.

A la mort de son mari, Françoise Mandiot reprend le flambeau épaulée par ses fils, elle va constituer une fortune considérable qui va permettre à ses héritiers, sur plusieurs générations, de vivre de leurs rentes. Elle aura tout d’abord à régler une succession difficile, elle est nommée tutrice et curatrice de ses enfants, chargée de la liquidation du commerce du défunt. A ce titre, elle donne procuration le 26 mai 1757 à son fils aîné « pour l’heure à Milan pour recouvrer ce qui est dû au défunt à Milan et ailleurs » ce qui laisse supposer qu’Antoine commerçait également sur Milan ou bien qu’il conservait des biens hérités de sa famille. On note la forte figure de Françoise Mandiot qui, après le revers de fortune de son mari, saura, avec ses enfants, développer une maison de négoce internationale connue sous la raison sociale « veuve d’Antonio Merlino et Fils ».

Banquiers, commerçants, négociants, financiers, teneurs de livres, les Merlino seront tout cela à la fois. Les catégories socio-économiques du XVIIIe étaient moins compartimentées qu’aujourd’hui tout comme les notaires que l’on a vu tout à tour avocats, huissiers, commissaires priseurs experts... Le 11 août 1782, avant midi, Françoise Mandiot fait donation à Charles-François de Giverdy et Claude-Joseph de Boisgrange, tous domiciliés quai Saint-Clair, trente mille livres chacun dont cinq mille payables en 1784 sans intérêt mais garantis par une hypothèque sur ses biens. La veuve Merlino n’est pas en mesure de signer cet acte en raison de sa cécité, le notaire s’est d’ailleurs déplacé à son domicile pour l’établir. A la fin de 1786, Françoise Mandiot organise sa succession.

Notes
275.

Annexe 3, vol. 2, p. 22

276.

Avec pour témoins François Guiman et Jean Cheyles, également marchand guimpier

277.

Benoît Porcheron, marchand plieur de soye, Aimé Chipier, plieur de soye, Horace Edouard, marchand (sans autre précision).

278.

On relève ainsi : 1 Claude (n° 3) et 4 Claudine (N° 4, 8, 16, 21) ; 3 Pierre (N° 6, 7, 13) ; 5 Jean avec un autre prénom : Baptiste (N° 10), Pierre (N° 12), André (N° 14), François (N° 15), Léonard (N° 20).

279.

Annexe 3, vol. 2, p. 46

280.

Il a eu pour parrain Francesco Gorfa et pour marraine Marguerita Negra, tous deux vivant à San Steffano