Marcellin Duplain

Marcellin Duplain entre en scène en 1723, il utilise les mêmes pratiques que son beau père. Il est inquiété pour avoir publié les Anecdotes ou Histoire secrète de la maison ottomane de Madeleine-Angélique Poisson, dame Gabriel de Gomez 601 . Un ou deux particuliers de Lyon demandent à Marcellin de publier un livre curieux. Après avoir effectué les corrections d’usage, avoir rajouté quelques notes en bas de page et augmenté le texte d’un avertissement de douze pages, Marcellin fait imprimer ce roman historique. Cet ouvrage arrive de Hollande, imprimé à Amsterdam par la Compagnie en 1722 (quatre tomes en deux vol. in-12). Rien n’empêche la réimpression en France à condition que le livre ne contienne pas de textes contraires à la religion et aux bonnes mœurs. Le libraire Gosselin de Paris, qui possède le privilège de cet ouvrage, ne l’entend pas ainsi et dépose une plainte contre Marcellin. La justice prend l’affaire en main et recherche Marcellin pour lui demander des comptes. Au moment de son interpellation, il est en fuite ou comme le dit sa femme, « il s’est retiré à la campagne afin de savoir ce que l’on veut de lui ». Elle nie toute implication dans l’affaire, depuis « quinze jours un accident d’une chutte qui ne luy a point permis de descendre dans sa boutique, qu’ainsy elle ne pouvait pas scavoir si son mary avoit fait imprimer le livre ». En réalité, ils ont été dénoncés par Marie Dechaume, la veuve d’André Maulin et sa fille Jeanne, « il y a environ trois semaines que ledit Duplain les a chargés de l’impression », déclarent-elles. Marcellin se voit contraint d’avouer son rôle dans cette affaire et affirme qu’il ne savait pas que Gosselin possédait le privilège. Finalement un accord à l’amiable est conclu entre les deux protagonistes, l’affaire est close 602 . Le livre paraît en 1724 chez M. Duplain, en deux volumes in-12 603 .

Notes
601.

Madeleine-Anglelique Poisson (née 22/11/1684 à Paris), fille des acteurs Paul Poisson et Marie-Angélique Gassaud du Croisy. Mariée à un gentilhomme espagnol Dom Gabriel de Gomez, réputé riche mais en réalité endetté, elle a recours à sa plume pour survivre. Elle meurt le 28/12/1770 à Saint-Germain-en-Laye, lieu de retraite des anciens comédiens.

602.

Procès verbal de recherche de livres/Marcellin Duplain, 8/3/1723 – ADR, BP 3618

603.

Les pièces de cette affaire sont reproduites en Annexe 15, vol. 2, p. 245. Aucune autre affaire n’est parvenue jusqu’à nous.