1 – L’Antiquariat, une activité majeure de la librairie à Lyon

Le premier catalogue d’une vente publique de bibliothèques en France fut imprimé par François de Bassompierre en 1646 819 . Cent années vont s’écouler avant que l’on assiste à une vente du même type à Lyon organisée à l’initiative des frères Duplain le 28 février 1740 (première vente connue). Les catalogues de livres produits au moment des ventes sont les pièces maîtresses nécessaires pour dénicher les secrets de ces ventes. Les catalogues sont liés aux bibliophiles, ces hommes passionnés qui se réunissent au sein d’institutions pour s’inspirer des courants littéraires, pour échanger sur les titres nouveaux ou les anciens qui prennent de la valeur, qui se prêtent les livres ou se les procurent chez les libraires, qui aménagent leur appartement afin de stocker et d’avoir à portée de mains leurs précieuses collections. Lyon en a abrité de fameux, le plus connu pour l’époque qui nous intéresse étant Pierre Adamoli (1707-1769) qui commence sa collection de livres et de manuscrits vers 1728 pour former une bibliothèque de six mille volumes. A la mort du propriétaire, les bibliothèques, si elles ne sont pas conservées par la famille, sont offertes à des institutions ou bien se dispersent, et sont vendues le plus souvent par les libraires qui en rédigent les catalogues. Les Duplain, tel leur maître en la matière Gabriel Martin (1679-1761) à Paris (cent quarante catalogues édités) ont mis en vente les plus belles bibliothèques privées de la ville de Lyon et une grande partie des livres doubles de la bibliothèque de la ville.

Les ventes des Duplain entre 1740 et 1771 donnent-elles une vision du monde du commerce du livre lyonnais du XVIIIe siècle ? A quelles occasions se produisent-elles, quels sont les éléments déclencheurs qui incitent les frères Duplain à lancer une vente et à rédiger un catalogue ? Qui sont les vendeurs, les possesseurs de bibliothèques aussi prestigieuses qu’elles nécessitent une vente publique pour pouvoir écouler leurs collections ? Comment vendre des ouvrages qui émanent de plusieurs origines ? Ces ventes n’étaient-elles pas un prétexte pour écouler les stocks d’invendus ? ou pour faire passer les livres séditieux ?

Pour tenter de répondre à ces différentes interrogations, nous avons tout d’abord présenté les sources nécessaires à un tel travail. Puis nous avons dressé un panorama des trente ventes publiques connues des Duplain au fil du XVIIIe siècle pour enfin établir une typologie de celles-ci.

Notes
819.

Sordet Yann, « Le Recours au catalogue de vente de Gabriel Martin à Seymour de Ricci », in Charon Annie, Parinet Elisabeth, Les Ventes de livres et leurs catalogues, XVIIe – XXe siècle, p. 99