3.1.3 – Les archives de la STN

Michel Schlup, dans son texte introductif, La Société typographique de Neuchâtel, 1769-1789 ⁷²⁷ trace le parcours des archives de la STN ⁷²⁸ . Considérées pendant longtemps comme perdues, elles sont retrouvées en 1930. C’est à cette date qu’André Bovet, directeur de la bibliothèque de la ville de Neuchâtel, apprend que le banquier genevois Henry Fatio a acheté chez le libraire lausannois Bindtscheldler, des lettres adressées à la STN,. Il sait également que l’ensemble des archives est conservé dans le manoir de la Grande-Rochette, ancienne demeure d’Abram Bosset de Luze, un des directeurs de la STN. Le nouveau propriétaire accepte de céder l’ensemble des archives à la bibliothèque de la ville pour la somme de six mille francs (mars 1932). Seuls les autographes acquis par Fatio lui échappent, ils sont dispersés à la suite de leur mise aux enchères à Paris en mars 1932. Les papiers constituent une source capitale d’informations pour étudier la production et le commerce du livre à la fin de l’Ancien Régime. Un bibliophile passionn, John Jeanprêtre, ancien chimiste cantonal, a classé et catalogué l’immense masse de documents ; Jacques Rychner les a analysés en présentant de manière détaillée la nature, la forme et la fonction des différentes pièces qui les composent dans les archives de la Société typographique de Neuchâtel ⁷²⁹ .

Nous allons présenter sommairement les documents qui correspondent à notre sujet d’étude. Ils se composent d’une collection de près de vingt-cinq mille lettres émanant de correspondants de toute l’Europe : libraires, imprimeurs, papetiers, fabricants de caractères, hommes d’affaires, banquiers, ministres, diplomates, écrivains, artistes… auxquelles s’ajoutent les « copies-lettres » de la Société, réunies dans onze volumes in-folio. Les archives sont complétées par les livres de compte : les « Livres-journaux » qui retracent les activités multiples de l’entreprise et les « Livres de salaire » (ou Banque des ouvriers) où sont relevés, chaque semaine, les différents travaux des compositeurs et des pressiers avec leur salaire. Le Répertoire géographique des correspondants de la STN recense huit cents soixante et onze correspondants français dans cent quatre-vingt trois villes, qui lui ont expédié quelques huit mille huit cent treize lettres ⁷³⁰ . La STN a reçu trois mille six cents trente-quatre lettres de libraires français qui émanent de deux cents soixante-douze individus de cent trois villes. En terme de villes, Lyon et Paris se détachent très nettement. D. Varry dresse le tableau des échanges établis entre Lyon et la STN à partir des lettres ⁷³¹ . Celles-ci représentent un volume de mille deux cents quatre-vingt trois lettres d’une centaine de personnes, dont vingt-six imprimeurs-libraires. D’autres fournisseurs correspondent également, neuf papetiers, trois fondeurs de caractères, quatre fournisseurs divers, seize commissionnaires, onze négociants et deux banquiers. Pour ce qui concerne les libraires, notons que parmi les correspondants ayant travaillé avec la STN, nous retrouvons, outre Joseph et Pierre-Jacques Duplain, les Bruyset, Grabit, Le Roy, Los Rios, Périsse et Rosset, tous associés à la famille Duplain. L’exploitation systématique des archives ne commence qu’au milieu des années 1960 par les recherches de Robert Darnton, professeur à l’université de Princeton et par celles de Jacques Rychner, futur directeur de la Bibliothèque de Neuchâtel où elles sont désormais consultables.