3.1 - Joseph-Benoît, un avant gardiste de génie

Les almanachs (annuels puis semestriels) au XVIe siècle sont les ancêtres du journal. Connus sous les noms de gazette, mercure, zeitung, courrier, coranto, ils deviennent hebdomadaires. La monarchie du XVIIe met en place une presse d’état dirigée par elle : une presse politique avec la Gazette, une presse scientifique avec le Journal des Savants et une presse littéraire et mondaine avec le Mercure. La gazette va prendre son sens définitif grâce à Théophraste Renaudot 1166 qui la développe dans le Royaume en s’inspirant des expériences qu’il a observées dans les Provinces-Unies. La Gazette est définie par son fondateur en 1631, comme « le journal des rois et des puissances de la terre ». Les premiers quotidiens apparaissent au XVIIIe siècle. On trouve des journaux du matin, de midi et du soir, mais également des éditions subversives, secrètes. Les deux conditions nécessaires au développement du journal sont l’imprimerie (qui permet à la nouvelle d’atteindre un public plus large et de manière plus régulière) et la poste. A cela rajoutons les circonstances sociales et les progrès de la démocratie 1167 . Le journalisme s’exprime pleinement dans « la liberté » écrit Georges Weill, « il pose et oppose les partis ; il exprime l’âme des foules. Pour les idées, il est un merveilleux instrument de propagande. En face du pouvoir, il dresse une puissance » 1168 .

Joseph va produire trois journaux, les Lettres au comte de B*** (1789) 1169 , le Courrier extraordinaire ou le Premier arrivé (1790) 1170 et le Courrier universel (1792) 1171 . A travers ses feuilles, nous ne retrouvons pas la grande histoire de la Révolution mais un point de vue parmi d’autres. Les révélations de cet homme ont leur place dans l’affaire qui nous intéresse puisqu’elles vont fournir des éléments pour écrire la suite des épisodes précédant la période Révolutionnaire ; ainsi nous avons pu compléter, effectuer des recoupements ou bien éclaircir quelques points obscurs. Ce sont les journaux d’un seul homme qui, bien qu’il ait eu des assistants comme Ange Pitou, ou bien des hommes de paille tel Husson à son service, sera le directeur, l’imprimeur, le reporter, le chroniqueur, le rédacteur en chef de ses feuilles pour lesquelles il exige une maîtrise totale de l’ensemble de la chaîne de production. Pour le lyonnais Emmanuel Vingtrinier :

‘Il alla chercher à Paris un meilleur aliment pour son activité... comme ses compatriotes, Prudhomme et Tournon… Il fut tenté par le journalisme. Dans le profond changement des idées et la complexité des événements, cette carrière offrait d’incomparables ressources à son caractère audacieux et à son esprit entreprenant 1172 .’

Notes
1166.

Médecin protestant qui, après avoir voyagé à l’étranger, s’installe à Loudun. Il fait connaissance du Père Joseph qui l’introduit auprès de Richelieu.

1167.

Weill Georges, Le journal : origines, évolution et rôle de la presse périodique, Paris, Albin Michel, 1934, p. XII

1168.

Ibid, p. XIII

1169.

Annexe 7, vol. 2, p. 189

1170.

Annexe 7, vol. 2, p. 190

1171.

Annexe 7, vol. 2, p. 191

1172.

Vingtrinier Emmanuel, « Le Lyonnais J.B. Duplain : créateur du premier journal d’informations rapides et ses premières messageries de la presse », Salut public, 10/2/1931, 1p.